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ÉDITO

Alain DaniélouDeux évènements que nous vous avions annoncés dans notre précédente lettre d’informations, ont vu le jour. D’une part la grande exposition Tagore et Daniélou réalisée à la Casa Asia de Barcelone dont le vernissage a eu lieu en Juillet et qui restera en place jusqu’au 20 Octobre, d’autre part l’exposition de photos Lumières de l’Inde à la librairie Itinéraires, inaugurée par Son Excellence Monsieur Dilip LAHIRI, ambassadeur de l’Inde à Paris fin Juin qui restera en place jusqu’à fin septembre avant de se transporter à la librairie la Mandragore de Châlon-en-Champagne. Un double de cette même exposition continue ses pérégrinations dans les alliances françaises de l’Inde.

Le côté virtuel de l’exposition de Barcelone la rend particulièrement intéressante, :elle demande aux visiteurs une participation active car il n’y a ni photos ni documents. Ils doivent soit manipuler des souris d’ordinateur pour consulter des CD Rom sur grands écrans, soit prendre des écouteurs pour entendre les nombreuses musiques enregistrées, soit zapper sur des télécommandes pour obtenir les oeuvres projetées sur écrans.

Nous ne nous arrêtons pas à ces deux évènements, l’automne propose de nouvelles activités. Tout d’abord un séminaire à la Fondation Cini de Venise pour présenter la numérisation d’un ensemble de 350 000 fiches réalisé par Alain Daniélou et un groupe de pandits à l’Université de Bénarès dans les années 1940/1950. Sont aussi prévus la publication du livre de partitions de dix-huit chansons de Rabindranath Tagore traduites en anglais et en français par Alain Daniélou qui a aussi réalisé un accompagnement pour piano, la publication d’un catalogue contenant une présentation de toutes les oeuvres d’Alain Daniélou , une brochure pour commémorer le dixième anniversaire de sa mort et enfin le quatrième cahier du Mleccha consacré à l’Hindouisme.

Bonne lecture et Bonne équinoxe d’Automne.

ACTUALITÉS

Manifestation à la Fondation Cini de Venise “Hommage à Alain Daniélou“ le 25 Octobre 2004 pour présenter la saisie informatique des 250 000 fiches des archives Daniélou avec un point de vue de deux musicologues anglais et hollandais spécialistes de musique indienne.
En soirée, à 20h30, spectacle « Pondichéry », par le danseur Ragunath Manet et son groupe.

Lumières de l’Inde
Photographies d’Alain daniélou et Raymond Burnier
Prolongation de l’exposition à La Librairie Itinéraires jusqu’au 25 septembre 2004.
Librairie Itinéraires, 60 rue Saint honoré Paris 1er.
Métro Chateletles Halles, Tél : 01 42 36 12 63

L’Inde traditionnelleL’exposition est directement liée à l’ouvrage L’inde traditionnelle, ouvrage paru chez Fayard en 2001 comportant une quarantaine de photographies noir et blanc. C’est un voyage dans l’espace et dans le temps que nous proposent ces photos, retraçant les pérégrinations en Inde d’Alain Daniélou et de Raymond Burnier. Le temps est double ici, car nous sommes plongés dans l’Inde des années 30 à 5O, mais surtout, les voyageurs nous invitent à remonter aux l’origines, celles de l’Inde, ou celle de l’humanité. En Inde, les époques ne s’effacent pas, mais se superposent, comme l’écrit Jean-Louis Gabin dans la préface du livre.

C’est ce dont témoignent les photographies en noir et blanc prises tantôt au Leica (par Burnier), tantôt au Roleiflex (par Daniélou) et qui leur donne, peut-être cette impression d’immanence et de plénitude. Non seulement la photographie, mais aussi la danse, la musique, l’architecture, la sculpture, ou la beauté des corps sont présents. Au gré des clichés, on peut découvrir un temple, une courtisane, une maison en bois sculpté de l’Himalaya, un joueur de flûte, un Sadhou, ces moines errants de village en village, le corps nu grisé de cendres. Autant de domaines divers, mais qui chacun à leur manière sont une illustration de la beauté de ce monde que Daniélou et Burnier ont su capter.

Cette même exposition, Lumières de l’Inde, a commencée le 19 janvier 2004 à l’Alliance française de Madras par une projection commentée du CD Rom « Alain Daniélou, le Labyrinthe d’une vie ». L’exposition est programmée dans d’autres Alliances Françaises en Inde. Itinéraire de cette exposition :
En septembre à New-Delhi, en octobre à Chandigarh, en novembre à Ahmedabad, en décembre à Bhopal, en janvier 2005 à Bangalore et en février 2005 à Madras-Dakshinachitra.

Il Giro del Mondo nel 1936Casa Asia de Barcelone : L’exposition interactive concernant Tagore et Daniélou prévus à Barcelone de Juillet à Septembre 2004 se prolongue également jusqu’au 20 octobre 2004. Nous vous rappelons que les archives sonores d’Alain Danièlou ont été lèguées à la Casa Asia.

Constitué de 1950 à 1980, ce considérable fonds comprend de très nombreux enregistrements de musiques traditionnelles. La Casa Asia s’est engagée à les rendre consultables. A cet effet, elle prévoit une politique de numérisation des bandes sonores enregistrées par Alain Daniélou. La Casa Asia annonce aussi que sa Médiathèque portera désormais le nom d’Alain Daniélou.
Casa Asia

À PARAÎTRE

A paraître dans les prochains mois

Dix-huit poèmes chantés
Editions Michel de Maule, Paris / Textes bengalis et mélodies de Rabindranath Tagore. Transcription, traduction et réalisation pour voix et piano par Alain Daniélou. Edition double : version française, version anglaise. Préface de G. David.

Les Cahiers du Mleccha – 4
APPROCHE DE L’HINDOUISME
Cette Approche de l’hindouisme qui paraît dix ans après la mort d’Alain Daniélou rassemble des précisions qu’il était important de rappeler aujourd’hui sur la tolérance et l’incroyable richesse de l’hindouisme traditionnel où, « dès l’origine, des lettrés, des philosophes, des savants se sont penchés sans préjugés sur l’énigme de l’univers et de l’homme, ont cherché à comprendre, à savoir, non point à croire et à prêcher ». Dans l’hindouisme tel que l’approche Daniélou à travers ses arts, ses sciences, ses yogas, ses conceptions de la mort, de l’amour, de la vie sociale ou des drogues, la coexistence des contraires est toujours « ce en quoi réside le divin ». Ainsi s’explique que l’Occidental voyageant en Inde reste si rarement insensible au rapport à la fois simple et détendu, révérant et courtois, que les Hindous entretiennent avec les dieux, les fleurs, les parfums, les animaux décorés dans les temples, la musique, la beauté des rites, des statues et des cérémonies. Et ce qui frappe, c’est qu’il ne semble pas s’agir d’un phénomène de « croyance », avec ce que cette notion comporte de volontarisme sentimental, d’aveuglement de l’esprit critique, mais d’un état de sympathie spontanée, cosmique, d’un bain heureux dans une harmonie naturelle que nous avons perdu.
Kaïlash, Paris-Pondichéry /  » Le Message de l’hindouisme », 2004, Série regroupant des textes inédits, des articles, des textes de conférences d’Alain Daniélou. Edition établie et présentée par Jean-Louis Gabin.

Le Kâma Sûtra
Pro, Bucarest, 2004 / Première traduction en roumain de l’édition du Kâma Sûtra établie par Alain Daniélou.

Shiva et Dionysos
Editions Kama, Sofia, 2004. Traduction bulgare.

COLLECTION

LES CAHIERS DU MLECCHA
collection dirigée et présentée par Jean-Louis Gabin.

Recueils d’inédits, d’articles et de conférences prononcées par Alain Daniélou de New York à Moscou et de Téhéran à Bénarès. Ils abordent des sujets aussi divers que la musique, l’hindouisme, le yoga, les castes, la tolérance et le fanatisme, l’érotisme, le tantrisme, le monde moderne, les cycles cosmiques, la recherche de la sagesse et du bonheur. A l’image des darshana, ces points de vue contradictoires qui seuls permettent, selon les Hindous, d’approcher sans œillères la réalité du monde, la réunion de ces textes tour à tour savants et incisifs donne un nouvel éclairage à la pensée du grand indianiste disparu.

Ouvrages parus :
Origines et Pouvoirs de la musique.
La Civilisation des différences.
Shivaïsme et Tradition primordiale.

A paraître :
Approche de l’hindouisme.

En préparation :
Le Corps est le temple de Dieu
Echanges avec René Guénon
Musiques du monde
Langage, Symboles et Relations interculturelles
Théâtre, Danse et Arts de l’Inde
L’Universalité de la Gita
Mélanges

EN LIBRAIRIE

Viennent de paraître

Shivaïsme et Tradition Primordiale
Editions Kailash Mars 2004.
Articles édités et préfacés par Jean-Louis Gabin.

Shivaïsme et Tradition Primordiale
« Les animaux et les plantes sont en quelque sorte la partie apparente d’êtres subtils –esprits, génies et dieux- qui les régissent et les habitent. C’est pourquoi certains arbres, sont considérés comme sacrés ; le respect, l’amour que nous leur portons nous permet d’attirer la bienveillance des génies, des fées, qui sont leur jumeau invisible et régissent les aspects du monde naturel. Dans le dualisme des esprits subtils et des animaux, les fonctions de perception et de connaissance sont séparées. Dans l’homme, le jeu divin a réuni ces deux aspects et, d’une certaine manière, l’animal humain a absorbé son double subtil, son ange gardien. C’est pourquoi l’espèce humaine est porteuse d’un double héritage : celui, génétique, de son être physique qui perçoit les formes extérieures et s’en délecte, mais fait aussi partie du décor, et celui, initiatique, de la connaissance. » Alain Daniélou.
Est-ce parce qu’il s’adresse à des publics particuliers, étudiants à Marseille ou Grand Orient de France ? Jamais Daniélou n’était allé aussi loin dans ses révélations sur des sujets aussi peu connus que le shivaïsme ésotérique, la personnalité du grand Shankara, le tantrisme, la troisième nature, la Science des rêves ou l’initiation.

Histoire de l’IndeHistoire de l’Inde
Kama, Sofia, 2004. Traduction en bulgare de l’ouvrage primé par l’Académie Française.

Utopies Amoureuses, L’Occident et L’Orient
Elena Guicciardi, Alain Daniélou et Giancarlo Marmori, Collection « I segni dell’ uomo »,
Traduction, G. Lambert, Editions Franco Maria Ricci.
ISBN : 88 21 620182.

Isain IdirkalamIsain Idirkalam (Avenir de la musique)
Edition en Tamoul abrégée du « Cahier du mleccha » N° I, Origines et Pouvoirs de la musique, sélection d’articles et de conférences d’Alain Daniélou.
Traduction et postface de S.A.K. Durga, édition et préface de J.L. Gabin. A paraître aux Editions Kailash, Paris-Pondichéry, Janvier 2004.

ZOOM SUR

DANS LES ARCHIVES ET SUR LE WEB

Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université de Paris le 14 Juin 1960
Cher Monsieur, Je vous remercie vivement de m’avoir fait adresser votre livre sur le Polythéisme hindou. C’est un ouvrage extrêmement pénétrant où l’on rencontre des idées et des interprétations auxquelles la lecture commune des documents écrits ne peut suffire à nous mener. Il y fallait ce contact prolongé que vous avez eu avec des lettrés indiens et votre extraordinaire sentiment du contexte religieux . Il y a beaucoup de citations de textes peu connus voire inédits.

Louis Renou, indianiste de renom.

L’art érotique hindou
Les Kâma-Soûtra, aphorismes sur l’amour, constituent un des textes majeurs de l’hindouisme médiéval. Loin d’être un recueil polisson que les pères prévoyants cachent à leurs enfants trop curieux et que ceux-ci découvrent derrière les oeuvres complètes de Kierkegaard, le texte perpétue dans les nouvelles formes de sociétés qui se font jour à l’époque post-védique le devoir d’amour que soulignaient déjà les textes védiques. Alors que l’on connaît, en France particulièrement, une abondante littérature érotique, on constatera combien cet ouvrage est loin d’une littérature salace pimentée d’exotisme. Il faut le lire, notamment dans la traduction d’Alain Daniélou, débarrassé des miniatures mogholes ou des peintures hindouistes des XVII-XIXe siècles dont malheureusement on l’accompagne pour attirer le chaland. Indépendamment de sa valeur documentaire, le texte est bien écrit et bien pensé. Il n’a pas pour autant de vocation poétique ; la poésie d’amour est autre (cf. § 22) et s’adresse à d’autres sentiments. En tout cas, rien de tel que ce chef-d’oeuvre pour se faire une idée juste de l’Inde et éviter les poncifs misérabiliste, moraliste et spirituel où trop souvent on l’enferme.
Article sur l’art érotique hindou, site internet : www.clio.fr

Michel Angot, Docteur en Indologie.

EXTRAIT

Catalogue de l’oeuvre d’Alain Daniélou
On peut dire d’Alain Daniélou qu’il est un précurseur dont l’oeuvre préfigure les questions centrales que rencontre actuellement la société occidentale. Ecrivain multiforme, Alain Daniélou a abordé des domaines très divers tels que la danse, la musique, l’architecture, les questions d’histoire, de société, de religion…

Ces domaines font l’objet des chapitres de ce catalogue. Il est constitué d’une présentation de chacun des ouvrages majeurs de l’auteur ainsi que d’introductions thématiques. Destiné aux libraires, éditeurs, aux instituts culturels, musées… ce catalogue verra le jour à la fin du mois de septembre. Il est également destiné à accompagner l’exposition des photographies de L’Inde traditionnelle, qui tourne en France dans différentes librairies ; un catalogue est offert aux premiers acheteurs d’un livre de Daniélou dans la librairie où se situe l’exposition. Le catalogue présente également une bibliographie complète dans les différentes langues dans laquelle Daniélou est traduit.
Vous pouvez également vous procurer ce catalogue au prix de 10 euros en écrivant un mail à cette adresse : info@alaindanielou.org

Les Quatre Sens de la vie
Les Quatre Sens de la vie, les structures sociales de l’Inde traditionnelle.
Les castes en Inde et l’art de vivre hindou
Librairie académique Perrin, 1963 ; nelle édition modifiée, Éditions Buchet-Chastel, 1976, 1984 ; Éditions du Rocher, 1992, 2000.

La réalisation de soi passe chez les Hindous par quatre chemins que tout homme doit emprunter à un moment donné de sa vie. Ces quatre sens sont l’acquisition de connaissances, la réalisation de soi sur le plan physique, la réalisation au plan matériel et enfin, le détachement. Cette réalisation au plan individuel ne peut être envisagée hors des structures sociales.

Dans une première partie, Daniélou expose le système des castes et ses origines. Lors de l’invasion des Aryens, il existait alors en Inde un peuple de religion et de philosophie shivaïte. Comment conserver une certaine stabilité entre les aryens et les populations déjà existantes ? Le système des castes permit d’éviter un mélange néfaste, de préserver la différence, d’établir une société organisée assurant à chacun un gagne pain, le droit de maintenir ses croyances, le droit d’avoir ses propres institutions sociales. Daniélou évoque ensuite la création d’une langue artificielle, idéale, parfaite, savante : la langue sanscrite, langue de personne et de tous, permettant de communiquer entre les différents groupes.

Dans le deuxième chapitre Daniélou expose les bases de l’ordre social : il explique tout d’abord comment l’histoire et le mouvement de l’univers sont conçus de manière cyclique. Deux interrogations sur la vision du monde sont à retenir de ce chapitre : l’univers n’est pas fait de matière continue, mais de rapports de force énergétiques, régis par deux forces – centrifuge et centripète, déterminant les mouvements des planètes, des astres et des atomes.

Cette perception de l’univers, fondé sur la discontinuité et la géométrie non-euclidienne, rappelle la perception du monde exprimée par le courant postmoderne. Daniélou explique ensuite les différents cycles de l’humanité ; nous retiendrons le rôle des premiers êtres sur terre, pendant l’Âge d’Or, le Satya Yuga. Ces êtres appelés les « très voyants » avaient le pouvoir de déceler les vérités des lois qui régissent le monde et rappellent les druides des Celtes, auxquels on attribue également des pouvoirs de connaissance exceptionnels, et qui sont appelés également « voyants ».

Plus que dans toute oeuvre encore, Les Quatre sens de la vie sont un éloge du respect et de la diversité :

Un tel effort de nivellement, du point de vue hindou est l’expression d’une tendance au suicide de l’espèce, car l’intensité de la vie est basée sur l’amplitude de différences, et le nivellement est, dans tous les ordres des choses, le symbole de la mort.

Cet ouvrage est aussi un excellent guide, qui nous propose des règles de vie et de conduite du point de vue hindou, mais qui rejoint aussi les préoccupations de l’homme occidental d’aujourd’hui.

Ce livre nous présente l’institution des castes et les conceptions souvent très modernes d’une société archaïque dont les structures, les modes de vie, les croyances et la morale ont pu survivre malgré les guerres, les invasions, les réformes et le progrès, Bulletin du livre, juillet 1976.

Alain Daniélou « Bou Saada » Aquarelle, 1928

GALERIE

Alain Daniélou
« Bou Saada »
Aquarelle,
1928

CD-ROM

Alain Daniélou – Le labyrinthe d’une vie
Réalisation Xavier Bellenger – Production Centre Alain Daniélou, Rome, Italie, 2002.
Version français-anglais Mac/PC, au prix de 20 € frais de port inclus.
En vente chez Kaïlash, 69 rue Saint Jacques, 75006 Pariset à la librairie Itinéraires, 60, rue Saint-Honoré, 75001 Paris.

Alain Daniélou - Le labyrinthe d'une viePeinture, dessin, photos, danse, chant, piano, vina, études musicologiques, indiennes, mythologie, religion, histoire, société, Alain Daniélou s’est intéressé à tant de domaines qu’il est difficile de les approcher tous et surtout de les réunir. Voici qui vient d’être fait par Xavier Bellenger qui a su présenter dans ce CD Rom l’oeuvre multiforme de cet artiste-philosophe inclassable, amoureux de la beauté, inlassable curieux du mystère de la création.

MUSIQUE

Extrait d’un article concernant Michel Geiss, en rapport à son travail sur le Sémantic qu’Alain Daniélou avait commencé à imaginer et conceptualiser à partir du début des années 1960.

SémanticCe que nous décrit Michel maintenant est tout à fait sidérant. Où s’arrêtera la technologie ? « Alain Daniélou était un musicologue qui avait fait des études sur les rapports de hauteur de notes. A la suite de ses recherches sur la musique indienne, il a fait réaliser un instrument de musique électronique, le S52, pour mettre en application ses concepts. Il a voulu aller plus loin, avec un instrument ayant plus de possibilités sonores. Je lui ai donc proposé des idées et une technique de clavier qui pourrait convenir à ce type d’instrument. Le résultat de mes entretiens avec lui, c’est le Sémantic, instrument à micro-tonalités qui comporte 36 notes par octave au lieu de 12 (l’octave tempérée habituelle), donc 3 notes possibles par demi-ton au lieu d’une seule. Il y a une note centrale, une note légèrement plus haute et une moins haute. Cela permet au musicien de jouer sur des intervalles qui expriment des sentiments différents, selon le choix des notes. Ces sentiments ont été décrits très précisément par Alain Daniélou. En jouant telle et telle note ensemble, ça donne tel sentiment, de joie, de tristesse ou d’érotisme, etc…

Normalement, pour y parvenir, notre culture musicale occidentale se repose uniquement sur les choix d’harmonie en mineur ou en majeur, de même que sur la rythmique (une musique très rythmique dégage en principe plus d’optimisme que de tristesse, alors qu’un tempo lent contribue à plus d’introversion ou à une certaine tristesse). Dans l’échelle de tonalités d’Alain Daniélou, la variété de sentiments que peut exprimer la musique se base beaucoup sur les rapports de notes, qui donnent des sensations très différentes. Pour résumer brièvement, parce qu’il y aurait beaucoup à dire à ce sujet, Alain Daniélou a estimé que notre cerveau peut seulement analyser et admettre des rapports de fréquences basés sur les nombres 2, 3, ou 5, ou leurs multiples, comme par exemple 16/12. En revanche 7 ou 11, par exemple, ne sont pas très assimilables par le cerveau. De très nombreuses notes d’une échelle musicale complète s’obtiennent par ce principe. Alain Daniélou a écrit un livre à ce sujet tout à fait fascinant, La Sémantique Musicale (Ed Hermann), où il décrit la perception du cerveau comme la vision inconsciente de formes géométriques qu’il analyse avec plus ou moins de facilité. En fait, sa théorie est basée sur cette perception simple des rapports de notes.

Par exemple, si entre une note et une autre il y a un rapport de 3 sur 2 en fréquence, on sait que le cerveau peut l’analyser d’une certaine façon. Quand on est proche de ce rapport 3 sur 2, mais toujours en utilisant à l’intérieur de la fraction uniquement les chiffres 2, 3 ou 5, on arrive à avoir des rapports très proches, mais pas forcément exactement les mêmes. Exemple : entre deux notes dont la fréquence est déterminée l’une par le rapport 16/9 et l’autre par 9/5, la différence de hauteur est très faible, mais les deux notes sont utiles dans la gamme de Daniélou. Dans ce dernier exemple, en prenant comme référence un La à 440 Hz, la première note serait à 440 Hz x 16/9 = 782.22 Hz, et la deuxième serait à 440 Hz x 9/5 = 792 Hz. On a ici un écart de 1.3 % entre les 2 notes. Si l’une ou l’autre sont jouées avec un La à 440 Hz, on va avoir une sensation différente, même avec des intervalles si proches ; d’où le principe d’un instrument basé sur ces constatations. A noter que dans la gamme tempérée habituelle, entre une note et le demi-ton adjacent, l’écart est de 5.9 %. Les hauteurs du Sémantic, cet instrument qui a été conçu sur mon idée à partir des principes énoncés par Daniélou, sont basées sur ces rapport de fréquences simples.

Ce qui est passionnant dans ce concept, c’est que j’y vois la notion d’une certaine universalité de la perception de l’être humain… Qu’on ait une culture indienne, africaine, européenne, américaine, etc, cette théorie tend à prouver que la façon de percevoir les intervalles musicaux contient une part d’universalité. Ca procède d’une certaine logique quelque part. Tous les êtres humains ont cinq doigts aux mains, deux yeux… on aurait donc des bases de perception identiques.

Le Sémantic existe sous forme de prototype. Son système de génération de sons comprend un K2000R Kurzweil parce qu’il était plus utilisable que d’autres avec un tel concept. Sans être absolument idéal pour cette utilisation, le Sémantic constitue une base de travail, que des musiciens peuvent utiliser. Considérant la richesse d’expression de ce type de gamme, on pourrait rêver de sons plus riches, différents de ceux du K2000R, disons plus adaptés. Mais il s’agit déjà d’une grande évolution par rapport aux tentatives précédentes, notamment celle du S52, où les sons étaient vraiment trop simples et peu musicaux. »

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