Edito
Portrait d’Alain Daniélou par Jacques Cloarec (1989).
Chers et fidèles lecteurs de la lettre d’informations de la Fondation Harsharan.
Notre fondation est en pleine évolution et c’est pour cette raison que je prends la plume une dernière fois car cette lettre est l’ultime à paraître sous le nom de Fondation Harsharan.
Le photographe Raymond Burnier, qui était aux côtés d’Alain Daniélou durant les deux décennies indiennes et son compagnon durant 38 ans, décède brutalement en 1968. Alain Daniélou crée immédiatement (1969) la fondation Harsharan du nom indien de Burnier, tous deux ayant été acceptés dans le monde hindou.
Daniélou y place les capitaux dont il vient d’hériter ainsi que la propriété qu’il possédait dans le village de Zagarolo près de Rome. Ce domaine devient alors, particulièrement dans les années 80, quand Daniélou s’y installe définitivement, un lieu de rencontres et de séjours de personnalités très
différentes, du chorégraphe Maurice Béjart au roi d’Afghanistan, du biographe de Mahler Henry-Louis de La Grange au peintre Mac Avoy.
Ce n’est qu’au décès de Daniélou en 1994 que je m’aperçois qu’il a strictement suivi les quatre règles de vie des Hindous et en particulier la dernière “Moksha”, la libération, en se débarrassant absolument de tous ses biens avant de mourir.
Il laisse alors de si nombreux projets en cours que la fondation n’a aucun mal à continuer ses activités pendant une dizaine d’années. Puis petit à petit, sans créateur à sa tête, elle commença à perdre sa vitalité.
Dès 2007, l’année faste du centenaire de la naissance de Daniélou, je me mets en quête d’organismes avec qui nous aurions pu collaborer.
C’est à la fin de l’année 2011 que j’ai le grand bonheur de convaincre mon ami Ion de la Riva Careaga Guzman de Frutos, brillant diplomate espagnol, créateur de la Casa America de Madrid, du Centre Culturel Espagnol de La Havane et de la Casa Asia de Barcelone dont il a fait un centre prestigieux, récemment ambassadeur d’Espagne en Inde puis à l’Unesco, de prendre la charge de notre Fondation.
Nul doute que son énergie, ses capacités et son enthousiasme feront merveilles pour redonner vigueur à notre institution d’autant, qu’il est un très fidèle ami de l’Inde, très influencé par l’oeuvre de Daniélou.
Nos statuts ont changé pour élargir nos champs d’action et son nom devient La Fondation Alain Daniélou.
Dans la très prochaine lettre qui vous sera adressée sous ce nouveau nom notre Directeur Général Ion de La Riva vous indiquera ses projets, les lignes directrices qu’il veut donner à la fondation.
Autant dire que l’année 2012 a été une année extrêmement chargée par toutes les modifications en cours.
Ainsi le centre de Zagarolo qui garde son nom de “Centre d’Etudes Alain Daniélou” a subi de grosses transformations afin d’être prêt à accueillir plus de visiteurs et de résidents. Nous avons créé l’auditorium Rabindranath Tagore, petite salle très accueillante, excellente sonorité, qui peut recevoir jusqu’à 150 personnes, être utilisée pour des spectacles, des concerts, des séminaires, des ateliers, des conférences.
Une médiathèque est en cours de réalisation.
L’auditorium a été glorieusement inauguré par la visite de 15 musiciens de l’orchestre de Paris qui ont animé la maison pendant une semaine. Groupe de travail ultra-professionnel mais aussi jeunesse rieuse qui a terminé son séjour par un concert public.
Dans les autres activités de l’année, nous poursuivons l’installation d’une banque de données à mettre en ligne sur Internet ainsi que la réalisation de tous les livres de Daniélou en e-books en créant une maison d’édition adaptée. Des rééditions sous cette forme vont donc être bientôt en ligne.
Deux projets concernent le Sémantic, l’appareil musical micro-tonal suivant les théories de Daniélou, l’un physique pratiquement achevé et l’autre virtuel qui permettra d’avoir accès à l’instrument et à cette théorie directement par Internet.
Comme à l’accoutumée, traditionnellement, l’année s’est close dans notre labyrinthe du centre Daniélou par la fête du Solstice d’hiver le 21 Décembre, occasion d’un concert de musique indienne et de la passation des pouvoirs entre Ion de La Riva et moi.
Tous mes voeux à Ion de La Riva pour l’accomplissement de ses nouvelles activités. Tous mes voeux de Nouvel An à vous chers lecteurs qui nous lisaient depuis des années.
Jacques Cloarec, Lausanne 29 décembre 2012
Actualité
2013 sera l’année de la publication de l’édition critique des dix-huit Songs of Love and Destiny de Rabindranath Tagore traduits en anglais et en français et transcrits pour piano et voix par le Professeur Daniélou. C’est donc pour moi un plaisir, en tant que responsable du projet, de partager avec les lecteurs des Alain Daniélou Actualités l’esprit et le contenu qui constituent le couronnement d’un travail complexe et organique commencé en 2007.
Les dix-huit Chants sont le fruit d’une demande que le Poète fit à Daniélou parce qu’il souhaitait partager avec le public occidental non seulement les parties lyriques, mais aussi les mélodies qui les accompagnent, dans un contexte sonore plus familier au public occidental. Actuellement peu de lecteurs et amateurs de Tagore connaissent son importante production musicale. Ses mélodies font partie du patrimoine commun de l’Inde, elles sont enseignées dans les écoles et exécutées dans les maisons et les salles de concert, bien au-delà des frontières du Bengale. Les hymnes nationaux de l’Inde et du Bengladesh, leur texte et leur musique, ont été créés par lui.
L’universalité du message de Tagore, Prix Nobel de littérature en 1913, est évident dès la première lecture; ses poésies, intimes et universelles, s’adressent à tous; la musique reflète en revanche l’influence des formes et des styles classiques et semi-classiques à la mode à l’époque de sa formation artistique: le khyal, le dhrupad, le musiques de dévotion hindoues, musulmanes et sikh et des mystiques baul, poètes-musiciens vagabonds du Bengale.
Le lexique, les modalités de transmission et d’exécution, les sonorités de la musique indienne diffèrent grandement de la musique occidentale. Daniélou connaissait, en tant que musicien d’abord avant même qu’en tant que musicologue, les deux langages et à l’époque, il était certainement le seul au monde susceptible d’accueillir la demande de Tagore de créer le premier exemple de fusion musicale. Le XIXe siècle français avait été caractérisé par un certain exotisme naturaliste (Bizet) ou de manière (Félicien David, Meyerbeer, Massenet, Delibes, Saint-Saëns) et plus tard dans la vogue parisienne des avant-gardes il ne manquait certainement pas d’exemples remarquables d’arrangements de mélodies provenant d’endroits lointains intégrés dans un cadre harmonieux et instrumental complexe et moderne
(Debussy, Stravinsky, Ravel). Si l’attitude envers le matériel “exotique” pendant le romantisme avait la même caractéristique qu’une gracieuse aquarelle de salon, et au XXe siècle, de l’emprunt conscient, la position de Daniélou s’avère tout à fait nouvelle et différente, jusque dans les conceptions rigoureuses des musiciens-ethnomusicologues comme Bartòk, Kodaly et Brăiloiu. Daniélou devait en effet accomplir un mandat bien précis et il l’aborde avec le respect et l’humilité d’un serviteur; et en même temps son humilité ne nivelle pas sa contribution en manifestant son remarquable background de musicien connaisseur du répertoire et des styles de son temps, en opérant des choix précis, sentimentaux et raisonnés à la fois. Notamment, le premier choix et le plus évident est celui du piano en tant qu’accompagnement de la voix, et le deuxième est le rappel aux genres du lied romantique allemand et de la chanson française, symboliste et impressionniste; du reste, Daniélou lui- même ne faisait pas mystère de ses préférences pour Schubert, Fauré, Duparc. Ces formes, apparemment obligatoires dans le contexte historique de Daniélou, sont pleinement fonctionnelles au propos de Tagore: Lied et chanson sont compris comme des genres de chambre, ou mieux encore, de la maison, dans le sens de Hausmusik, une idée qui se rapproche très fort de celle de Tagore en Inde, où plus souvent le Rabindra Sangeet (littéralement: Musique de Rabindranath), à savoir une corpus lyrique et musical, était et est encore aujourd’hui accompagné d’un simple harmonium, davantage dans les maisons que lors de concerts.
L’approche sentimentale et raisonnée, que l’exemple de Daniélou m’a inspirée, vécue et affermie au cours de ces cinq ans, est la caractéristique d’un projet éditorial qui vise à diffuser et à faciliter un travail musical méconnu et incompris par les interprètes occidentaux. Les tentatives de les faires exécuter par des musiciens renommés finirent par laisser les interprètes et le Professeur insatisfaits. Actuellement, le monde musical occidental est plus réceptif et préparé par rapport à ce qui se passait il y a quelques années et l’assimilation des cultures extra-européennes en Occident facilite l’approche par les musiciens d’aujourd’hui.
Le passage que je m’apprête à faire est toutefois plus ambitieux: non seulement placer les dix- huit Chants dans le cadre du répertoire du XXe siècle comme essai original et achevé de rapprocher des mélodies et des textes orientaux à l’Occident, mais aussi soutenir leur “retour dans la patrie”: inspiré par le succès des nombreuses performances réalisée à plusieurs reprises par Francesca Cassio et moi-même en Inde et au Bengladesh, je m’occuperai d’une édition qui s’adresse aux interprètes indiens et bengla qui souhaitent utiliser l’accompagnement au piano à la place d’arrangements traditionnels en utilisant aussi l’alphabet bengalais. D’ailleurs, le nombre croissant de musiciens indiens qui s’essayent à la musique européenne et au piano est en croissance constante, comme aussi celle des musiciens occidentaux qui étudient la musique indienne. Une édition contemporaine ne peut pas ne pas tenir compte de l’élan de la globalisation qui mène à un partage plus facile de modèles et de ressources qui étaient autrefois confinés dans les limites des cultures locales. Daniélou détestait les mélanges de cultures; de castes et de races, comme toute forme de syncrétisme religieux. Comprendre la portée de ses affirmations mérite une analyse particulière, vu les instrumentalisations indignes et les critiques qu’il s’est inévitablement attiré en exprimant sa vision des choses. Mais l’universalité du message de Tagore, sa vision de la vie, du monde, de l’existence, dépassait de loin les frontières nationales ou culturelles, donc l’association de ces langages musicaux est de la même nature sémantique et sociologique d’une traduction littéraire, un art dans lequel Daniélou était maître.
Ce projet éditorial dépasse considérablement l’édition De Maule de 2005 qui était plus limitée en raison de son format de lecture, de ses coquilles et de l’absence d’apparat critique et musicologique, utile dans le cadre d’une publication moderne et complète destinée aux musiciens.
La nouvelle édition recourra au format électronique et présentera, à chaque ligne du chant, les textes français, anglais, bengla, en alphabet bengla et latin, avec des translittérations soignées en API (Alphabet Phonétique International). Il y aura des références aux rāga (contextes modaux et psychologiques) d’où dérivent les mélodies, comme c’est indiqué sur les manuscrits de Daniélou lui-même. La romanisation du bengalais présente dans les manuscrits de Daniélou sera abandonnée en faveur d’un système de transcription plus intuitif pour l’interprète occidental et qui correspond mieux aux standards modernes internationaux; du reste dans certaines note de 1991, le Professeur avait déjà abandonné, dans certains titres des Chants, le critère de transcription adopté précédemment. Il y aura des notes numérotées afin de signaler des différences significatives entre les sources (plusieurs versions manuscrites, épreuves, éditions antérieures) et on publiera aussi des arrangements musicaux alternatifs et inédits.
Pour m’aider dans mon travail, j’ai fait appel à deux experts qui sont en contact avec la culture indienne et bengalaise, madame Francesca Cassio et le Prof. Mario Prayer. Francesca Cassio, actuellement professeur associé et chair en Musicologie sikh à la Hofstra University de New York est la première interprète de l’intégrale des dix-huit chants dans la version de Daniélou, en vrai et en compact disc. Madame Cassio a étudié le Rabindra Sangeet à Kolkata et à Shantiniketan, où elle a été Visiting Professor en Musicologie à la Visva Bharati University fondée par Tagore lui-même, remontant ainsi aux sources d’origine et approfondissant le répertoire avec des interprètes spécialisés; elle présentera un essai sur l’interprétation vocale de ces chants dans le contexte du travail de Daniélou. Mario Prayer, professeur de langues et traditions bengalaises à l’Université “La Sapienza” de Rome contribuera avec un essai sur la poétique des dix-huit Chants et par un appendice sur la phonétique de la langue bengalaise pour les chanteurs. C’est à lui et à Giulia Gatti que nous devons les plus belles traductions de certains passages lyriques de Tagore qui ont souvent inspiré Francesca Cassio et moi-même dans le rendu de nos interprétations musicales.
Traduction française : Blanche Bauchau.
Rome, octobre 2012 Ugo Bonessi
[Ugo Bonessi, pianiste et musicologue, a réalisé avec Francesca Cassio les premiers enregistrements et l’exécution des dix-huit Chants en concert (Delhi, Mumbai, Kolkata, Dhaka). Il les a utilisés dans l’opéra “Opera d’Amore e Destino” en 2007 (Rome, Zagarolo, Bergame) et dans la pièce de théâtre “Dell’amore e del destino” de 2011 (Rome). Les enregistrements ont été effectués sur un piano centenaire d’Alain Daniélou, situé dans la bibliothèque du Labyrinthe, la villa dans la campagne romaine qu’il a habitée depuis 1961 et qui abrite aujourd’hui la Fondation Alain Daniélou. Les publications sur CD ont été produites par la Fondation Harsharan – Centre d’études Alain Daniélou en collaboration avec Visva Bharati University et sous l’étiquette Questz World di Kolkata, India]
REVUE DE PRESSE
http://www.thedailystar.net/newDesign/news-details.php?nid=244280
Cutting across cultures
In conversation with Dr. Samuel Berthet
Dr. Samuel Berthet (left). The photo was shot by French historian, musicologist Daniélou and Swiss photographer Raymond Burnier. Photo: Anurup Kanti DasZahangir Alom
Director of Alliance Française de Chittagong (AFC)
Dr. Samuel Berthet is a man of culture. Berthet’s childhood memories conjure up the diverse cultural atmosphere circling his scenic school Ecole du Lac (Pond) at Grenoble, France. « My school was an experimental one in a socially and culturally mixed area where we would learn in a fun atmosphere. We didn’t have any barriers. We’d go boating or take on in many imaginative activities including music and drama. I had many friends from different regions including North Africa, Asia and South America, » recalls Berthet.
« Nobel laureate poet Rabindranath Tagore visited France six times. In 1930 the bard
exhibited his paintings at Gallery Pigalle for the first time ever. At that time everyone knew Tagore in France. My grandparents would read his books and their eyes would sparkle for decades to come whenever they heard his name, » says Berthet.
A Masters in History (South Asia) from Delhi University in 1995-96, Berthet started his PhD under Professor Jacques Weber of Nantes, a French university, in 1997.
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Berthet, a connoisseur of Hindustani classical music, is an ardent fan of Ustad F. Wasifuddin Dagar of the Dagarvani. The connoisseur arranged a solo classical musical soiree featuring a performance by the Ustad at AFC, Chittagong. Paris based international mime maestro Partha Pratim Majumder conducted a workshop there. Bibi Russell inaugurated the first « Slow Food Festival » of Bangladesh jointly organised with the AFC Biodiversity Club. « During my tenure, Professor Alak Roy, a sculptor of international repute, exhibited his arts, noted singer Shila Momen performed in a Tagore concert, Yasmin Kabir and Renuka George screened their films and documentary on Wasifuddin Dagar at AFC. Alexandre Jurain, an amazing exponent of classical esraj, also performed for his first public appearance. I feel extremely sad that I could not do anything with filmmaker Tareque Masud, who I already admired before coming to Bangladesh, » says Berthet.
« We organised the first solo exhibition of internationally famed Bangladeshi photographer Shoeb Faruquee, as well as by Didarul Alam Chowdhury and Nazir Uddin Mahmud at the AFC gallery, » says Berthet.
AFC for the first time in Bangladesh invited Shantiniketan artists of international repute, who performed with Binoy Banshi and his son Babul Jaldas (dhol artistes) of Chittagong in Milonmela. The event jointly featured exquisite Baul singers, Chhau and Gotipua dancers and Kalaripyattu, a martial art of Kerala. French Kathak dancer and choreographer Isabella Anna also performed at AFC twice.
Maybe culture of the subcontinent, especially the culture of undivided Bengal that was solely nourished by Nobel laureate Rabindranath Tagore, has an appeal that is universal, be it for Tagore exponent Berthet or his British friend William Radice.
Solstice
Artistic Dialogue
As customary, in celebrating the Winter Solstice, you are cordially invited by the Indo- European Foundation for New Dialogues – Alain Daniélou Foundation (the Alain Daniélou Centre at Zagarolo) to a party on
21 December 2012.
6 p.m. inauguration of the plaque bearing the Harsharan Foundation’s new name « Alain Daniélou Foundation ».
Weather permitting, a bonfire will be lighted outside, followed by a concert of classical Indian music, in the Tagore Auditorium, by Rupa Kansa Banik accompanied by Sanjay Kansa Banik. on the
tabla.
Signora Mita Medici will read two poems by Rabindranath Tagore translated into Italian by Rossana Galli and Mario Prayer.
At the end of the concert, Jacques Cloarec will hand the keys of the Daniélou Centre to Mr. Ion de la Riva, the Foundation’s new Director General.
9. p.m: Buffet
R. S. V. P. – info@fondationalaindanielou.org – Fax +39 06 952 4310
Head Office & Alain Daniélou Centre: Colle Labirinto, 24 – 00039 Zagarolo (RM) – Italy Tel +39 06 952 4101 – Fax +39 06 952 4310 – info@fondationalaindanielou.org
Fotos: Mario DʼAngelo 2012
Catalogue de l’œuvre d’Alain Daniélou.
On peut dire d’Alain Daniélou qu’il est un précurseur dont l’œuvre préfigure les questions centrales que société occidentale. Ecrivain abordé des domaines très musique, l’architecture, les société, de religion… Ces chapitres de ce catalogue. Il présentation de chacun des ainsi que d’introductions libraires, éditeurs, aux ce catalogue verra le jour à la est également destiné à photographies de L’Inde France dans différentes offert aux premiers acheteurs d’un livre de Daniélou dans la librairie où se situe l’exposition. Le catalogue présente également une bibliographie complète dans les différentes langues dans laquelle Daniélou est traduit.
Extraits de ce catalogue : Les Contes du Labyrinthe.
Éditions du Rocher : 1990.
Cinq contes, situés dans la région du Latium, au sud de Rome, sont réunis sous ce titre. Figure tutélaire de l’œuvre de Daniélou, le labyrinthe est également le nom du lieu-dit où il élut domicile à son retour en Occident.
La dominante autobiographique est nettement présente dans ces nouvelles, aussi l’histoire de Tagès, et des deux amis Gwen et Arno, n’est pas sans rappeler l’installation d’Alain Daniélou dans cette campagne romaine dont le paganisme discret et proche de la nature n’est pas sans rapport avec l’Inde, qui fut sa terre d’élection trente ans durant.
« Le don du soleil », expose explicitement ce lien : Daniélou met en scène un jeune homme romain, Ludovico, qui, fasciné lors d’un de ses voyages en Inde par l’atmosphère émanant du temple du soleil, apprend que le shivaïsme, religion qui y est vénérée, trouve sa continuité dans le mitraïsme occidental. Le catholicisme, au départ, pourtant proche du mitraïsme, s’en est éloigné au point d’en défendre les valeurs contraires, et d’interdire la pratique du culte de Mitra. Si c’est ce catholicisme triomphant qui est ostentatoire dans cette région, fief du pape, le paganisme en anime toute la nature, qui est émaillée de nymphées, de mitreum disparus sous les fondations des églisesrencontre actuellement la multiforme, Alain Daniélou a divers tels que la danse, la questions d’histoire, de domaines font l’objet des est constitué d’une ouvrages majeurs de l’auteur thématiques. Destiné aux instituts culturels, musées… fin du mois de septembre. Il accompagner l’exposition des traditionnelle, qui tourne en librairies ; un catalogue est
Rien d’étonnant, dès lors que, des phénomènes incompréhensibles pour les occidentaux imprégnés de rationalisme ou de catholicisme surviennent, comme l’écroulement d’un barrage, la disparition d’individus, qui réapparaissent dans un tout autre contexte, amnésiques de leur aventure précédente.
Les hommes, oublieux des savoirs immémoriaux, persuadés de détenir les clés du bonheur dans la modernité et voulant l’imposer au monde entier, sont surpris que ces sociétés archaïques qu’ils méprisent finissent par avoir raison de leurs projets impérialistes et néfastes, par des moyens mystérieux qui leur échappent totalement.
Dans un style à la fois léger et didactique, Alain Daniélou aborde une nouvelle fois les motifs clés de son œuvre : mise en garde contre le colonialisme nivellateur et destructeur, auquel il oppose la connaissance harmonieuse des anciennes civilisations, dans laquelle éthique et esthétique ne sont jamais séparées.
Dans ce livre, Alain Daniélou entrouvre pour nous ce monde enchanté où le surnaturel fait partie de tous les jours.
Anne Prunet, Marie-Laure Bruker.