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ÉDITO

Alain Daniélou présentant le S52 prototype du Semantic

Photo : Alain Daniélou présentant à Berlin en 1978, le S52 prototype du Semantic construit par André Kudelski et Claude Cellier.

© Dominique Nabokov.

C’est avec un plume d’oie informatique enthousiaste que je vous écris en ce solstice d’été 2006.

Musique,
L’aboutissement d’un projet commencé en 1936, voilà donc 70 ans, et dont je m’occupe depuis 14 ans n’est-il pas de nature à rendre notre petit centre plein de satisfaction ?
En effet je reviens de Genève où je suis allé réceptionner la commande passée au compositeur Igor Wakhévitch, oeuvre pour le Semantic réalisé par Christian Braut et Michel Geiss selon les théories concernant les micro-intervalles établies par Alain Daniélou, instrument dont nous avons parlé dans plusieurs de nos lettres et qui est décrit sur le site.
Le compositeur a travaillé sur le seul prototype existant et la tâche fut ardue. De ce travail difficile est née une oeuvre superbe, dense, variée, inspirée et qui permet de se rendre compte des étonnantes possibilités du Semantic. Nous espérons très rapidement pouvoir en mettre des extraits sur le site. Je renouvelle ici mes remerciements et mon admiration à Igor Wakhévitch pour cette nouvelle oeuvre appelée « Ahata- Anahata ».
Cette création est de bonne augure pour les manifestations et publications que nous prévoyons pour le 100è anniversaire de la naissance d’Alain Daniélou l’année prochaine.

Le Semantic est parti pour de nouvelles aventures vers l’AEH, l’Atelier d’Exploration Harmonique du Thoronet dirigé par M. Jacques Dudon tandis que le compositeur italien Luigi Esposito annonce qu’il termine 38 variations pour Semantic. Nous espérons pouvoir vous parler plus longuement de cette oeuvre dans une de nos prochaines lettres.

Expositions,
« Lumières de l’Inde » qui était restée durant l’hiver plusieurs mois à la Maison de l’Inde place Saint Sulpice à Paris a pris le chemin de la Belgique. Que Madame Toussaint, directrice le la librairie Chapître XII de Bruxelless oit remerciée pour le sympathique accueil et la belle décoration indienne qu’elle avait prévue pour ce vernissage, ainsi que M. Gérard, M. Matzneff et Mlle Ramaekers qui m’ont amicalement épaulés pour cette présentation.. De Bruxelles l’exposition s’est immédiatement transportée à la grande librairie « Molière » de Charleroi. où elle rencontre un franc succès et où elle restera jusqu’en Octobre.

Deux autres expositions sont en préparation : d’une part une exposition de photos d’Alain Daniélou des années 1935/1955 de la vie musicale en Inde. Simon Hamelin la prépare et nous espérons trouver un éditeur pour la publier comme « L’Inde Traditionnelle » publiée par Fayard correspond à l’exposition « Lumières de l’Inde » et lui sert en fait de catalogue.
D’autre part une exposition de plus de cent dessins d’Alain Daniélou réalisés au cours de son voyage autour du monde en 1936 est déjà prête.

Publications,
Nous recevons en même temps l’édition anglaise de l’un des cahiers à savoir « The Civilization of Differences, The ancient Tradition of Universal Tolerance » publiée par le principal éditeur d’Alain Daniélou aux Etats Unis à savoir Inner Traditions International (Rochester, Juin 2005) et la traduction espagnole «El Shivaismo y la Tradicion Primordial « (Kairos Editions, Barcelone, Mai 2006) obtenue grâce à l’éditeur français et au directeur de la collection. La couverture est illustrée d’une magnifique photo du jeune photographe A. M. Ganesh, la traduction de Vicente Merlo.

La première phase de l’édition de ces cahiers par les Editions Kailash se termine de façon très satisfaisante puisque 5 ouvrages ont été publiés en français. Séparément s’ajoutent une traduction en tamil, une en espagnol et trois en Anglais l’une à Bénarès et les autres aux USA, la dernière étant sous presse sous le titre « Shiva and the Primordial Tradition From the Tantras to the Science of Dreams ». Tous ces ouvrages ont été traduits par Ken Hurry.. Nous continuerons dans un futur proche la publication des autres textes d’Alain Daniélou particulièrement des textes concernant la musique dans les divers pays qu’il a visités pour réaliser la collection de disques de musique traditionnelle de l’Unesco.

Séminaires,
La Professeur Lakshmi Subramaniam (Centre for Studies in Social Sciences, Calcutta) historienne spécialiste de l’histoire sociale de la musique envisage la tenue d’un séminaire en Inde en 2007 concernant le travail de Daniélou pour la protection et le diffusion des musiques savantes de l’Orient et particulièrement de l’Inde. Les milieux musicaux indiens sont très conscients de l’importance considérable qu’à eu le travail de Daniélou dans ce domaine et qui justifie sa nomination de membre de la Sangeet Natak Akademi analogue à l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France. Madame Subramaniam prévoit dans le cadre de ce séminaire indien, plusieurs expositions et plusieurs publications.
Je suis particulièrement sensible à cette initiative qui fera redécouvrir Shiva Sharan aux jeunes générations dans son pays d’adoption.

Pour terminer ce billet je précise que nous prévoyons une refonte complète du site à l’automne et la préparation pour la fin de l’année de nouvelles traductions en Italien.

Bon Solstice d’été
Jacques. E. Cloarec

ACTUALITÉS

Les Cahiers du Mleccha – Vol V Yoga, Kâma le corps est un temple - Alain DaniélouYoga, Kâma le corps est un temple
Kailash éditions, Paris, 2006.

Les études d’Alain Daniélou depuis longtemps introuvables sur le yoga et les traditions des Yoga Upanishad réunies ici constituent l’ensemble définitif venant compléter Yoga, Méthode de réintégration.
Les textes sur l’érotisme, dont une conférence prononcée en Sorbonne en 1968, viennent également clore un sujet qui court à travers toute son oeuvre et montre sa grande indépendance d’esprit. Ceci est particulièrement vrai des pages sur l’homosexualité, destinées à l’origine à des revues spécialisées, ou du long inédit final, resté à l’état de méditations personnelles.
« Le corps est un tabernacle » a écrit Daniélou à propos de l’érotisme ; « le corps est un outil » a t’il ajouté à propos du yoga ; « le corps est notre seul instrument « dit-il dans l’entretien également inédit qui ouvre le présent recueil : Yoga et Kâma constituent donc ensemble le cinquième cahier du Mleccha.

J.L Gabin.

 

Shivaïsme et tradition primordialeLundi 22 mai 2006  – La présentation du cahier « Shivaïsme et tradition primordiale » dans sa version espagnole édité par Kairos avec la collaboration de Casa Asia,Av. Diagonal, 373, Barcelone a eu lieu le Lundi 22 mai 2006.

 

Histoire de l’Inde
Histoire de l'IndeL’édition club du titre d’Alain Daniélou intitulé « Histoire de l’Inde » est paru dans la revue « Club Histoire  » (du GLM, Grand Livre du Mois) du mois de février 2006.

REVUE DE PRESSE

« Daniélou le noble voyageur »
Loin d’être seulement un historien des religions, spécialiste de l’hindouisme, Alain Daniélou fut ce que les romantiques allemands, et avant eux, les fidèles d’Amour, nommaient un « noble voyageur ». L’Inde traditionnelle fut, pour lui, une patrie spirituelle. Au delà de l’analyse et de l’explication, en l’occurrence particulièrement bien étayées par une érudition du meilleur aloi, son cheminement témoigne d’une implication, en particulier dans le domaine de la musique. Ainsi, le musicologue fut également musicien, de même que le savant exégète des mythologies sut rejoindre, dans son savoir, une expérience intérieure.

Daniélou le noble voyageurAinsi que l’écrit Jean-Louis Gabin, dans sa préface à Shivaïsme et tradition primordiale, « une telle adhésion à l’objet de sa recherche n’a presque jamais cours dans la démarche universitaire, férue de distance critique. On appréhende mieux une telle adhésion dans le domaine artistique si l’on songe à Gaugin dans l’univers métaphysique tahitien que la colonisation et les missions de son temps s’occupaient à détruire. La démarche de Daniélou s ‘apparente ainsi avant tout à la quête traditionnelle qui vise à l’identification du chercheur avec l’objet de sa recherche, ou, si l’on préfère, de l’initié avec la connaissance ». Segalen, dans ses Immémoriaux, Louis Massignon, dans sa Passion d’Al-Hallâj, offrent d’autres exemples de cette herméneutique créatrice, de cette alliance, particulièrement heureuse, et rare, entre la rigueur scientifique et l’exactitude poétique. Qu’en est-il des « structures subtiles de l’être humain » ? Quelles sont les modalités de l’Un et du multiple ? Quelles sont les relations profondes entre l’apparent et la réel ? Le polythéisme, en fait, n’exclut nullement la méditation sur l’Un ou, plus exactement, sur la « non-dualité »-la métaphysique de l’Un étant toujours menacée par ce que Henri Corbin nommait l’ « idolâtrie m étaphysique de l’Un », elle-même dualiste en ce qu’elle oppose l’un et le multiple. Or, « ce qui reste lorsque l’esprit réalise que le concept d’être vivant et celui d’être divin sont de pures illusions et que les apparences perceptibles n’ont point de réalité, est appelé l’immensité-non-duelle » (Advaya-Târaka Upanishad).

Les divers textes réunis dans ce recueil, « Cosmogonie shivaïte et polythéisme », « Le symbolisme di Linga », « Musique, hommes et dieux », « La nature de la beauté », entre autres, répondent à ces questions en en posant d’autres, qui concernent directement l’origine de notre pensée et de nos civilisations. Nous apprenons ainsi que la métaphysique relève moins du dogme, de la scolastique figée, que de la musique ? « La musique a sept lettres, l’écriture a vingt-cinq notes », écrivait Joseph Joubert, en invitant la pensée à d’infinies variations et comme en « répons » au Vishnu Purdna : « C’est par un mouvement de l’air, en soi-même non différencié, que les différentes notes sont produites au moyen des divers trous de la flûte. De même, c’est à partir d’un Soi suprême et non différencié que les divers états d’être semblent exister. » L’oeuvre d’Alain Daniélou nous offre ainsi une vision panoramique du destin de ces dieux qui dansent, aiment et guerroient dans un désordre apparent, mais dont chacun, cependant, « préside au fonctionnement d’un aspect de l’Univers ».

Critique parue dans la revue « Eléments pour la civilisation européenne », Paris, Automne 2005.
Pour l’ouvrage d’Alain Daniélou : Shivaïsme et tradition primordiale, éditions Kailash.

EXPOSITIONS

Alain Daniélou sur les routes de l’Inde
Photographies noir et blanc d’Alain Daniélou et de Raymond Burnier.

Exposition
Du 28 avril à début octobre
Du lundi au samedi,
De 9h30 à 18h30. Librairie Molière, Boulevard Joseph Tirou, 68 A 6000 Charleroi.

Tél : 00 32 71 32 89 19 – Mail : contact@moliere.be

GALERIE

Alain Daniélou « Dessin du Tour du Monde » Bénarès- Ghats des Fakirs-Inde, 1936Alain Daniélou « Dessin du Tour du Monde » Bénarès- Ghats des Fakirs-Inde, 1936.

Grande exposition de cette série de 100 dessins en 2007.

EXTRAIT

Catalogue de l’oeuvre d’Alain Daniélou
Par Anne Prunet et Marie-Laure Bruker.

On peut dire d’Alain Daniélou qu’il est un précurseur dont l’oeuvre préfigure les questions centrales que rencontre actuellement la société occidentale. Écrivain multiforme, Alain Daniélou a abordé des domaines très divers tels que la danse, la musique, l’architecture, les questions d’histoire, de société, de religion… Ces domaines font l’objet des chapitres de ce catalogue. Il est constitué d’une présentation de chacun des ouvrages majeurs de l’auteur ainsi que d’introductions thématiques. Destiné aux libraires, éditeurs, aux instituts culturels, musées…. Il est également destiné à accompagner l’exposition des photographies qui circulent et vont circuler dans différents lieux, galeries, librairies en France, Belgique, Inde. Le catalogue présente également une bibliographie complète dans les différentes langues dans laquelle Daniélou est traduit.
Vous pouvez vous procurer ce catalogue au prix de 10 euros en écrivant un mail à cette adresse : info@alaindanielou.org

Extraits de ce catalogue : Les Contes du Labyrinthe
Éditions du Rocher : 1990.

Les Contes du Labyrinthe - Alain DaniélouCinq contes, situés dans la région du Latium, au sud de Rome, sont réunis sous ce titre. Figure tutélaire de l’oeuvre de Daniélou, le labyrinthe est également le nom du lieu-dit où il élut domicile à son retour en Occident.
La dominante autobiographique est nettement présente dans ces nouvelles, aussi l’histoire de Tagès, et des deux amis Gwen et Arno, n’est pas sans rappeler l’installation d’Alain Daniélou dans cette campagne romaine dont le paganisme discret et proche de la nature n’est pas sans rapport avec l’Inde, qui fut sa terre d’élection trente ans durant.
« Le don du soleil », expose explicitement ce lien : Daniélou met en scène un jeune homme romain, Ludovico, qui, fasciné lors d’un de ses voyages en Inde par l’atmosphère émanant du temple du soleil, apprend que le shivaïsme, religion qui y est vénérée, trouve sa continuité dans le mitraïsme occidental.

Le catholicisme, au départ, pourtant proche du mitraïsme, s’en est éloigné au point d’en défendre les valeurs contraires, et d’interdire la pratique du culte de Mitra. Si c’est ce catholicisme triomphant qui est ostentatoire dans cette région, fief du pape, le paganisme en anime toute la nature, qui est émaillée de nymphées, de mitreum disparus sous les fondations des églises…
Rien d’étonnant, dès lors que, des phénomènes incompréhensibles pour les occidentaux imprégnés de rationalisme ou de catholicisme surviennent, comme l’écroulement d’un barrage, la disparition d’individus, qui réapparaissent dans un tout autre contexte, amnésiques de leur aventure précédente.
Les hommes, oublieux des savoirs immémoriaux, persuadés de détenir les clés du bonheur dans la modernité et voulant l’imposer au monde entier, sont surpris que ces sociétés archaïques qu’ils méprisent finissent par avoir raison de leurs projets impérialistes et néfastes, par des moyens mystérieux qui leur échappent totalement.
Dans un style à la fois léger et didactique, Alain Daniélou aborde une nouvelle fois les motifs clés de son oeuvre : mise en garde contre le colonialisme nivellateur et destructeur, auquel il oppose la connaissance harmonieuse des anciennes civilisations, dans laquelle éthique et esthétique ne sont jamais séparées.
Dans ce livre, Alain Daniélou entrouvre pour nous ce monde enchanté où le surnaturel fait partie de tous les jours.

Anne Prunet, Marie-Laure Bruker.

RENCONTRES

Ce que je dois à Alain Daniélou
Par Christopher Gérard
Bruxelles, mai 2006

« Je n’ai jamais eu un corps et une âme séparés »
Alain Daniélou, Le Chemin du Labyrinthe, 1981.

Habent sua fata libelli. Les livres ont leur destin propre. C’est en effet le 4 août 1984 que, en vadrouille chez un bouquiniste bruxellois, j’ai découvert Le Chemin du Labyrinthe, les mémoires iconoclastes d’Alain Daniélou (1). Lu d’une traite et abondamment annoté, ce livre a d’une certaine façon changé ma vie, tout d’abord parce qu’il m’a incité à persévérer dans ma singularité. Immédiatement, j’ai reconnu en Daniélou une sorte de maître lointain, dont l’oeuvre ne m’a plus quitté depuis. Hergé avait vu juste quand il lui écrivait: « c’est un itinéraire en zigzag que vous avez suivi (ou n’est-ce pas plutôt l’itinéraire qui vous a suivi?) avec en filigrane un autre itinéraire, plus rectiligne, celui de l’aventure spirituelle » (2).

L’étudiant en langues anciennes ne pouvait qu’être fasciné par ce « noble voyageur » qui découvrait l’Afghanistan en 1932, dansait avec Balanchine entre deux entretiens avec Cocteau, fréquentait (un peu plus tard) Stravinsky et Corbin, Béjart et Menuhin! Quel contraste entre mes sages études et les tribulations à la Tintin d’Alain Daniélou, alias Shiva Sharan! Quelle différence entre ses Brahmanes et mes homines academici!
Quelques mois plus tard, en mars 1985, j’ai découvert Le Défi, mon premier livre de Gabriel Matzneff, l’ami de Daniélou, comme celui d’Hergé, de Cioran et de Montherlant. Voilà donc quelles étaient les lectures du philologue en herbe; tel était son paysage mental, à des années lumières du courant dominant. Alors que la masse de mes condisciples ne lisaient rien si ce n’est leur « syllabus » (belgicisme pour « cours polycopié »), alors que les intellectuels ânonnaient leurs saintes écritures aujourd’hui reniées, j’apprenais la singularité chez mes éveilleurs : Daniélou, Matzneff, et quelques autres libertins du siècle.
Depuis, j’ai appris à mieux connaître l’oeuvre d’Alain Daniélou, par mes lectures, mais aussi grâce aux conversations avec son élève et ami, Jacques Cloarec. J’ai pu ainsi comprendre à quel point ce « marginal qui a réussi » (B. Pivot) avait développé un savoir non point banalement académique, limité à une accumulation maniaque de références, mais un savoir amoureux, mélange harmonieux d’appétence et de compétence. Un amour de la sagesse, une philo-sophie au sens hellénique. Une érudition sauvage plutôt qu’alimentaire. Ainsi J. Cloarec a-t-il pu intituler l’un de ses hommages « Sagesse et passion », car son maître nous enseigne en effet l’une et l’autre (3). En ce sens, Daniélou fut un païen exemplaire, puisque le païen adhère au lieu de prêcher. Cette adhésion profonde apparaît par exemple dans les splendides clichés de L’Inde traditionnelle, le bel album publié avec son ami Raymond Burnier: nulle rupture entre le photographe et son modèle (4). Au contraire: les corps, les visages et les temples métamorphosent le regard du photographe comme celui de qui les admire en silence. Dans sa postface, J. Cloarec explique l’esprit dans lequel Daniélou rédigea les légendes: « Il était très gêné de l’image que les occidentaux se faisaient de l’Inde et voulait en donner une vision plus réaliste, dans laquelle la société laïque trouvait sa place. La spiritualité exacerbée, la méditation transcendantale, les fumées d’encens et de haschisch, les gourous-hommes d’affaires avisés, les ashrams où l’enseignement se fait en anglais, les pratiques du yoga mystique, tout cela lui semblait un élément réducteur de la vérité indienne. »
Tous ceux qui l’ont approché témoignent de l’apaisement qu’il répandait autour de lui : au contraire de trop de faux savants, le savoir l’avait métamorphosé, comme le montrent les photographies prises à la fin de sa vie. Alors que je montrais l’un de ces clichés au Mahant de Bénarès, qui l’avait connu dans les années 50, celui-ci me fit remarquer que son sourire transfiguré suffisait comme preuve d’une vie réussie. A ce propos, il me plaît que, en exergue à ses mémoires, il ait placé cette phrase d’Aristote : « Tu reconnaîtras la vérité de ton chemin à ce qu’il te rend heureux ».

Ce qui me frappe avant tout chez lui, c’est le caractère paradoxal de sa destinée. Il est fils d’un ministre radical de la IIIème République et d’une fervente catholique, tous deux dreyfusards : un condensé de la France d’avant 1914 ! Son frère Jean sera cardinal, presque pape, et l’un des plus fameux théologiens catholiques. Artiste (le chant, la danse, le piano, la vina,…) et dilettante, Alain Daniélou est l’auteur de plus de quarante ouvrages, dont plusieurs traités de musicologie plus qu’austères. Il roule en Porsche et traduit le Kama Soutra. Adorateur spontané de la Lune, il crée enfant ses propres rituels avant d’être initié au culte de Shiva sous le nom de Shiva Sharan, le protégé de Shiva. Autre paradoxe, et de taille : son étude de la tradition shivaïte, occultée dans l’Inde des années 40 et 50, lui vaut l’inimitié d’Indiens occidentalisés. Nerhu ne lui confia-t-il pas un jour que le nouveau régime voulait détruire ce que Daniélou appréciait tant : les castes, les temples, les danseuses, la sagesse millénaire,… Dans sa vie, il incarne ainsi cette coïncidence des contraires, cette dialectique des opposés en laquelle on peut voir le siège du divin, comme l’avaient compris les Antésocratiques, et particulièrement mon cher Héraclite. De même que le polythéisme des valeurs, la relativité des morales et la multiplicité des approches : bref, à lui tout seul il incarne à mes yeux le paganisme dans son éternelle jeunesse!
Alain Daniélou ne fut jamais là où on l’attendait, toujours libre comme le vent, rétif à tous les carcans, allergique à toutes les orthodoxies. C’est ce qui le distingue d’ailleurs de traditionalistes obtus: jamais il ne fut l’homme du dogme ni le fondateur d’une chapelle. Avis aux disciples abusifs qui, bardés ou non de parchemins, tenteraient, par un dialogue posthume (et les excommunications de rigueur), de faire de lui un gourou. La longue quête d’Alain Daniélou entre la terre noire et le ciel étoilé, justement parce qu’elle mêla l’étude et la méditation aux plaisirs, ne peut cautionner la constitution d’une doxa qui nous condamnerait à des radotages millénaristes. Car la tradition shivaïte est dynamique, au contraire de celle, reconstruite, d’un Guénon, auteur stimulant certes, mais qu’il faut lire cum grano salis – ce grain de sel et cette remise en question permanente de toute idée établie (J. Cloarec) qui font cruellement défaut aux esprits sectaires. S’il respectait le travail de Guénon, Daniélou était en revanche plus critique à l’égard de la chapelle qui s’était créée autour de lui: « Ce petit cercle commença peu à peu à tourner en vase clos. Ses membres se considéraient comme des initiés (…) ils aboutissaient à former une sorte de chapelle infectée de dogmatisme. Il est toujours dangereux de poursuivre trop loin un mode de penser (…) Il faut rester conscient de ce que les explications de la genèse du monde et du destin de l’homme ne sont valables que relativement. La réalité ultime reste toujours inconnaissable. Une délicate limite sépare une conception cosmologique de la création et de l’évolution de son application historique. Dès qu’on prétend détenir une vérité et en faire un dogme, on tombe dans l’erreur. » (5)
En ce qui me concerne, la fréquentation du paradoxal d’Alain Daniélou m’a définitivement vacciné contre les crises de traditionalisme aigu.

Je prends ici le terme paradoxal dans son sens étymologique: para-doxos, contraire à l’opinion commune.

Voilà bien l’une des principales leçons d’Alain Daniélou, une leçon de fantaisie et de liberté aristocratique (6).
Cet esprit paradoxal fut aussi un humaniste d’un genre particulier : hostile en païen conséquent à l’anthropocentrisme – auquel est aujourd’hui confondu l’humanisme classique -, il était de ces rares sages qui acceptent les contradictions humaines, surtout quand elles ne se résolvent pas. Conscient des éternelles alternances, il était toujours désireux d’aborder un texte, un fait ou une personne sous tous les angles, et sans jamais s’arrêter à une quelconque réduction. Belle démonstration de souplesse mentale ! Un exemple entre cent : dans un texte datant de 1950, « Culture classique et tradition », Daniélou propose le dépassement des cultures traditionnelles par l’approfondissement du classicisme : « Les valeurs classiques sont le seul plan sur lequel une compréhension véritable est possible entre les peuples. Le premier pas vers elle est l’individualisation des cultures et non pas leur mélange. » Encore un paradoxe! Le spécialiste de la musique de l’Inde du Nord, le traducteur du sanskrit et du tamoul, le sauveur des musiques traditionnelles de l’Asie centrale, que l’on aurait pu croire attaché aux seules cultures locales, rédige un vibrant plaidoyer pour la culture classique et pour son élargissement.
Autre exemple : Daniélou dialogua avec des hommes de tous les bords idéologiques et spirituels sans prendre parti. Il publia ainsi le récit de son tour du monde dans Je suis partout, hebdomadaire promussolinien (et à cette époque nettement anti-hitlérien), en pleine Guerre d’Espagne (7). Cela ne fit de lui ni un militant fasciste, pas plus que ses conférences au Grand Orient de France ne le transformèrent en frère trois points. Il aida la jeune république indienne lors de l’Indépendance, dirigée par les nationalistes « de gauche » au sens occidental, Gandhi (qu’il n’aimait guère) et Nerhu, de même qu’il manifesta sa sympathie aux milieux nationalistes « de droite » (le groupe de son maître Swami Karpatri), ceux-là mêmes qui pavoisèrent à la mort de Gandhi. Homme de connaissance et non de puissance, il était simplement d’un seul bord : le sien. D’où l’incompréhension des médiocres et la cabale des dévots. Belle leçon, retenue dès lors, que ce refus de mêler calcul électoral et quête philosophale.
Aspirant philologue et donc averti des difficultés sans nombre de toute traduction (surtout d’un texte philosophique), j’étais plein d’admiration pour son travail de passeur. Attelé à ma traduction du Contre les Galiléens de l’empereur Julien, je voyais en lui un aîné qui avait souffert avant moi des affres de la philologie : comment rendre cette métaphore ? Et que signifiait donc cet adjectif ? Quel ton adopter pour telle phrase ?
Mais l’apport le plus direct a été sa défense du polythéisme, dans Le Chemin du Labyrinthe d’abord, puis dans Le Polythéisme hindou, dont j’ai emprunté l’exemplaire de mon université.

Quelle surprise quand j’ai constaté qu’il était dédicacé ! Bien qu’il y ait prescription, je mentirais en disant que je ne fus pas tenté d’égarer l’ouvrage. Ou mieux, de l’escamoter en rendant à l’employé de la bibliothèque un exemplaire que Daniélou n’avait pas tenu en mains. Si un homme aussi savant que lui prônait le polythéisme, je pouvais sans crainte me dire païen à haute voix. Ce que je fis, à mes dépens. Telle est d’ailleurs ma plus grande dette à l’égard d’Alain Daniélou : grâce à lui, je suis devenu ce que je suis, un suivant des Dieux, sous le soleil d’un éternel présent.

Notes :
(1) Alain Daniélou, Le Chemin du Labyrinthe, Paris, 1981. Une deuxième édition augmentée a été publiée en 1993 par les éditions du Rocher, qui ont créé une collection Daniélou.
(2) Voir le site officiel de la fondation Daniélou: www.alaindanielou.org
(3) Jacques Cloarec, « Sagesse et passion », in Ricordo di Alain Daniélou, Orientalia Venetiana VI, Florence, 1996. Dans « La Liberté d’être », discours tenu le 3 mai 1995 au Nerhu Center de Londres à l’invitation de Gopal Gandhi, J. Cloarec retrace ses trente années de vie commune avec Alain Daniélou: « si j’étais son collaborateur, son assistant comme nous disons en Occident, j’étais avant tout son élève et lui mon maître dans la forme que donne la tradition hindoue à ce rapport. » Dès 1962, J. Cloarec observe que son maître et ami « avait conservé des habitudes indiennes et surtout une forme de réflexion, la remise en question permanente de toute idée établie ».
(4) Alain Daniélou et Raymond Burnier, L’Inde traditionnelle, Fayard, 2002.
(5) Le Chemin du Labyrinthe, p. 158 (édition de 1993).
(6) « Alain Daniélou demeure un maître de détachement, d’insolence et de désinvolture. Il avait horreur du cul de plomb et plus horreur encore du politiquement correct » écrit justement son ami G. Matzneff « Les délateurs de profession », sur www.matzneff.com.
(7) Sous son nom d’artiste, Alain Dunoéli (du 5 au 19 septembre 1936, du 13 mars au3 avril 1937, du 25 juin au 9 juillet 1937). Je suis partout était dirigé à l’époque par son ami Pierre Gaxotte.

Claude Samuel, Mensuel Diapason, Automne 2005.
Au début des années cinquante, alors que l’on sortait à peine de la dernière guerre et que l’on scrutait avec angoisse les appétits expansionnistes de la Russie stalinienne, certains évoquaient, mais en souriant, le « péril jaune ». L’Asie lointaine, alors très lointaine, n’était pas encore une destination pour touristes européens mais, de la Chine à l’Inde, en passant par l’Indochine et la Corée, une terre de conflits. Quinze ans plus tard, les grands festivals européens tendirent l’oreille : ces pays « exotiques » avaient une culture, susceptible d’enrichir la routine de nos programmes.

C’est ainsi que des réunions informelles, dont l’un des objectifs était d’élargir notre univers musical, furent organisées par l’Institut des musiques comparées de Berlin (subsides américains face au voisin russe) et rassemblèrent deux fois par an les directeurs de quelques manifestations prestigieuses, le plus souvent à Venise, dans l’impressionnant décor de la Fondation Cini, sur l’île de San Giorgio Maggiore. Invité en qualité de responsable artistique du Festival de Royan, et très conscient de l’honneur qui était fait à un petit festival de musique contemporaine, j’ai rencontré des personnalités magnifiques, tel Peter Diamand, directeur du Festival d’Edimbourg, Conseiller artistique de l’Orchestre de Paris à l’ère Barenboim, homme délicieux, d’une intelligence et d’une culture rares, que j’ai invité plus tard dans le « Domaine privé » de France Musique, où pendant plusieurs semaines, il raconta sa vie, avec quel brio ! Mon ami Thomas Erdös aussi, directeur des Festivals de Menton et de Baalbeck, longtemps conseiller artistique du Théâtre de la Ville, dont la disparition; l’an dernier, a laissé un immense vide. Et tant d’autres venus de Vienne, d’Amsterdam, de Zagreb, de Milan…

Mais les deux têtes pensantes de nos réunions étaient Nicolas Nabokov (le cousin de Vladimir, « père » de Lolita), un pied dans la Russie (tsariste), un autre à New York, moins connu pour ses compositions musicales, jouées parfois, que pour ses immenses relations, auteur d’un livre de souvenirs, Cosmopolite, qui porte bien son titre ; et Alain Daniélou, expert fascinant des traditions indiennes, et très pointilleux quant à la pureté de ces traditions. Il vivait toujours dans le souvenir du long séjour qu’il avait fait en Inde dans les années trente et nous conseillait d’inviter telle superbe danseuse, oubliant qu’avec le temps qui passe, elle devait être au moins sexagénaire. En vérité, les réunions de Venise étaient assez frustrantes : on nous faisait rêver en évoquant tel gamelan javanais, tel théâtre d’ombres de l’Andhra Pradesh, mais rien n’était organisé pour faire venir ces merveilles sur nos terres. Voyant que je piaffais un peu, Alain Daniélou me dit un jour, de sa voix si douce : « Si cela vous intéresse d’accueillir en Europe un ensemble coréen de musique et de danse traditionnelles, l’Institut des musiques comparées vous offre une mission à Séoul. »

Ce fut le premier de mes voyages en Extrême-Orient, et j’étais loin d’imaginer que j’y retournerais si souvent. Quant à la Corée des années soixante-dix, elle était encore sous le choc de la guerre et, dans les rues, on se retournait encore en apercevant un Européen. L’ambassade de France m’hébergea, et l’ambassadeur, grand amateur d’ethnomusicologie, qui avait été auparavant en poste à Tokyo, n’arrêtait pas de me dire qu’en matière de musique traditionnelle, le Japon était tout de même bien supérieur à la Corée. Je montai néanmoins, l’année suivante, une petite tournée européenne… Et, malgré les milles obstacles pratiques à surmonter, je pris goût à la chose. Il y eut ensuite des collaborations avec l’Inde, le Japon, la Birmanie, l’Indonésie surtout. Et le gamelan javanais, le somptueux gamelan de la cour de Yogyakarta, vint, à son tour, à Paris !

Au hasard de mes voyages, j’avais visité quelques écoles de musique et aperçu parfois un piano droit mais, quoique le Japon ait tracé une piste depuis plusieurs décennies, j’étais loin de me douter que la génération asiatique de l’an 2000 pratiquerait au meilleur niveau notre musique occidentale. Sans doute, faut-il faire le tri et se méfier des généralisations face à un continent si étendu, et si varié dans ses expressions culturelles. Ni l’Inde, toujours fidèle à ses traditions, ni l’Indonésie ne figurent dans ce paysage, mais les Japonais, les Coréens, les Chinois (du continent et de Taiwan) se jettent sur les études de Chopin et les concertos de Rachmaninov. Quand on s’en étonne, ils répondent : « Votre musique n’est-elle pas universelle ? Elle est donc aussi la nôtre. » Elle le devient, en effet. Et, vu de notre fenêtre, ce phénomène ne serait qu’anecdotique si, comme dans tant d’autres domaines, ces jeunes Japonais, Coréens, Chinois ne mettaient au service de la pratique musicale une immense ambition et une formidable capacité de travail.
On les rencontre dans les grands conservatoires, à Londres, à New York, à Francfort, à Paris ( et si vous avez raté la grande page du Monde « Les musiciens asiatiques bousculent le conservatoire », daté du 07 juillet, débrouillez-vous pour la retrouver !), et je puis déjà révéler, étant en charge de ces manifestations, qu’ils seront très nombreux à Paris pour le concours Jean-Pierre Rampal d’octobre prochain (soixante et un pour deux cent cinquante postulants, record battu !) et le concours Rostropovitch de novembre (trente cinq pour deux cent dix postulants !).
Que le meilleur gagnent…

MUSIQUE

« AHATA – ANAHATA » (L’AUDIBLE ET L’INAUDIBLE)
Mystère – Cérémonial Shvaïte en cinq évocations magiques et sept seuils pour « Sémantic ».
Instrument Electronique microtonal conçu par Alain Daniélou.
Musique composée et exécutée par Igor Wakhevitch.

Enregistré et mixé par le compositeur sur la station audionumérique « I.S.I.S » (Genève, Suisse, Hiverprintemps 2006). – L’Amant, en tant que l’Autre : « Atma Swara » (1’53) – Le Mystère de l’épreuve de la solitude du Monde (6’25) – Le Mystère de la danse joyeuse de dieu nu qui arrose le monde de ses Pensées-Semences (Bénédiction de la Pluie Supraphysique) (6’28) – Le Mystère de la Descente de l’Esprit de la Forêt (5’58) – Le Mystère-Rituel de l’Appel à l’Accouplement (rencontre ave le Taureau Originel dans la caverne de la Transmutation) (4’33)

– Le Mystère de la Grande Opération Occulte pour la Manisfestation du Dieu Védique (Mitra- Varuna) (8’14) – Le Mystère de l’Eternel Anneau d’Or du Retour sur la Poitrine du Fiancé (8’10) – Le Mystère de la Présence de l’Arche Sainte : la Promesse faite au Monde (2’34)

L’Amant, en tant que soi : la Pluie d’Electricité : … Hiver Sans Fin, Blanc, de la Transe Extatique dans les Cheveux du Suprême « Ardhanariswara » : Terre de Gloire, Tout est Accompli.

Igor Wakhevitch a composé de nombreuses oeuvres, dont plusieurs furent créées à l’Opéra National de Paris, et autres scènes prestigieuses, tels que le Théâtre de la Fenice à Venise, le Festival d’Avignon, le Festival de Shiraz-Persepolis (Iran), le Festival d’Israël, le National Center of Performing Arts, en Inde, travaillant – entre autres – avec la grande chorégraphe américano-finlandaise Carolyn Carlson ou l’israélienne Rina Schenfeld ; ou encore, avec Jean-Michel Jarre, signant tous les deux une partition commune pour orchestre symphonique et bande magnétique ; il est également le compositeur d’ « Etre Dieu », l’opéra-poème en six parties de Salvador Dali, avec Dali en personne comme interprète principal, etc… sans compter une discographie importante. Développé sur une idée d’Alain Daniélou et à sa demande, accordé conformément à sa théorie, le Sémantic est un instrument de musique électronique conçu par Christian Braut, Michel Geiss et Philippe Monsire.

La Feuille Harmonique
Bulletin d’Information de l’AEH du Thoronet (Atelier d’Exploration Harmonique) n° 14
Tel 00 33 4 94 73 87 78, e-mail fotosonix@wanadoo.fr, site http://aeh.free.fr,
Les Camails, F – 83340 Le Thoronet

Le Semantic est confié à l’AEH pour une période indéterminée, le temps de la réalisation d’un manuel d’initiation destiné aux utilisateurs, commandé à l’AEH par le Fondation Daniélou. Le Semantic est un clavier microtonal à 36 sons par octave, accordé selon un système conçu par Alain Daniélou qui permet entre autres l’expression des 22 shrutis indiens. Jacques Dudon, inventeur d’instruments et fondateur de l’AEH (Atelier d’Exploration Harmonique) a animé deux stages autour de la microtonalité, avec la participation du chanteur François Breton et du flûtiste Jérôme Désigaud, le jeudi 15 et vendredi 16 juin de 9h à 18h, et le samedi 17 et dimanche 18 juin, à « La Source de Vie », chemin des Riaux, Carcès (Var). Le premier stage était consacré au rapport entre voix et microtonalité, et le second, intitulé « Synthèse Orient-Occident », à celui entre microtonalité occidentale et orientale.

Chaque stage était accompagné d’ « études de cas concrets avec exemples de musiques traditionnelles, instruments aboutis, modèles et microtunings à volonté. Les stagiaires peuvaient apporter leurs instruments, projets, questionnements ». À la fin de chaque stage, le vendredi 16 et le dimanche 18 juin à 20h, a eu lieu une présentation du Sémantic, instrument microtonal de musique électronique inventé par Alain Daniélou, grand spécialiste de la culture indienne sous toutes ses formes.

CLIN D’OEIL

AUTOUR DU FLEUVE
un film de Arnaud Mandagaran
CAURI FILMS.

2006 – 58’

avec la participation de TV5, Images Plus et du CNC et le soutien de la PROCIREP- ANGOA

En 1995 je découvris fortuitement à Calcutta une bobine 16mm, un « making of » du FLEUVE, film que Renoir tourna au Bengale en 1950. Je fus ébloui par ces images où je voyais converger deux de mes passions : Renoir et l’Inde. Le désir d’en faire un film s’imposa à moi comme une évidence… mais il me faudra dix ans pour remonter les fils de cette histoire hors norme.
L’information me vint tout d’abord des centaines de photos et de lettres trouvées à Los Angeles, Londres, Madras et Calcutta. Mais très vite entrèrent en scène les témoins de cette épopée : un fleuriste qui s’improvisa producteur, une danseuse devenue théosophe, un caméraman qui voue encore aujourd’hui un culte à « Mister Renoir », deux réalisateurs, Satyajit Ray et James Ivory, pour lesquels la rencontre avec Renoir fut une révélation.
Ces documents, ces témoignages m’ont permis de comprendre la genèse d’un chef d’oeuvre du patrimoine cinématographique mondial, mais aussi de raconter la résurrection que ce film fut pour Renoir…

Pour la réalisation du célèbre film « Le Fleuve » Jean Renoir fit appel à Alain Daniélou en particulier pour la partie musicale.