Open/Close Menu Alain Daniélou Site officiel

ÉDITO

Alain DaniélouLes nombreux abonnements aux numéros 1 et 2 de cette lettre d’information nous encouragent à en poursuivre la diffusion qui se fera semestriellement.
L’année 2004 sera celle du 10è anniversaire de la mort d’Alain Daniélou décédé à Lonay en Suisse le 27 Janvier 1994. Pour cette commémoration, de nombreuses manifestations ont été envisagées dans plusieurs pays (Inde, Espagne, Italie, Allemagne). Vous trouverez dans cette lettre celles qui, actuellement sont dans une phase de réalisation avancée en particulier en Espagne où la très dynamique nouvelle Casa Asia de Barcelone envisage différentes manifestations concernant Tagore et Daniélou durant l’été 2004.
Nous sommes, bien entendu à votre écoute. N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires et suggestions en notant que la seule adresse e-mail maintenant valide est info@alaindanielou.org.
C’est en ce Solstice d’hiver le moment des bilans : l’administration de notre site www.alaindaniélou.org nous informe que celui-ci a été en l’espace d’un an visité par plus de 20000 Internautes ce qui représente, à sites d’importance égale, une belle performance et montre l’intérêt généré par l’oeuvre d’Alain Daniélou.

Avec tous nos voeux de saisons.

ACTUALITÉS

Lumière de l’Inde
Photographies d’Alain Daniélou et Raymond Burnier, 1935-1955″. Cette exposition commencera le 19 janvier à l’Alliance française de Madras par une projection commentée du CD Rom « Alain Daniélou, le Labyrinthe d’une vie ». L’exposition sera programmée dans d’autres Alliances Françaises en Inde.

Concert de Vidhya Shankara (Vina) le 23 Janvier à Madras pour la sortie de l’ouvrage Isain Idirkalam (Avenir de la musique), d’Alain Daniélou en Tamoul.

Casa Asia de Barcelone : Séminaire et expositions concernant Tagore et Daniélou prévus à Barcelone de Juillet à Septembre 2004.
Nous vous rappelons que les archives sonores d’Alain Danièlou ont été lèguées à la Casa Asia.

Constitué de 1950 à 1980, ce considérable fonds comprend de très nombreux enregistrements de musiques traditionnelles. La Casa Asia s’est engagée à les rendre consultables. A cet effet, elle prévoit une politique de numérisation des bandes sonores enregistrées par Alain Daniélou. La Casa Asia annonce aussi que sa Médiathèque portera désormais le nom d’Alain Daniélou.

Manifestation à la Fondation Cini de Venise le 25 Octobre 2004 pour présenter la saisie informatique des 300000 fiches des archives Daniélou avec point de vue de deux scientifiques anglais et hollandais spécialistes de musique indienne. Spectacle de danses du groupe de Raghunath Manet.

Concert commémoratif à Berlin de musique classique indienne dans la salle de la Radio RBB.

Maurice Béjart remonte pour sa compagnie le ballet Bakti basé en grande part sur des enregistrements effectués par Alain Daniélou.
Gala le 22 Décembre 2003 à Lausanne avec des extraits de ce ballet repris en totalité au printemps lors des tournées de la compagnie.

Création théâtrale

Le bonheur du serpent du roi Harsha, pièce indienne du 7e siècle. Le bonheur du serpent du roi Harsha, pièce indienne du 7e siècle.

Traduction et adaptation. du sanscrit : Alain DANIELOU lecture/oratorio par les 9 comédiennes de la Compagnie Nagananda.
Mise en scène : Armelle LEGRAND
« Dans une contrée lointaine de l’Inde, le prince Cavalier-des-Nuages rencontre Fille des Monts, princesse du peuple des Parfaits…  » Les 18 et 19 Janvier 2004 à 20H30
Espace La COMEDIA
2,Impasse Lamier, Paris 11 ème
Réservation : 01 58 39 39 10
, tarif unique : 7 euros.

EN LIBRAIRIE

Viennent de paraître :

Shivaïsme et Tradition Primordiale
Editions Kailash 2004

Shivaïsme et Tradition PrimordialeArticles sélectionnés et présentés par Jean-Louis Gabin. Préfaces de Jean-Louis Gabin.

Les Cahiers du Mleccha sont des recueils d’inédits, d’articles et de conférences prononcées par Alain Daniélou de New-York à Moscou et de Téhéran à Bénarès.

Elles abordent des sujets aussi divers que la musique, l’hindouisme, le yoga, les castes, la tolérance et le fanatisme, l’érotisme, le tantrisme, le monde moderne, les cycles cosmiques, la recherche de la sagesse et du bonheur.

À l’image des Darshana, ces « points de vues » contradictoires qui seuls permettent, selon les hindous, d’approcher sans oeillères la réalité du monde, la réunion de ces textes tour à tour savants et incisifs donne un nouvel éclairage à la pensée du grand indianiste disparu.

 » Les animaux et les plantes sont en quelque sorte la partie apparente d’êtres subtils – esprits, génies et dieux – qui les régissent et les habitent. C’est pourquoi certains animaux, certains arbres, sont considérés comme sacrés ; le respect, l’amour que nous leur portons nous permet d’attirer la bienveillance des génies, des fées qui sont leur jumeau invisible et régissent les aspects du monde naturel. Dans l’homme, le jeu divin a réuni ces deux aspects et, en quelque sorte, l’animal humain a absorbé son double subtil, son ange gardien. C’est pourquoi l’espèce humaine est porteuse d’un double héritage : celui, génétique, de son être physique qui perçoit les formes extérieures et s’en délecte, mais fait aussi partie du décor, et celui, initiatique, de la connaissance.  » Jamais Alain Daniélou n’était allé aussi loin dans ses révélations sur des sujets aussi peu connus que le shivaïsme ésotérique, la personnalité du grand Shankara, le tantrisme, la Troisième nature, la Science des Rêves ou l’initiation.

Jean-Louis Gabin, 2003.

Réimpression du Kama-Sutra, Le Bréviaire de l’AmourRéimpression du Kama-Sutra, Le Bréviaire de l’Amour
Traité d’Erotisme de Vâtsyâyana

Traduction intégrale du texte sanskrit de Vâtsyâyana, du premier commentaire Jayamangalâ de Yashodara et d’une partie du commentaire moderne en hindi de Devadatta Shâstri.

"La Civilisation des différences. Castes, égalitarisme et génocides culturels", 2003Les Cahiers du Mleccha – 2
Kaïlash, Paris-Pondichéry / « La Civilisation des différences. Castes, égalitarisme et génocides culturels », 2003 / Série regroupant des textes inédits, des articles, des textes de conférences d’Alain Daniélou. Edition établie et présentée par Jean-Louis Gabin. Editions du Rocher, Paris 2003.

Utopies Amoureuses, L’Occident et L’Orient
Elena Guicciardi, Alain daniélou et Giancarlo Marmori, Collection « I segni dell uomo »,
Traduction, G. Lambert, Editions Franco Maria Ricci.
ISBN : 88 21 620182

Isain Idirkalam (Avenir de la musique)Isain Idirkalam
(Avenir de la musique). Edition en Tamoul abrégée du « Cahier du mleccha » N° I, Origines et Pouvoirs de la musique, sélection d’articles et de conférences d’Alain Daniélou.
Traduction et postface de S.A.K. Durga, édition et préface de J.L. Gabin. A paraître aux Editions Kailash, Paris-Pondichéry, Janvier 2004.

Réimpression de la version italienne de Mythes et Dieux de l’Inde sous son titre : – Miti e Dei dell’India, mille Volti del Pantheon Induista.
Collana “Uomini e Dèi” di antropologia e religione diretta da Francesco Paolo Campione
Introduzione di Grazia Marchiano
Traduzione e Redazione di Verena Hefti
Rizzoli Editore 2003.

History of India
Kama, Sofia, 2004. Traduction en bulgare de l’ouvrage primé par l’Académie Française.

À PARAÎTRE

A paraître dans les prochains mois :

Les Cahiers du Mleccha – 4
Kaïlash, Paris-Pondichéry /  » Le Message de l’hindouisme », 2004, Série regroupant des textes inédits, des articles, des textes de conférences d’Alain Daniélou. Edition établie et présentée par Jean-Louis Gabin.

Le Kâma Sûtra
Pro, Bucarest, 2004 / Première traduction en roumain de l’édition du Kâma Sûtra établie par Alain Daniélou.

Dix-huit poèmes chantés
Michel de Maule, Paris, 2004 / Textes bengalis et mélodies de Rabindranath Tagore. Transcription, traduction et réalisation pour voix et piano par Alain Daniélou. Edition double : version française, version anglaise. Préface de G. David.

ZOOM SUR

10 EME ANNIVERSAIRE DE SA MORT

ALAIN DANIELOU, Un baladin initié et érudit.
Le Monde – 29 janvier 1994.

Alain Daniélou, écrivain, musicologue, spécialiste de l’Inde, est mort le jeudi 27 janvier 1994 à Lonay, en Suisse. Il était âgé de quatre-vingt-six ans.

Alain DaniélouL’annonce de la mort d’Alain Daniélou a sans doute surpris tous ceux qui l’avaient approché ces dernières années. Ayant largement dépassé le cap des quatre-vingts ans – il était né le 4 octobre 1907 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de- Seine), il confiait pourtant avec une insolente insouciance: « Quand j’entends parler de gens qui sont octogénaires, je me dis : « Oh ! mon dieu, voilà d’affreux vieillards! » Il est vrai qu’à le voir déplacer sa silhouette d’adolescent on ne pouvait que se persuader du peu d’emprise de l’âge sur lui. Il semblait ignorer les lois de la destinée commune, comme il avait toujours ignoré les contraintes sociales, le rails idéologiques ou les fantasmagories religieuses. « Le temps n’est qu’une illusion, une apparente succession de moments au cours d’un voyage que font les êtres dans l’éternel présent », écrivait-il en ouverture de son autobiographie (1).

En fait, la vie d’Alain Daniélou, si pleine de recherches érudites et de compositions savantes, aura bien été cet incessant voyage d’agrément où place était joyeusement accordée aux plaisirs et à l’aventure. En cela il fut un être dérangeant, un de ceux qu’aucune fonction ne définit, qu’aucun travail ne résume, qu’aucun bilan ne saurait classer. D’ailleurs, Daniélou était inclassable. En dépit d’une oeuvre immense d’indianiste, de musicologue, de traducteur, d’écrivain, il n’ambitionna rien, ne s’attacha à rien, ne quémanda ni reconnaissance ni sinécure.

Avec un père anticlérical, ministre d’Aristide Briand, une mère fondatrice d’un ordre religieux et un frère aîné qui finit cardinal, Alain Daniélou réussit assez vite à échapper à tout déterminisme. Il n’aimait pas son milieu d’origine, lui préférant la danse, la peinture, la musique. Dans le Paris des années 30, il se lie à Cocteau, Diaghilev, Max Jacob, Maurice Sachs, puis il part pour un tour du monde Afrique du Nord, Proche-Orient, Chine, Japon, États-Unis.

Partout il pose son regard aimable comme si rien ne devait le retenir. C’est l’Inde qui impose les deux rencontres décisives. Celle d’un homme : Rabindranath Tagore; celle d’une ville: Bénarès. Daniélou restera de 1937 à 1958 dans ce pays qui allait l’éveiller à lui-même. Il étudiera dans les écoles traditionnelles le sanscrit, la philosophie, la musique, adoptera la religion hindoue, sera régulièrement initié et participera même au mouvement d’indépendance comme conseiller d’un parti traditionaliste. Les livres qui naîtront de cette totale immersion dans la culture et la spiritualité hindoues sont désormais d’irremplaçables viatiques pour qui veut tenter l’expérience de l’Inde.
Rentré en Europe en 1958, Alain Daniélou se donnera pour tâche de faire découvrir les traditions musicales des pays d’Orient en organisant des concerts, en publiant des collections de disques sous l’égide de l’UNESCO, en créant, à Berlin et à Venise, deux titres d’études comparatives de la musique. Cette action, qu’il allait mener dans des conditions parfois difficiles, eut une influence considérable: non seulement elle permit la redécouverte de la musique d’art asiatique en Occident, mais elle assura aussi, par effet de retour, la prise en considération et la préservation de ces musiques traditionnelles sur leur propre territoire.
A ceux qui lui reprochaient son peu d’intérêt pour les vicissitudes du monde et son choix résolu en faveur d’une organisation sociale plus proche des temps védiques que d’aujourd’hui, Alain Daniélou affirmait que c’était «au nom de la sauvegarde d’un art de vivre: le sacré». Et il ajoutait, avec cette désinvolture qui alliait connaissance et provocation sereine: «On peut me reprocher une bonne dose d’inconscience ou, si l’on est gentil, une sorte d’innocence. Je suis en effet passé à travers les révolutions et les guerres sans me soucier beaucoup. J’étais attaché à d’autres tâches: comprendre les rites hindous, en recevoir les initiations, sauver et diffuser les musiques traditionnelles le plus souvent ignorées et méprisées dans leur pays d’origine.
« Alors, que tous les peuples anciennement colonisés subissent actuellement une colonisation culturelle et technique sans précédent, il n’était peut-être pas vain d’aider à la renaissance de leur expression artistique et philosophique. Mais, pour être franc, j’ai tenu ce rôle sans le vouloir. Je suivais mon instinct, ma fantaisie, mon plaisir.»

ANDRÉ VELTER
(1) Le Chemin du labyrinthe (Editions du Rocher, 1993)

GALERIE

Alain Daniélou, Venise, Aquarelle,  L’île San Giorgio, Fondation Cini.Alain Daniélou,
Venise,
Aquarelle,

L’île San Giorgio,
Fondation Cini.

PORTRAIT

Voici un extrait de l’ouvrage « La Vie de qui ? » de Maurice Béjart racontant sa rencontre avec Alain Daniélou.

Un autre de mes amis s’appelle Alain Daniélou. C’est à Berlin que je l’ai rencontré pour la première fois, dans les années soixante, je crois, pendant une tournée des Ballets du XXe siècle. Un soir après un spectacle, nous étions invités chez Nabokov (l’autre, le musicien, pas le père de Lolita). Alain Daniélou : un oeil de fer de lance, un sourire de vieux Méphisto, l’intelligence au carré. On parle musique, bien sûr, musique indienne. Il m’étonne. Il sait tout, mais pas de façon livresque. J’apprends qu’il a commencé par la danse. La musique est venue après (mais elle était là avant: ah! les pianos de nos enfances!).
Il joue de la vina, il lit le sanscrit (et le traduit merveilleusement) et surtout, il a vécu pendant de longues années la vie quotidienne de Bénarès, au point de devenir pareil aux habitants de cette ville. (Moi, petit touriste, c’est en quelques jours qu’il m’a fallu découvrir la ville de Shiva.)

J’ai revu Daniélou à Venise où il dirigeait le centre de la Fondation Cini. Je l’ai revu à Paris dans son appartement du parc Montsouris, et surtout à Zagarolo, sa vraie maison, dans les collines de Frascati, où le sage indien se métamorphose de temps en temps en faune romain ou en philosophe de l’école d’Alexandrie. J’ai passé dix ou douze jours à Zagarolo, juste après ma première opération de la hanche. Je m’en souviens bien, je me servais encore d’une béquille. Là-bas, Daniélou possédait des vignes. Il avait son vin.
Il avait un côté brahmane. Il détestait Gandhi (d’ailleurs Gandhi a été assassiné par un brahmane). Il n’aimait pas le côté protestant puritain anglo-saxon de Gandhi. Il condamnait aussi le puritanisme musulman.
J’ai tiré le plus grand profit de ses livres, Le Polythéisme Hindou, L’Érotisme divinisé, Les Quatre Sens de la vie . Un des thèmes sous-jacent de ces ouvrages est la réincarnation.
J’en ai souvent parlé avec Alain Daniélou, et il se mettait à sourire. Il avait un sourire naïf et pur comme celui d’un enfant, mais en même temps son sourire était méphistophélique. Je dirais même: méphystophallique ! Je crois que le jeu de mots lui aurait plu. Il portait en pendentif un petit phallus d’or, copie ou original d’un talisman romain, et il a publié à la fin de sa vie un ouvrage très documenté sur le culte du phallus dans diverses civilisations. Je revois Alain Daniélou : il avait la bouche d’Érasme. Il ressemblait à Érasme peint de profil par Holbein, avec cet air de dire: “Attention, vous ne m’aurez pas, et j’en sais plus long que je n’en laisse paraître.”
Il avait une tête de Méphisto. J’aime Méphisto – mon rôle préféré, celui que j’ai interprété enfant, avec des costumes qu’on m’avait loués, et disant à ma petite soeur : “Toi, tu seras Faust.” Dans mon souvenir, Daniélou est la joie, la légèreté, l’humour chers à Nietzsche. Danseur, je le vois en Zarathoustra : “Élevez vos coeurs, mes frères, et n’oubliez pas les jambes, levez aussi les jambes!” Passer un jour avec lui, c’était apprendre la jeunesse. Il est mort à Lausanne en 1994.

La vie de qui? / Mémoires 2 Maurice Béjart, Flammarion, 1996 (Pages 169 à 172 et 110 )
Photo J.E. Cloarec.

CD-ROM – Alain Daniélou – Le labyrinthe d’une vie
Réalisation Xavier Bellenger – Production Centre Alain Daniélou, Rome, Italie, 2002.

Peinture, dessin, photos, danse, chant, piano, vina, études musicologiques, indiennes, mythologie, religion, histoire, société, Alain Daniélou s’est intéressé à tant de domaines qu’il est difficile de les approcher tous et surtout de les réunir. Voici qui vient d’être fait par Xavier Bellenger qui a su présenter dans ce CD Rom l’oeuvre multiforme de cet artiste-philosophe inclassable, amoureux de la beauté, inlassable curieux du mystère de la création.