ACTUALITÉS
– Commémoration du Centième anniversaire d’Alain Daniélou en 2007
Juin 2007 – Le 30 juin à Padoue : Soirée hommage dédiée à Alain Daniélou dans le cadre du Portello River Festival “Shankara”, Spectacle de danse indienne Bharatanatyam par Anusha Subramanyam ( accompagnée de voix, Mridangam, nattuvangam et violon).Concert de Raga Hindustani par Paolo Avanzo (sitar) et Stefano Grazia (tabla). Projection du documentaire réalisé par la radio télévision Suisse italienne La voce degli dei, sur la vie d’Alain Daniélou.
Juillet 2007 – Publication du « Chemin du Labyrinthe » en Espagnol, éditions Kairos, Barcelone.
Août 2007 – Hommage à Alain Daniélou le 2 août, au Palais Rospigliosi de Zagarolo (Rome), spectacle de danse indienne Bharatanatyam interprété par Anousha Subramanyam et ses musiciens.
– Le 3 août, Zagarolo (Rome), au palais Rospigliosi: inauguration d’une exposition photographique intitulée : DANIELOU ET ZAGAROLO
L’exposition présente les personnalités amies venues travailler ou visiter Alain Daniélou depuis son installation a Colle Labrinto en 1960.
Septembre 2007 – Le 22 septembre, à l’abbaye cistercienne du Thoronet: concert par l’Ensemble de Musique Microtonale dirigé par Jacques Dudon. Semantic Works, composition de Jacques Dudon pour Semantic Daniélou, Santour et Sitar.
– Publication aux Editions Casadeilibri en complément du mensuel Archeo, des photographies d’Alain Daniélou et de Raymond Burnier des temples de Khajuraho, Bhuvaneshvar et Konarak.
Octobre 2007 – Le 4 octobre, Rome, Théâtre Palladium, Shivaganga. : spectacle de danse indienne Kuchipudi par Shantala Shivalingappa, accompagnée de ses musiciens
– Le 6 octobre à Zagarolo dans les jardins du palais Rospigliosi, concert des poèmes chantés de Rabindranath Tagore adaptés par Alain Daniélou. Francesca Cassio (chant), Ugo Bonessi (piano), avec la chorégraphie d’Ileana Citaristi et une récitation de ces poêmes en italien par Roberto Herlitzka.
– Le 10 octobre à Venise, au Théâtre communal Goldoni, Shivaganga. : spectacle de danse indienne Kuchipudi par Shantala Shivalingappa, accompagnée de ses musiciens
– Le 14 octobre à Rome au théâtre Palladium, concert des poêmes chantés de Rabindranath Tagore adaptés par Alain Daniélou. Francesca Cassio (chant), Ugo Bonessi (piano), avec la chorégraphie d’ Ileana Citaristi et une récitation de ces poèmes en italiens par Roberto Herlitzka.
– Le 16 octobre à Valladolid (Espagne), présentation du livre “ le chemin du Labyrinthe” à la maison de l’Inde accompagné d’une exposition photographique sur la musique et la danse en Inde.
– Le 21 octobre à Venise au théâtre Fondamenta Nuove, concert basé sur le Semantic Daniélou avec l’Ensemble de Musique Microtonale du Thoronet de Jacques Dudon ; instruments : Semantic Daniélou, Chandravina, Sruti-guitar, Sitar et Percussions.
– Le 23 octobre au théâtre Palladium de Rome: concert basé sur le Semantic Daniélou avec l’Ensemble de Musique Microtonale du Thoronet de Jacques Dudon ; instruments : Semantic Daniélou, Chandravina, Sruti-guitar, Sitar et Percussions
– Le 25 octobre à la Fondation Giorgio Cini de Venise: concert de musique indienne et chants Dhrupad interprétés par Francesca Cassio, F.Lazzarini, F.Senesi, J.Powell.
– L’exposition « Lumières de l’Inde » se tiendra au Hainaut dans le cadre de la manifestation « La Fureur de lire » dans toute la Belgique.
– Publication prévue de l’édition italienne du Tour du Monde en 1936 aux Editions Casadeilibri, Padoue.
Cette édition sera enrichie des 103 dessins effectués par Alain Daniélou durant ses voyages et de carnets photos datant de cette même époque.
Novembre 2007 – Le 1 novembre au théâtre Donizetti de Bergame, concert des poêmes chantés de Rabindranath Tagore adaptés par Alain Daniélou. Francesca Cassio (chant), Ugo Bonessi (piano), avec la chorégraphie d’ Ileana Citaristi et une récitation de ces poèmes en italien par Roberto Herlitzka.
– Le 3 novembre à Paris, Maison des Culttures du Monde concert basé sur le Semantic Daniélou avec l’Ensemble de Musique Microtonale du Thoronet de Jacques Dudon ; instruments : Semantic Daniélou, Chandravina, Sruti-guitar, Sitar et Percussion
– Publication du Tour du monde en 1936, nouvelle version complétée par les dessins élaborés par Alain Daniélou lors de ses voyages, éditions du Rocher, Paris.
– Réédition du “Chemin du Labyrinthe” Editions du Rocher, Paris
A propos du Dhrupad
Quand Alain Daniélou revient de l’Inde en Europe en 1958 il est totalement stupéfait de l’ignorance des Occidentaux en matière de musique des pays d’Asie. Dans les bacs des disquaires une berceuse sicilienne, des binious bretons côtoient l’orchestre impérial de la Cour du Japon et les interprètes des musiques savantes indiennes chinoises ou iranienne sous le terme de « Folkore ». Rien ne semble encore avoir changé depuis que Berlioz écrivait :
Je conclus pour finir que les Chinois et les Indiens auraient une musique semblable à la nôtre s’ils en avaient une ; mais ils sont encore à cet égard plongés dans les ténèbres les plus profondes de la barbarie et dans une ignorance enfantine où se décèlent à peine quelques vagues et impuissants instincts, que, de plus, les Orientaux appellent musique ce que nous nommons charivari, et que pour eux, comme pour les sorcières de Macbeth, l’horrible est le beau. »
Alain Daniélou s’insurge aussi contre les méthodes des études ethnomusicolgiques et les Instituts chargés de les promouvoir. Étudier les musiques de l’Orient à partir de conceptions occidentales et dans un système occidental lui semble une totale aberration. Lui-même pianiste, chanteur de lieder mais aussi jouant de la Vina indienne est particulièrement apte à faire changer les mentalités. Et il y parviendra, modifiant particulièrement les approches ethnomusicologiques.
Il se lance donc avec sa fougue habituelle dans une tâche de réévaluation, promotion, diffusion, conservation et développement des musiques d’art de l’Orient et particulièrement des grandes traditions japonaise, chinoise, indonésienne, indienne et arabo-persane.
Il trouve immédiatement des appuis enthousiastes dans la toute jeune Unesco qui vient de se créer et qui lui demande dès le début des années 60 de réaliser la grande collection de disques de ces musiques, « Musical Anthology of the Orient » collection publiée dès 1962 par Bärenreiter/Musicaphon de Kassel et actuellement reprise en CD par l’Unesco.
Un autre appui essentiel viendra d’un des acteurs principaux de la vie musicale internationale au siècle dernier à savoir le compositeur russe Nicolas Nabokov, grand ami de Stravinsky, Balanchine etc …et conseiller du Sénat de Berlin pour les affaires culturelles ainsi que directeur des Berliner Festwochen.
Nabokov qui est ami de Daniélou depuis les années folles à Paris et qui l’a revu durant son séjour indien, obtient de la Fondation Ford américaine d’importants subsides pour créer à Berlin West en pleine guerre froide , l’Internationales Institut fûr vergleichende Music Wissenschaft and Documentation dont Daniélou devient le directeur/créateur en 1963.
L’objectif politique est évident : l’Occident veut créer dans l’enclave que représente Berlin West au milieu du monde soumis à l’URSS une ville vivante, avec un pôle d’attraction culturel et artistique.
Daniélou profite de cette situation et son oeuvre est immense pour les buts qu’il s’est fixé précisés ci-dessus. Parmi ses premières actions à Berlin on relève la continuation des collections de disques de l’Unesco et la venue de groupes de musiciens classiques des pays de l’Orient dont le premier sera les chanteurs de Dhrupad Mohinuddin et Aminuddin Dagar qui feront une grande tournée européenne et se produiront en 1964 au château de Charlonttenburg dans le cadre du festival de musique de Berlin.
Ce fut pourtant avec difficultés que Daniélou obtint des autorités indiennes la possibilité de faire venir ce groupe de chanteurs car ils représentaient une tradition de chant particulièrement difficile et austère en complète abandon en Inde. La tournée fut un immense succès et non seulement elle permit au public occidental la découverte d’une forme de musique classique complètement inconnue au plus haut niveau de qualité mais cette tournée redonna de l’intérêt en Inde même où cette forme de chant qui allait disparaître repris une vigueur soudaine. Actuellement plusieurs groupes de chanteurs de Dhrupad ont relevé le flambeau, il y a chaque année à Varanasi un festival de cet unique forme de chant et des chanteuses occidentales comme Amelia Cuni qui vit à Berlin et Francesca Cassio en Italie donnent aussi des concerts de cette subtile forme de chant.
Le travail de Daniélou ne s’est pas arrêté là jusqu’à son départ de l’Institut en 1979. Grâce aux nombreux groupes invités, aux concerts et mini festivals réalisés à Berlin, l’Institut a créé dans la ville un intérêt et des connaisseurs de ces musiques qui faisait d’elle une des premières en Occident à revaloriser ces traditions savantes.
L’oeuvre musicale de Daniélou est unanimement reconnue elle lui valut de nombreuses reconnaissances dans de nombreux pays comme l’aide de personnalités prestigieuses comme Yehudi Menuhin, membre du Conseil Scientifique de l’Institut.
Depuis son intervention la musique des pays d’Orient a repris la place qui lui revenait dans la culture et la vie musicale du monde. Il n’est plus question de considérer Ravi Shankar comme un musicien folklorique, le Gagaku comme une danse populaire. Et sous son impulsion partout dans le monde occidental fleurissent des festivals qui présentent tous ces groupes de musiciens et de danseurs qui attirent un public de plus en plus nombreux.
Le concert des Dagar au château de Charlottenburg en 1964 reste certainement le premier pas de cette grande aventure et l’idée d’en organiser un autre en commémoration des 100 ans de la naissance d’Alain Daniélou est un grand hommage à cet artiste visionnaire. Le Musée de Dahlem et M. Lars Christian Koch, Werner Durand et Amelia Cuni, Peter Pannke, fidèles et constants soutiens de l’oeuvre de Daniélou doivent particulièrement être remercier pour cette superbe initiative.
Jacques Cloarec, Le Labyrinthe, le 7 Mars 2007
MUSIQUE
Ravi Shankar
A Life in Music (1 double CD EMI Classics).
Dès les premières notes, on est embarqué par le maître du sitar indien et par cette manière bien à lui de conjuguer la sérénité et la frénésie avec un art consommé de la digression et du commentaire.
En neuf morceaux choisis, enregistrés entre 1955 et 1976, se déploient les humeurs et les couleurs du raga. De la fraîcheur des premières lueurs de l’aube au mysticisme qui habite la nuit noire, du pur classicisme remontant au XVIe siècle (un enregistrement réalisé par l’indianiste Alain Daniélou) aux rencontres, un brin décevantes, avec le violon de Yehudi Menuhin ou la flûte de Jean-Pierre Rampal.
L’intensité est à son comble avec Dhun, dix-neuf minutes d’incandescence, captées au festival Monterey Pop en 1967. La véhémence du rock y est présente sans jamais dévoyer le propos, en escapades à la virtuosité inouïe, en circonvolutions à couper le souffle, le tout articulé sur la magistrale mathématique du rythme qui sous-tend la musique classique indienne.
Et dire que Ravi Shankar – qui vient d’une tradition où la musique confine au sacré – avait alors hésité à se produire sur une scène où Jimi Hendrix venait de sa guitare et où les Who avaient malmené leur matériel ! Aujourd’hui, le sitariste de Bénarès a 87 ans et il est toujours capable des mêmes élans. Dommage qu’il se confine dans une banalité de bon aloi quand il est en tournée avec sa fille Anoushka, même si l’on peut comprendre qu’en bon père il se garde de trop briller à ses côtés.
Eliane Azoulay.
Article paru dans l’hebdomadaire Telerama du 09 mai 2007.
EN LIBRAIRIE
– L’éditeur Hermann nous informe que le livre Sémantique Musicale d’Alain Daniélou publié en 1978, réédité régulièrement depuis (dernière impression 1993) est en cours de réimpression. Cette édition a été corrigée et préfacée par Jacques Dudon.
– Etudes d’histoire de l’ésotérisme
Mélanges offerts à Jean-Pierre Laurant pour son soixantedixième anniversaire aux Editions du Cerf, Paris, 2007. Sous la direction de Jean-Pierre Brach et Jérôme Rousse- Lacordaire.
Extrait d’André Coyné sur René Guénon et Alain Daniélou, p 67-82.
On ne saurait mieux éclairer l’abîme qui séparait « extérieurement » Daniélou et Guénon. A l’invitation d’aller en Inde, que lui faisait Daniélou en 1947, où il l’eût « mis en contact avec des représentants, normalement inaccessibles de la tradition ésotérique hindoue » (Daniélou AA., 1984, p. 139), Guénon qui, depuis qu’en 1937 il s’était installé dans la villa Fatima du faubourg de Duqqi, à l’ouest du Caire, n’y recevait que de rares visites et n’en sortait que « deux fois par an, une pour se rendre sur le tombeau du Sheikh Abder- Rahman Elish el-Kébir (…), l’autre pour une partie de campagne au domicile de Martin Lings » (Gattegno D., 2001, P. 108), ne put que répondre à Daniélou : « Le fait d’être aller ou non dans l’Inde n’a absolument aucune importance en ce qui concerne la compréhension « intérieure » de la doctrine ; quant au souhait que j’y aille quelque jour, je dois dire que c’est là une éventualité fort improbable, car, pour de multiples raisons, je ne me déplace jamais » (Grossato A., 2002, p.34).
– Daniélou Alain, 1984. « René Guénon et la tradition hindoue » dans P.M Sigaud (éd.), René Guénon, Lausanne, L’Age d’Homme, coll. « Les Dossiers H », p.136-140.
– Gattegno David. 2001. René Guénon, Puiseaux, Pardès, coll. « Qui suis-je ? ».
– Grossato Alessandro (éd.) 2002. La corrispondenza fra Alain Daniélou e René Guénon, 1947-1950, Florence, L.S. Olschki, coll. « Orientalia venetiana ».
– Les éditions suisses de l’Age d’Homme publie « La Source Pérenne », un ouvrage du Christopher Gérard qui, fait rarissime, cite les deux frères Daniélou, Jean le Cardinal et Alain l’Hindou, le premier au tout début du livre et le second dans un bel hommage qui constitue le paragraphe final intitulé « Ce que je dois à Alain Daniélou ».
La citation dont l’auteur est le Cardinal est tout à fait surprenante et pourrait tout aussi bien être le fait de son frère :
« Il y a une religion de l’Occident. Cette religion, c’est l’antique paganisme grec ou latin, celte ou germanique … Ce paganisme valait les autres. Il n’est pas si loin de nous. Nous ne sommes jamais que des païens convertis … Le païen est celui qui reconnaît le divin à travers sa manifestation dans le monde visible. »
Voici comment, en 1965, le Cardinal Jean Daniélou répondait à la question : « Quelle est la religion de l’Europe ? ».
Cette citation est particulièrement intéressante actuellement après les âpres discussions pour introduire « les racines chrétiennes de l’Europe » dans la constitution européenne.
GALERIE
Alain Daniélou « Dessin du Tour du Monde » La douane des Indes, 1936.
Grande exposition et vente de cette série de 103 dessins en 2007.
EXTRAITS
Alain Daniélou, extrait du livre de James Laughlin The Way It Wasn’t, edited by Barbara Epler and Daniel Javitch, A new Direction Book.