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ÉDITO

Alain Daniélou, Zagarolo, Rome, Février 1991. Photo Sophie Bassouls
Alain Daniélou, Zagarolo, Rome, Février 1991. Photo Sophie Bassouls

Nous voici bien en retard pour vous adresser notre hivernale lettre solsticienne. Mais comme les fêtes ne manquent pas en cette période nous la mettrons sous le signe d’une fête romaine bien païenne c’est à dire la Befana. Curieuse corruption, amusant paronyme, opérés par la paillardise du peuple romain qui transforme le mot « Epiphanie » en celui de « Befana » qui, personnification de l’Epiphanie, est une « strega », une sorcière au fichu noir, chevauchant son balai pour apporter soit des cadeaux – encore ! après ceux de Saint Nicolas, de Noël et les étrennes du jour de l’an sans remonter à Halloween – soit des morceaux de charbon réservés aux enfants désobéissants ou paresseux. Fête populaire joyeuse dont la proposition de suppression entraîna récemment une levée si impressionnante de boucliers dans toute la province que la fête et le jour férié furent maintenus.
Vous trouverez dans cette lettre les projets envisagés pour commémorer les 100 ans de la naissance d’Alain Daniélou dont la réalisation sera en quelque sorte le point d’orgue de mes activités dans ce domaine. En effet le but que je m’étais fixé à savoir la publication de tous les écrits d’Alain Daniélou, arrive à son terme et comme je pense ne pas être là pour de 200è anniversaire en 2107…

Par contre sur le plan de la musique j’essayerai dans les prochaines années de poursuivre la promotion et la diffusion du « Semantic » l’appareil de musique micro-tonal réalisé suivant les théories d’Alain Daniélou en la matière. La pièce de 40 minutes réalisée par le compositeur Igor Wakhévitch est un excellent moteur pour cela et nous attendons maintenant les compositions de Jacques Dudon et de Luigi Esposito.

A propos des écrits d’Alain Daniélou – personne n’est parfait – celui-ci a confondu dans deux de ses textes deux mouvements politiques différents. En effet dans « L’Histoire de l’Inde » publiée en 1971 par Fayard dans sa célèbre collection « Les Grandes Etudes Historiques » et dans l’autobiographie « le Chemin du Labyrinthe » publiée en 1981, deux livres régulièrement réimprimés et traduits depuis, il attribue au moine indien Swami Hariharanand Sarasvati, plus connu sous le nom de Karpatri, la fondation d’un mouvement politique le Jana Sangh alors qu’il avait fondé un mouvement appelé Ram Rajya Parishad, d’idéologie différente. Bien que les textes en question soient publiés depuis près d’un quart de siècle ce n’est que ces dernières années que cette confusion a été relevée et trouble certains milieux indiens qui en ont eu connaissance par l’édition anglaise récente du premier livre à savoir « A Brief History of India » (Inner Traditions International, Rochester, USA, 2003).
Dès ceci découvert j’ai, bien entendu, demandé aux éditeurs concernés d’insérer un erratum dans les ouvrages en question ce qu’ils m’ont indiqué prévoir de faire dans les prochaines réimpressions. Entre temps la version italienne de l’autobiographie « La Via del Labirinto » publiée en 2004 par Casadei Editore, Padoue, porte déjà cette correction et elle sera aussi insérée dans la traduction espagnole à paraître dans quelques mois à Barcelone (Kairos Edition). Vous trouverez dans cette lettre le rectificatif indiqué par le Docteur es-lettres Jean-Louis Gabin, dont la collaboration avec le Centre Daniélou se termine avec la parution du cinquième volume « Kama et Yoga », de la collection « Les Cahiers du Mleccha ».

Bonne nouvelle venant de Belgique : la librairie Molière de Charleroi indique le succès de l’exposition «Lumières de l’Inde » par le fait d’avoir joué les prolongations et tenu celle-ci jusqu’en ce début de 2007 soit quatre mois. Toujours en Belgique l’exposition se transporte ensuite à la bibliothèque communale carolorégienne Lumières de l’IndeMarguerite Yourcenar (Château de Cartier, place Albert 1er, 38 à Marchienne-au-Pont Hainaut – Tel 0032 71- 86.56.27)

Revenant à la Befana fêtons gaiement et païennement cette réjouissance populaire.

Jacques Cloarec

ACTUALITÉS

Commémoration du Centième anniversaire d’Alain Daniélou en 2007

Publication de 8 livres/3 compositions pour Semantic/ Expositions/Concerts/4 Séminaires en Inde Espagne et Italie.

Publication du « Chemin du Labyrinthe » en Espagnol, éditions Kairos, Barcelone, printemps 2007.
Présentation de cet ouvrage à la Casa Asia de Barcelone ainsi qu’à la Maison de l’Inde de Valladolid.

Publication de « Shiva et Dionysos » en Japonais, éditions Kodansha, Tokyo.

Publication du « Tour du monde en 1936 » avec dessins et photos
Exposition des dessins et Vente en France/Espagne/Belgique/Italie
Entre autres Maison de l’Inde à Paris
Exposition des photos de la Chine du Japon et de l’Inde

Publication de « Musique de l’Inde Traditionnelle » Editions Michel de Maule, Paris, septembre 2007.
Exposition des photos de ce même livre.

Publication de « Il Tamburo di Shiva », Editions Casadeilibri, Padoue, Janvier 2007.
Présentation à l’Université de Rome en Février 2007

Concert des chansons de Rabindranath Tagore dans les arrangements d’Alain Daniélou
Publication des seules partitions des chansons de Tagore en Février chez Michel de Maule éditeur.

Réimpression de la « Sémantique Musicale », Editions Hermann, Paris.
Présentation du Sémantic et de l’oeuvre créée par le compositeur Igor Wakhévitch.
Présentation de la composition en cours par le compositeur Jacques Dudon.
Présentation de la composition en cours du compositeur Luigi Esposito et de la partition déjà existante.

Séminaire concernant le Sémantic au Thoronet à partir de Janvier 2007
Séminaires en Inde sur l’oeuvre d’Alain Daniélou
Conférence à la Fondation Cini de Venise, Institut Venise et l’Orient (Octobre 2007 )

Vente d’aquarelles et de dessins par Internet
Refonte complète du site alaindanielou.org
Installation d’une antenne du Centre Danielou de Rome à Paris

FESTIVAL OCTOPUS : JACQUES DUDON + MODIFIED TOY ORCHESTRA
Musique électronique
Le samedi 20 janvier à 20h30
POINT EPHEMERE 190-206, quai de Valmy 75010 Paris
( Métro Jaurès ou Louis Blanc), Entrée : 13,60 €

Cycle dédié au Semantic
L’Atelier psychoacoustique de l’AEH a lieu dans notre hameau des Camails, commune du Thoronet (Var) chaque 1er samedi du mois, de 14h à 16h. L’entrée est libre.
Exceptionnellement, pour cause de répétitions, il n’y aura pas d’atelier en janvier, et l’ouverture de ce nouveau cycle consacré au système sémantic sera donc reportée au samedi 3 février 2007.
Au programme de ce cycle, qui compterait donc en principe 11 séances, il est prévu : – un rappel sur des notions de base relatives aux intervalles basés sur les harmoniques 2, 3, 5 – une présentation complète du système tonal et du clavier microtonal propres à l’instrument – la recherche et l’expérimentation de modèles d’intonation juste pour divers ragas indiens (une révision pour certains, car nous avions déjà entrepris cette étude en 2003) – une recherche de synthèse entre ces modèles et leur choix de shrutis – l’expérience de l’aspect émotionnel des intervalles d’intonation juste (un thème cher à Alain Daniélou), parallèlement à une reflexion sur l’importance du contexte acoustique, d l’environnement tonal et de la pensée musicale liés à ces expériences. – Applications à la création et la pédagogie musicale

À chaque séance, un environnement sonore, un ensemble de srutis susceptible de permettre par exemple toutes les subtilités d’interprétation d’un raga (ou de plusieurs ragas) est choisi pour orienter l’écoute sur un terrain donné, et un échange a lieu durant lequel les participants sont invités à communiquer leurs sensations, en réponse aux expériences effectuées. Cet atelier s’intègre à une vaste recherche menée depuis de nombreuses années par l’AEH sur la modélisation des échelles traditionnelles, et sur les propriétés psychoacoustiques des différents écosystèmes harmoniques, notamment à la base des musiques orientales.
Il n’est pas indispensable d’assister à la totalité des ateliers, chaque séance portant sur un thème différent ; une ouverture progressive de l’écoute est cependant proposée aux participants au fil du temps.

Jacques Dudon :
Compositeur microtonaliste, chercheur, luthier, multi-instrumentiste, Jacques Dudon est l’inventeur de près de 400 instruments, dont le « disque photosonique ». Instrument de synthèse graphique mis en rotation et qui, traversé par des rayons lumineux, génère des vibrations de fréquences audibles, recueillies par un capteur solaire, branché à un ampli audio classique. Les harmonies créées peuvent s’apparenter aux cultures musicales traditionnelles.

À PARAÎTRE

– Publication de « Shiva et Dionysos » en Japonais, éditions Kodansha, Tokyo.

Shiva et DionysosPour Alain Daniélou, l’Occident a perdu sa propre tradition et éloigné l’homme de la nature et du divin. Il nous fait découvrir ici que les rites et les croyances du monde occidental ancien sont très proches du Shivaïsme et très aisément expliqués à l’aide des textes et des rites préservés de l’Inde. Ce sont les religions relativement récentes du monde aryen et sémitique, Judaïsme, Christianisme, Islam et Communisme qui ont éloigné l’homme du reste de la création et de l’expérience religieuse et mystique multimillénaire dont la tradition s’est préservée dans l’Inde jusqu’à nos jours et que l’Occident, s’il veut survivre, devra retrouver.

Shiva et Dionysos, Fayard, Paris, 1979, 4e de couverture.

La musique de l’Inde du Nord en italien :
Sortie prévue en Janvier 2007 pour l’édition italienne de la Musique de l’Inde du Nord aux Editions Casadeilibri, Padova.

EXPOSITION

Alain Daniélou « Dessin du Tour du Monde » Vers Pékin, un train chinois, 1936Alain Daniélou « Dessin du Tour du Monde » Vers Pékin, un train chinois, 1936.

Grande exposition et vente de cette série de 100 dessins en 2007.

ERRATUM

M Alvaro Enterria, directeur des Editions Indica Books de Varanasi m’écrit : « je pense qu’on doit se garder de mettre trop légèrement des étiquettes occidentales sur les mouvements politiques indiens, qui prennent place dans un univers très différent. » ce qui est exactement la position de Daniélou quand il écrivait dans une lettre du 15 Février 1983 à Monsieur Alain de Benoist, Rédacteur en chef de Nouvelle Ecole « Ayant vécu si longtemps dans une civilisation différente, j’ai sur beaucoup de plans, sociaux, moraux, religieux, philosophiques, des points de vue qui cadrent difficilement avec les catégories occidentales ».
Je pense donc qu’il convient ni d’émettre ni de transmettre dans cette lettre des jugements sur l’idéologie de mouvements politiques indiens des années 50.

Voici un extrait des propositions de rectifications proposées par le Docteur Jean-Louis Gabin concernant la confusion faite par Alain Daniélou dans deux de ses ouvrages : – Histoire de l’Inde, p. 367 et 385, à Jana Sangh : – Le Chemin du Labyrinthe, p. 165 et 199, à Jana Sangh :

Alain Daniélou, qui avait participé à Bénarès à la fin des années 40, à la création par Swami Karpatri du Dharma Sangh, un mouvement culturel pour la défense des valeurs traditionnelles, confond le parti politique aussi fondé par Swami Karpâtri en 1948, le Ram Rajya Parishad (Conseil du Royaume de Ram) avec le Jana Sangh, ou plus exactement le Bharatiya Jana Sangh (Assemblée du Peuple indien), ancêtre de l’actuel B.J.P.

Pour plus de détails voir la postface du Cahier du Mleccha n° IV, Approche de l’hindouisme, Kailash Editions, 2004.

EXTRAITS

Textes extraits de la correspondance d’Alain Daniélou :

Berlin, le 4 Février 1965 :
Vous m’avez récemment envoyé plusieurs articles concernant le R.P. Jean Daniélou. Cela n’a pas grande importance, mais je tiens toutefois à vous signaler que mon frère le jésuite et moi-même sommes deux personnes très distinctes.

Argus de la Presse, Paris

Zagarolo, le 31 Juillet 1980 :
J’ai rencontré André Malraux en effet à Delhi, puis plus tard à diverses reprises à Paris. Il m’a invité chez lui plusieurs fois. Je ne me rappelle pas grand chose de nos conversations. Il cherchait à obtenir de moi des informations sur la mythologie et les principes de l’art hindou. Toutefois, c’était plutôt un dialogue de sourds. Malraux s’était déjà fait de l’Hindouisme une idée à travers certains Indiens occidentalisés (en particulier l’un d’entre eux qu’il voyait fréquemment). Son approche était très éloignée de l’Hindouisme tel que je l’ai vécu. Malraux était trop sûr de lui pour que l’on puisse aisément contester l’image des choses qui lui convenait. Ce genre de conversation ne m’intéressait guère et je n’ai pas cherché à les poursuivre.
Je regrette d’être aussi négatif, mais je ne me rappelle de rien qui m’ait frappé ou intéressé dans mes quelques contacts avec Malraux. J’ai été par contre très lié avec Georges Salles qui fut un important collaborateur de Malraux.

M. Yves Beigbeder, Paris

CLIN D’OEIL

ALICE BONER (1889-1981)
« La carrière d’Uday, le frère aîné de Ravi Shankar, était assez curieuse. Fils d’un haut fonctionnaire du Bengale, il vint à Paris pour y étudier la peinture. Pavlova, qui voulait créer un ballet oriental, s’intéressa à ce garçon qui ne connaissait rien à la danse mais ne manquait pas d’imagination. Il joua lui-même un rôle de composition dans le ballet, très mauvais d’ailleurs. C’est là qu’il rencontra Alice Boner, une jeune fille Suisse de Zurich, héritière d’une importante fortune industrielle. Alice s’intéressa à ce très beau jeune homme et décida de la ramener en Inde pour lui faire étudier sérieusement la danse indienne. Alice était une belle femme d’environ trente-cinq ans, grande et bien faite, altière et décidée. Elle me faisait penser à Junon. Elle pratiquait la peinture avec un certain talent. Elle se mit à la recherché des vestiges de la danse classique de l’Inde, à l’époque très déconsidérée dans les milieux culturels angloindiens comme tous les arts traditionnels.
Elle fut la première à découvrir le Kathakali qui survivait dans quelques villages perdus de l’état de Trichur dans le Kérala, au sud-est de l’Inde. Elle encouragea et aida un poète local appelé Vallathol à réunir les meilleurs des maîtres survivants de cet art surprenant et à fonder dans le village de Chiruthuruthi le « Kerala Kala Mandalam », la grande école de Kathakali qui devait devenir une des gloires de l’Inde. C’est elle qui découvrit, aida et soutint les deux grandes danseuses de Bharata natyam, Bala Saraswati et Shanta Rao. Elle connut aussi de grands musiciens, en particulier la célèbre Alla ud din Khân.

<…………..>, retirée à Bénarès, Alice se lance dans des travaux sur l’esthétique et le symbolisme de la sculpture et de l’architecture hindoues. Cela la conduisit peu à peu à des recherches sur les anciens textes. Ne connaissant que quelques mots de sanskrit, elle réunit, avec l’aide de lettrés indiens, de nombreux manuscrits et se les fit traduire. Elle retrouva des traités inconnus d’un intérêt exceptionnel et publia, bien des années plus tard, certains de ces textes et des travaux de renommée mondiale sur l’architecture des temples, et en particulier sur les techniques de construction du gigantesque temple de Konarak. »

Alain Daniélou, Le Chemin du Labyrinthe, éditions du Rocher, 1993, pages 101-102.
1973 - Réunion au labyrinthe, devenu centre Daniélou de Rome
Eté 1973 : réunion au labyrinthe, devenu centre Daniélou de Rome : de gauche à droite :
Georgette Boner, peintre, soeur d’Alice, Rudolf Heinemann, Secrétaire Général de l’Institut de Musique de Berlin, Pandit Ramachandra Bhatt, grand érudit, collaborateur d”Alain Daniélou à l’Institut français d’Indologie de Pondichery, Alain Daniélou, Alice Boner et Jacques Cloarec