Open/Close Menu Alain Daniélou Site officiel

ÉDITO

Alain DaniélouBonne Equinoxe de printemps.

L’année commémorative du dixième anniversaire de la mort d’Alain Daniélou a été particulièrement riche d’évènements et de publications pour la diffusion de son oeuvre. Elle s’est terminée par la sortie de 3 livres et de 2 catalogues :

Les poèmes chantés de Tagore, Texte Bengalis, Traductions française et anglaise et adaptation pour voix et piano par Alain Daniélou aux Editions Michel de Maule.

Approche de l’Hindouisme : 4è cahier du Mleccha sous la direction de Jean-Louis Gabin, Editions Kailash.

La via del Labirinto, l’autobiographie d’Alain Daniélou publiée en Italien par les éditions Casadeilibri, Padoue.

– Le catalogue des oeuvres d’Alain Daniélou.

– Le catalogue en Espagnol et Catalan réalisé par la Casa Asia de Barcelone à l’occasion de l’exposition Daniélou/Tagore.

Ayant été empêché d’activités durant ces derniers mois, je voudrais vivement remercier les personnes et institutions qui ont pris charges des diverses manifestations et publications.
Monsieur Julien Bassouls qui nous a prêté ses locaux pour présenter le Semantic
Monsieur Christian Braut pour son aide précieuse dans toutes les questions informatiques
Madame Marie-Laure Bruker pour la réalisation du catalogue conjointement à Anne Prunet
Monsieur Lorenzo Casadei éditeur de « La Via del Labirinto »
Madame Elisabeth de Condappa, directrice des éditions Kailash pour la belle édition du quatrième cahier du Mleccha
Madame Georgette David pour sa préface concernant le poète dans le livre Poèmes chantés de Tagore
Monsieur Thierry de la Croix, directeur des éditions Michel de Maule pour le soin apporté à l’édition des poèmes chantés de Tagore.
Monsieur Ion de la Riva, Directeur de la Casa Asia pour l’organisation de la grande exposition Daniélou- Tagore à Barcelone.

Madame Laura Francolini traductrice des oeuvres d’Alain Daniélou en Italien
Monsieur Jean-Louis Gabin pour la préface et la réalisation du quatrième volume des Cahiers du Mleccha qui suscitent un grand intérêt
Madame Rossanna Gatteschi pour son remarquable article en Italien dans la revue India de l’Ambassade de l’Inde à Rome, dans lequel elle a su relevé avec subtilité la complexité et l’importance de l’oeuvre d’Alain Daniélou
Madame Menene Gras-Balaguer de la Casa Asia commissaire de l’exposition Daniélou/Tagore et réalisatrice du superbe et volumineux catalogue
Monsieur Simon Hamelin et Mme Anne Prunet pour leur préparation de l’exposition « Lumières de l’Inde »
Monsieur Kenneth Hurry traducteur des oeuvres d’Alain Daniélou en Anglais
Monsieur Raghunath Manet et son ensemble de musique et de danse pour le spectacle donné à la Fondation Cini
Monsieur Alain Perrottet et la Radio Suisse Romande pour leur série d’émissions concernant Alain Daniélou.
Madame Louise Tschabuschnig et l’Atelier Glück de Milan pour l’organisation de la soirée « Danser le labyrinthe », hommage à Alain Daniélou
L’Institut Venezia et l’Orient et l’Institut Interculturel de Musiques Comparées pour la journée commémorative Alain Daniélou à la Fondation Cini.
Les Librairies Itinéraires de Paris et La Mandragore de Chalon-sur-Saône pour nous avoir permis de réaliser l’exposition « Lumières de l’Inde »
Les nombreuses Alliances françaises de l’Inde qui ont présenté cette même exposition à travers tout le pays.

Et sans oublier mes collaborateurs :
Sylvain Dumont et Giorgio Pace
Pour leur aide constante et efficace

Jacques E. Cloarec, Centre Daniélou

ACTUALITÉS

Le coup de coeur de la FNAC Montparnasse : – Rabindranath Tagore – Poèmes chantés
Présentés, traduits et adaptés par Alain Daniélou, Préface de Georgette David, Editions Michel de Maule, Paris, Janvier 2005.

Rabindranath Tagore disait souvent que ses chansons survivraient au Bengale longtemps après que son nom et ses écrits seraient oubliés.

Il est difficile de croire que l’oeuvre littéraire du grand poète bengali pourrait l’être un jour. Car si ses livres sont considérés comme des  » classiques « , c’est-à-dire comme appartenant au passé, ses mélodies, chantées par tous dans toutes les régions du Bengale, restent d’une actualité toujours présente. Au cours du XIXe siècle, la musique classique indienne avait développé au Bengale des techniques extrêmement raffinées qui nécessitaient des exécutants très spécialisés et des audiences d’amateurs éclairés. Tagore inventa un nouveau langage musical qui, tout en conservant les traits essentiels de la musique savante de l’Inde, sut mettre son rare pouvoir d’expression à la portée de tous. Tagore était toujours profondément ému par le spectacle de la vie ; ses chansons, par leurs mélodies simples et vigoureuses, ont donné une voix, une expression aux sentiments de millions de femmes et d’hommes de sa patrie. On entend encore ces chants partout : dans les riches maisons des villes, dans les rizières isolées, sur les rivières ou dans les cabanes de pêcheurs, dans les ruelles des villages comme dans les amphithéâtres des universités. Leur vibrant message ne connaît pas les différences de religion, de race, de caste ou d’âge. En quelques années, la musique de Tagore a conquis tout le Bengale et rythme de ses chants la vie quotidienne. Aujourd’hui, l’Inde hindoue et le Bangla Desh musulman ont chacun choisi une mélodie Tagore comme hymne national.

Les Cahiers du Mleccha – Vol IV
APPROCHE DE L’HINDOUISME

Les Cahiers du Mleccha – Vol IVCette Approche de l’hindouisme rassemble des précisions qu’il était important de rappeler aujourd’hui sur la tolérance et l’incroyable richesse de l’hindouisme traditionnel où, « dès l’origine, des lettrés, des philosophes, des savants se sont penchés sans préjugés sur l’énigme de l’univers et de l’homme, ont cherché à comprendre, à savoir, non point à croire et à prêcher ». Dans l’hindouisme tel que l’approche Daniélou à travers ses arts, ses sciences, ses yogas, ses conceptions de la mort, de l’amour, de la vie sociale ou des drogues, la coexistence des contraires est toujours « ce en quoi réside le divin ». Ainsi s’explique que l’Occidental voyageant en Inde reste si rarement insensible au rapport à la fois simple et détendu, révérant et courtois, que les Hindous entretiennent avec les dieux, les fleurs, les parfums, les animaux décorés dans les temples, la musique, la beauté des rites, des statues et des cérémonies. Ce qui frappe, c’est qu’il ne semble pas s’agir d’un phénomène de « croyance », avec ce que cette notion comporte de volontarisme sentimental, d’aveuglement de l’esprit critique, mais d’un état de sympathie spontanée, cosmique, d’un bain heureux dans une harmonie naturelle que nous avons perdu.

Si l’on cherche ce qui a préservé la société hindoue, ce qui lui a permis de s’adapter à travers les siècles, d’assimiler ce qui lui était étranger, il faut bien admettre un fort attachement des populations à une société traditionnelle qui respectait les différentes coutumes, privilèges, particularismes associés et coordonnées, certes suivant une hiérarchie, mais une hiérarchie extérieure, qui laissait libre l’être de lumière auquel nul n’interdisait de suivre tel ou tel chemin, telle ou telle méthode, tel ou tel « dieu ». On verra que l’étonnant article publié dans Le Monde en 1974 sous le titre « Hindouisme Hippie » remet dans leur juste perspective la question des drogues qui est l’un des problèmes de l’Occident ; et l’étude consacrée à « L’Inde face au XXI ème siècle » fournit nombre de renseignements historiques de première main non seulement sur l’origine des problèmes sociaux et politiques de ce pays, mais aussi sur les contributions que sa sagesse, si on pouvait l’entendre, pourrait apporter à l’ensemble de l’humanité.
L’aspect de l’hindouisme sur lequel Daniélou insiste enfin, c’est ce respect écologique lié à la conscience, à l’évidence faudrait-il dire, de l’unité de la création. L’Hindouisme est certainement la tradition la moins anthropocentriste au monde. L’homme n’y a jamais été considéré comme le propriétaire du monde manifesté. Chaque dieu est associé au moins à un animal et à une plante : l’un reflète l’autre, le représente, lui correspond dans l’échelle du crée. Aujourd’hui que l’hindouisme est si volontiers présenté comme un nouveau fanatisme, certaines mises au point s’imposaient à l’éditeur. On les trouvera réunies en postface plutôt qu’en préalable à cette approche de l’hindouisme dans laquelle certains trouveront peut-être des indications pour leur propre réalisation : les arts traditionnels, la musique, le symbolisme, l’érotisme, la philosophie, la métaphysique sont autant de voies, autant d’approches, autant de manières d’épanouir sa vraie nature, de « devenir »ce que l’on est .

Kaïlash, Paris-Pondichéry /  » Le Message de l’hindouisme », 2004, Série regroupant des textes inédits, des articles, des textes de conférences d’Alain Daniélou. Édition établie et présentée par Jean-Louis Gabin.

La Via del Labirinto, Ricordi d’Oriente e d’Occidente, Casadeilibri, Padova.
L’autobiographie d’Alain Daniélou enfin publiée en italien, après les parutions françaises aux éditions du Rocher et américaines aux éditions new-yorkaises « New Directions »

Alain Daniélou se considérait bien plus Indien que Français et dans une de ses dernières interviews déclarait « l’Inde est ma vraie patrie ». Cependant ce grand voyageur était un citoyen du monde et le lecteur italien le retrouvera aussi aux Etats-Unis, en Allemagne et surtout longuement en Italie puisque c’est dans ce pays qu’il aimait profondément qu’il passera les dernières années de sa vie en partie à Venise, en partie dans la campagne romaine.

EXPOSITIONS

– Partie de l’exposition « Lumières de l’Inde » sera présentée à l’Atelier Glück, 45 Via Glück à Milano, du 11 au 17 avril 2005. Commissaire : Louise Tschabuschnig.
L’autre partie sera exposée à la Fnac de Milan du 6 au 30 Avril 2005. Commissaire : Kamel Benhamou.

– L’allocution « Alain Daniélou, portrait d’un précurseur »et la présentation de « La Via del Labirinto » sont prévues le 10 avril à 13h00 au Forum di Assago, dans le contexte du World Yoga Forum 2005 de Milan. Avec le professeur Roberto Perinu et Louise Tschabuschnig.

– Une allocution concernant Alain Daniélou est prévue dans le contexte du Festival de l’Inde (8 au 17 avril 2005 à Milan)2005 réalisée avec la collaboration d’Anne Prunet. (Le Yoga dans l’oeuvre d’Alain Daniélou).

COLLECTION

LES CAHIERS DU MLECCHA
Collection dirigée et présentée par Jean-Louis Gabin.

Recueils d’inédits, d’articles et de conférences prononcées par Alain Daniélou de New York à Moscou et de Téhéran à Bénarès. Ils abordent des sujets aussi divers que la musique, l’hindouisme, le yoga, les castes, la tolérance et le fanatisme, l’érotisme, le tantrisme, le monde moderne, les cycles cosmiques, la recherche de la sagesse et du bonheur. A l’image des darshana, ces points de vue contradictoires qui seuls permettent, selon les Hindous, d’approcher sans oeillères la réalité du monde, la réunion de ces textes tour à tour savants et incisifs donne un nouvel éclairage à la pensée du grand indianiste disparu.

Ouvrages parus :
Origines et Pouvoirs de la musique.
La Civilisation des différences.
Shivaïsme et Tradition primordiale.
Approche de l’hindouisme

À paraître (Décembre 2005) :
Kama-Yoga, le corps est un temple

En préparation :
Échanges avec René Guénon
Musiques du monde
L’Universalité de la Gita
Théâtre, Danse et Arts de l’Inde
Langage, Symboles et Relations interculturelles
Mélanges

ZOOM SUR

Discours de M. Henri Sauguet (23/3/1985)

Remise des Insignes du grade d’Officier de L’Ordre National du Mérite

En me demandant de vous remettre aujourd’hui les insignes du grade d’officier de 1 ‘Ordre NationaI du Mérite que vient de vous décerner le Gouvernement de la République Française, vous avez eu, Cher Alain, le souci que ce soit un de vos plus anciens amis à qui vous confiiez cet honneur. Nous nous connaissons en effet depuis… plus de cinquante ans, c’était hier, à l’hôtel Nollet où nous vivions, vous et moi sous l’oeil malicieux, amical, affectueux du peintre poète Max Jacob, qui a fait du lieu une page d’histoire.
Vous étiez danseur alors, et vous dansiez parfois sur mes improvisations pianistiques. Et nous vivions, vous et moi, parmi de jeunes artistes qui sont tous devenus célèbres aujourd’hui, et ont fait le Siècle dont nous avons été la jeunesse.
À quel moment avez-vous reçu l’appel du monde hindou qui est devenu votre patrie élue, à laquelle vous avez consacré et votre vie et vos travaux, qui font de vous un des plus authentiques, des plus savants, des plus rayonnants propagateurs ? Je me souviens qu’un jour vous êtes parti à la rencontre de Rabindranath Tagore, qui devait avoir sur vous une si grande et si profonde influence. Et vous avez quitté Paris et vos amis, qui se réunissaient si souvent dans votre atelier de la rue Montsouris (que vous nommiez la Montsouricière) pour répondre à l’appel d’un monde fabuleux, que nous connaissions peu et mal, et dont vous nous avez révélé la fascinante beauté. La musique, tout d’abord, que vous avez approchée de si près qu’elle vous est devenue familière, et sur laquelle vous avez écrit des livres qui nous ont fait comprendre et ressentir la fluctuante, subtile et raffinée grandeur. La sculpture ensuite, monde foisonnant de visages, de formes, d’attitudes, de sensualité divine, puisqu’elle ne se manifeste que sur et autour des temples. Et toute cette antique civilisation perpétuée dont vous savez transmettre la secrète dignité.

De tout cela, évidemment, on ne peut pas ne pas reconnaître le mérite, n’est-ce pas ? Et c’est ce mérite-là qui vient aujourd’hui vous désigner aux yeux et aux oreilles de tous ceux qui ont la curiosité des ailleurs qui enrichissent l’esprit et viennent au secours de notre monde occidental par leur spiritualité, leur détachement terrestre, leur irréalité substantielle.
Il nous apprend surtout à ne pas compter les jours avec les jours, à abolir le temps qui passe et nous dépasse si nous nous référons à lui pour vivre et penser. Il y a dans la musique, dans la monumentalité hindoue une grande lumière d’éternité : c’est elle qui rend si lumineux vos travaux et votre vie, Cher Alain, qui savez être unique parce que vous êtes un être libre en choisissant cette patrie dont la musique reste le langage des Dieux.

H. Sauguet

– La journée organisée à la Fondation Cini de Venise par l’Institut Venise et l’Orient en collaboration avec l’Institut Interculturel des Etudes Musicales Comparées pour commémorer le dixième anniversaire de sa mort a été l’occasion de diverses manifestations suivies par un public qui s’était déplacé parfois de fort loin pour y assister. Elle comprenait la présentation par Alfredo Cadonna, Jean-Louis Gabin, Giovanni Giuriati et Wim van der Meer de l’énorme fichier-archive musico-indologique d’Alain Daniélou dont la Fondation Cini poursuit la numérisation. Une vidéo réalisée par Anne-Marie Masquin concernant le spectacle organisé à Paris pour ses 4 fois vingt ans fut projetée et la journée s’est terminée par le spectacle fort apprécié de Raghunath Manet et de sa troupe qui est devenu une des troupes internationales de danse indienne les plus connues.

Hommage à Alain DaniélouLes manifestations organisées à Milan en Novembre 2004 par l’Atelier Gluck avec la collaboration du Centre Culturel Français de Milan et du Cours académique d’Indologie du Conservatoire de Vicenza ont rencontré un grand succès de public. D’une part, la présentation très suivie à la Fnac milanaise le 24 Novembre était faite par Giuliano Boccali, Sylvano Bussotti, Louise Tschabuschnig et Jacques Cloarec.

Spectacle en hommage à Alain Daniélou intitulé « Danser le Labyrinthe »Suivait le lendemain le spectacle en hommage à Alain Daniélou intitulé « Danser le Labyrinthe » à l’Atelier Glück, interprété par Louise Tschabuschnig, Gianfelice D’Accolti qui a signé la mise en scène et la danseuse indienne Chitrangee Uppamah : spectacle de théâtre et de danse classique indienne qui reprenait des épisodes d’un texte tamoul traduit par Alain Daniélou : le Shilappadikaram. Spectacle intense fort apprécié qui fut suivi d’un buffet indien très convivial.

GALERIE

Alain Daniélou « Portrait » Huile sur toile, Afghanistan, 1932.Alain Daniélou
« Portrait »
Huile sur toile,
Afghanistan,
1932.

EXTRAIT

Catalogue de l’oeuvre d’Alain Daniélou
Par Anne Prunet et Marie-Laure Bruker.

On peut dire d’Alain Daniélou qu’il est un précurseur dont l’oeuvre préfigure les questions centrales que rencontre actuellement la société occidentale. Ecrivain multiforme, Alain Daniélou a abordé des domaines très divers tels que la danse, la musique, l’architecture, les questions d’histoire, de société, de religion… Ces domaines font l’objet des chapitres de ce catalogue. Il est constitué d’une présentation de chacun des ouvrages majeurs de l’auteur ainsi que d’introductions thématiques. Destiné aux libraires, éditeurs, aux instituts culturels, musées… ce catalogue verra le jour à la fin du mois de septembre. Il est également destiné à accompagner l’exposition des photographies de L’Inde traditionnelle, qui tourne en France dans différentes librairies ; un catalogue est offert aux premiers acheteurs d’un livre de Daniélou dans la librairie où se situe l’exposition. Le catalogue présente également une bibliographie complète dans les différentes langues dans laquelle Daniélou est traduit.
Vous pouvez vous procurer ce catalogue au prix de 10 euros en écrivant un mail à cette adresse : info@alaindanielou.org

Shiva et Dionysos, la Religion de la Nature et de l’Éros
Éditions Fayard, coll. « Documents spirituels », 1979, 1985 ; Le Grand Livre du Mois, 1999.

Shiva comme Dionysos sont garants des valeurs qui ont pour trait commun de s’inscrire hors ou contre les lois de la cité : le nomadisme, le dépouillement, la remise en cause des structures sociales, de la hiérarchie. Amis des pauvres, des artistes, des vagabonds, ils attirent la méfiance voire la défiance des représentants de l’ordre. À travers ces deux figures dont les ressemblances sont indéniables, Daniélou explore non seulement le domaine de la religion, mais aussi – et ceci est inévitable dès qu’on se penche sur l’hindouisme – les domaines sociétaire, culturel, historique et artistique.
En s’appuyant sur des sources dont la provenance extrêmement variée fait la richesse, il démontre comment le shivaïsme a marqué les civilisations asiatiques et européennes, jusqu’en Extrême Occident, depuis l’Age de Fer, bien mal nommé d’ailleurs puisque la majorité des créations artistiques se faisaient à partir de matériaux périssables comme le bois, et dont les traces sont extrêmement rares.

C’est pour cette raison que la marque du shivaïsme n’est pas flagrante et qu’il faut se placer du point de vue des sources hindoues et non seulement européennes, pour appréhender ce phénomène. Témoignages des auteurs antiques, monuments (les mégalithes, par exemple), Upanishad et Purâna, ces textes sanskrits qui consignent les enseignements du shivaïsme, auteurs contemporains aussi bien anglo-saxons qu’indiens ou français, représentent un matériau dans lequel l’auteur puise pour nous exposer cette filiation entre les différentes civilisations.

Cet essai va à l’encontre d’un second préjugé : celui qui fait de l’hindouisme une société rigide et figée, celle des castes, hiérarchisées et ordonnées. Ceci est sans compter la présence déterminante du shivaïsme, antérieur à l’hindouisme. Daniélou explique qu’en Inde, depuis la colonisation des Aryens, coexistent deux tendances parfaitement opposées : le védisme, de tradition écrite, fondée sur les Védas, qui structure la société et qui représente la sédentarité et l’ordre, et le shivaïsme, antérieur aux Aryens, de tradition orale.

Enfin, cet essai, en présentant ce qu’est le shivaïsme, apporte un éclairage sur cette zone au-delà du réel, éternelle préoccupation des hommes. Religion au sens premier du terme, le shivaïsme recherche les liens tissés entre les différentes sphères de l’existence, cherche à comprendre le monde par toutes les voies d’investigations, scientifique, intellectuelle, artistique. De fait, il est frappant de constater combien l’enjeu de création littéraire ou artistique est proche de celui du shivaïsme : une « participation active à une expérience qui dépasse et dérange l’ordonnance de la vie matérielle »1 Ainsi, il est troublant de lire dans le Rig Véda2 une description du compagnon de Shiva, « aux longs cheveux, vêtu de vent», de lire l’explication de l’initiation shivaïte que nous donne Daniélou : « L’initiation est la transmission réelle d’une Shakti, d’un pouvoir, transmission qui prend la forme d’une illumination »3. On ne peut s’empêcher de penser à Rimbaud, ce poète nomade et hors la loi, auteur des Illuminations et « homme aux semelles de vent ».

Shiva et Dionysos « n’est pas un essai d’histoire des religions »4. C’est sur cette négation que s’ouvre le livre, c’est bien plus un texte multiforme, comme la totalité de l’oeuvre de son auteur, un essai sur les origines : des peuplements, des civilisations, des structures sociales, des langues et de la création.

Un livre admirable, très nourri, inspiré. Avec des aperçus prophétiques sur la danse sacrée, le tantrisme, le Kali- Yuga. Un livre comme il n’en paraît pas un par an. Arnold Walstein, Astres, 1980.

CD-ROM

Alain Daniélou – Le labyrinthe d’une vie
Réalisation Xavier Bellenger – Production Centre Alain Daniélou, Rome, Italie, 2002.
Version français-anglais Mac/PC, au prix de 20 € frais de port inclus.
En vente chez Kaïlash, 69 rue Saint Jacques, 75006 Paris.

Peinture, dessin, photos, danse, chant, piano, vina, études musicologiques, indiennes, mythologie, religion, histoire, société, Alain Daniélou s’est intéressé à tant de domaines qu’il est difficile de les approcher tous et surtout de les réunir. Voici qui vient d’être fait par Xavier Bellenger qui a su présenter dans ce CD Rom l’oeuvre multiforme de cet artiste-philosophe inclassable, amoureux de la beauté, inlassable curieux du mystère de la création.

MUSIQUE

Le Semantic

Le Semantic

Le Semantic, l’instrument de musique microtonal est visible à l’association LIFELIVE. Contacter M. Julien Bassouls Tel 01 43 72 27 28 et lifelive@wanadoo.fr

Une présentation de l’instrument, de sa conception et de ses possibilités par leurs concepteurs Michel Geiss et Christian Braut est prévue dans la deuxième quinzaine de juin 2005 à l’association Lifelive. Pour plus d’information contacter Lifelive.

Développé sur une idée d’Alain Daniélou et à sa demande, accordé conformément à sa théorie, le Sémantic est un instrument de musique électronique conçu par Michel Geiss, Christian Braut et Philippe Monsire. Il fait suite à une précédente réalisation, le S52, créé par Claude Cellier et André Kudelski. Le S52 était un instrument destiné à vérifier la théorie, mais difficilement utilisable par le musicien, surtout sur le plan de l’ergonomie.

Le Sémantic se veut un instrument de musique à part entière. Pour simplifier le jeu, il a été décidé par Alain Daniélou de n’utiliser que 36 des 53 notes de la gamme, les autres notes étant selon lui moins essentielles.

Le Sémantic se présente sous forme d’un instrument « prêt à jouer », totalement autonome, facilement accessible au musicien et au compositeur.

Il se compose d’un générateur de son K2000 R Kurzweil et de deux claviers à boutons Midy 20 Cavagnolo. Un système d’amplification avec enceintes intégrées permettra au Sémantic d’être autonome. Il offrira une vingtaine de sons différents (dont les spectres seront déterminés de façon à mettre en valeur la théorie d’Alain Daniélou). Pour rendre le jeu du musicien plus vivant, on disposera d’un clavier sensible à la « vélocité » du jeu (vitesse d’enfoncement des touches), ainsi qu’à l' »aftertouch » (variations de pression exercées sur les touches déjà enfoncées). De plus, des pédales d’expression de sustain, des potentiomètres permettront d’influer sur l’attaque et le relâchement des enveloppes d’amplitude, sur le contenu harmonique, etc.

Le K2000 R a été choisi, entre autres raisons, pour sa possibilité d’accorder chaque note au cent près. En d’autres termes, la hauteur d’une note programmée sur cet instrument s’écartera, dans le pire des cas, d’un demi-cent de sa valeur théorique, une très faible erreur admise par Alain Daniélou. On sait, par exemple, qu’élever d’un cent les notes C1 (65,406 Hz) et C6 (2093,005 Hz) équivaut à augmenter respectivement leur fréquence de 0,0378 et 1,209 Hz.

Par rapport au clavier piano traditionnel, le clavier à boutons présente deux avantages. Tout d’abord, son apparence en est suffisamment éloignée. Le clavier piano, dans l’esprit des musiciens, est synonyme de gamme tempérée. Il a été considéré qu’avec un instrument aussi nouveau que le Sémantic, il valait mieux d’emblée se dégager des idées reçues. De plus, par rapport à l’écart des doigts d’une main, il permet une sélection d’un plus grand nombre de notes que sur un clavier piano, ce qui est indispensable pour que l’instrument soit « jouable », avec trois fois plus de notes sur une octave. Le Sémantic comporte donc deux claviers de 105 touches au total, ce qui correspond à une plage de presque six octaves. Il est par ailleurs possible de le transposer par demi-tons ou par octaves. L’espace occupé par les 105 touches est de 40 cm sur 10 cm. A titre de comparaison, une octave de la gamme Daniélou s’étale sur une longueur de 13 cm environ, alors que sur un clavier piano, pour le même nombre de notes, il faut 36 cm, près de 3 fois plus.