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ÉDITO

Alain Daniélou - Photo J E. Cloarec
Alain Daniélou, Zagarolo, Rome,1985, Photo J E. Cloarec.

Publiée en 11 langues, en Français Anglais, Italien, Espagnol, Allemand, Hollandais, Roumain, Bulgare, Portugais, Tamoul, Japonais l’oeuvre d’Alain Daniélou est accessible dans plus de 15 pays. Cette oeuvre multiforme semble intéresser de plus en plus de lecteurs. Sa vision du monde hindou-shivaïte, dont il fut le témoin et dont il se voulait le passeur, aborde des domaines qui deviennent des urgences pour la survie de l’homme sur la terre ; c’est certainement une des raisons de cet intérêt. Par ailleurs l’Inde est depuis des siècles le laboratoire pour la cohabitation de peuples de langues, cultures, origines, religions différentes et donc d’un grand intérêt pour nos sociétés occidentales éclatées, une source d’information en cette période de mondialisation et de flux migratoires importants. Nous commémorerons en cette année 2007 et en partie en 2008 le centième anniversaire de la naissance de cet auteur inclassable qui a traversé le siècle dernier d’une si fantaisiste manière.
Dans cette 13è lettre d’informations nous vous indiquons les manifestations et publications en préparation en France-Belgique-Italie-Espagne-Allemagne et Inde.

Je signale en particulier, dans le domaine musical, l’aboutissement d’un projet commencé par Alain Daniélou en 1936 avec Maurice Martenot. En effet le Semantic Danielou, cet instrument micro-tonal intéresse plusieurs compositeurs qui préparent des compositions à son intention. La première est déjà réalisée ; il s’agit d’ « Ahata- Anahata », oeuvre d’Igor Wakhévitch dont on trouvera des extraits sur notre site qui subit une refonte complète.

La deuxième composition en cours est l’oeuvre de Jacques Dudon qui la présentera en concert à l’automne prochain.
L’instrument partira alors pour Naples où le compositeur Luigi Esposito préparera une troisième oeuvre. Une nouvelle édition revisée du livre « Sémantique Musicale », la troisième depuis 1967, avec une nouvelle préface de Jacques Dudon sera aussi disponible très prochainement aux Editions Hermann.

A la soutenance de thèse de Madame Anne Prunet à l’Université de Paris VIII sous le titre « Victor Segalen, Michel Leiris, Alain Daniélou, Nicolas Bouvier, poétiques du voyage. » j’ai été surpris de la concordance de points de vue des membres du jury qui ont fait remarqué à celle-ci que la partie de son travail la plus aboutie et qui les avait le plus intéressés était celle concernant Alain Daniélou.

A signaler car réalisés avant notre lettre du Solstice d’été le concert de Dhrupad au Bodemuseum de Berlin par les Frères Gundecha et Amelia Cuni le 9 Juin et la présentation à l’Université « La Sapienza » de Rome le 2 Avril du livre « Il Tamburo di Shiva », traduction de « la Musique de l’Inde du Nord » publié par Casadeilibri de Padoue. Un spectacle de Bharata Natyam est aussi programmé à Padoue par Anusha Subramaniam (1) le 30 Juin.

Bon Equinoxe de Printemps
JC.


ACTUALITÉS

Commémoration du Centième anniversaire d’Alain Daniélou en 2007
Projets

Avril 2007 : – Présentation le lundi 2 avril 2007 à l’Université de Rome « La Sapienza » de l‘ouvrage « Il Tamburo di Shiva », Editions Casadeilibri, Padova. Avec l’intervention de Lorenzo Casadei, Jacques Cloarec et Giorgio Milanetti.

Juin 2007 : – Nouvelle édition de l’ouvrage « Sémantique Musicale » aux éditions Hermann, Paris.

– Bodemuseum de Berlin le 9 Juin : concert de Dhrupad par les frères Gundecha et Amelia Cuni avec la participation d’éventuels invités (dont Peter Pannke qui récitera ses textes).

– Spectacle de Bharatanatyam à Padoue (Anusha Subramaniam + 3 musiciens ), hommage à Daniélou, le 30 Juin 2007, dans le cadre du Portello River Festival.

Juillet 2007 : – Publication du « Chemin du Labyrinthe » en Espagnol, éditions Kairos, Barcelone.

Septembre 2007 : – Publication de « Images de la vie musicale en Inde de 1935-1955» Editions Michel de Maule, Paris.

– Samedi 22 Septembre Concert au Thoronet avec l’ensemble de Jacques Dudon avec le Semantic Danielou, Santour et Sitar.

– Samedi 29 Septembre au soir, même concert au Palais Rospigliosi de Zagarolo et éventuellement à Roma le Dimanche 30.

Octobre 2007 : – Publication du « Tour du monde en 1936 » avec dessins et photos Éditions du Rocher.

– Le 06 ou 07 octobre 2007, Concert à Paris ou Vitry-sur-Seine avec l’ensemble de Jacques Dudon avec le Semantic Danielou, Santour et Sitar.

– L’exposition « Lumières de l’Inde » se tiendra au Hainaut dans le cadre de la manifestation « La Fureur de lire » dans toute la Belgique.

– A l’occasion de la tribune Inde/Espagne présentation du « Chemin du Labyrinthe » en Espagnol le 16 octobre et exposition des photos tirées de l’ouvrage « Images de la vie musicale en Inde de 1935-1955 » du 16 Octobre au 16 Novembre, le tout à la Maison de l’Inde de Valladolid

– Concert des élèves du Centre de la Fondation Cini à Venise le 25 Octobre 2007.

– Nouvelle édition du Chemin du Labyrinthe aux Editions du Rocher, Paris.

Novembre 2007 : – Séminaire en Inde sur le Thème : Les Européens en Inde dans le cadre de la redécouverte de la culture indienne au 20ème siècle.

– Expos, concert Tagore concert Semantic Daniélou à Berlin en Novembre au Dahlem Museum.

– Exposition et concert de Francesca Cassio (Dhrupad) au Conservatoire de Vicenza.

Projets de publication prochaine : – « Mythes et Dieux de l’Inde, Le Polythéisme Hindou »,en espagnol, Ediciones Atalanta, Girona, Espagne. – « Shiva et Dionysos » en Japonais, Editions Kodansha, Tokyo. – « Le Chemin du labyrinthe » et « Les quatre sens de la vie », en Hindi, Editions Yatra Books, New Dehli, Inde. – « Histoire de l’Inde » et « Mythes et Dieux de l’Inde, Le Polythéisme Hindou », en portugais, Editions Madras Editora, Sâo Paulo, Brésil. – « Manimékhalaï », aux Editions Kaïlash, Paris Pondichéry.

Les Cahiers du Mleccha – Vol IV.
Approche de l’hindouismeRéimpression en cours dans la collection : Les Cahiers du Mleccha, du volume :
Approche de l’hindouisme, éditions Kaïlash, Paris-Pondichéry.

Cette Approche de l’hindouisme rassemble des précisions qu’il était important de rappeler aujourd’hui sur la tolérance et l’incroyable richesse de l’hindouisme traditionnel où, « dès l’origine, des lettrés, des philosophes, des savants se sont penchés sans préjugés sur l’énigme de l’univers et de l’homme, ont cherché à comprendre, à savoir, non point à croire et à prêcher ». Dans l’hindouisme tel que l’approche Daniélou à travers ses arts, ses sciences, ses yogas, ses conceptions de la mort, de l’amour, de la vie sociale ou des drogues, la coexistence des contraires est toujours « ce en quoi réside le divin ».

Ainsi s’explique que l’Occidental voyageant en Inde reste si rarement insensible au rapport à la fois simple et détendu, révérant et courtois, que les Hindous entretiennent avec les dieux, les fleurs, les parfums, les animaux décorés dans les temples, la musique, la beauté des rites, des statues et des cérémonies. Ce qui frappe, c’est qu’il ne semble pas s’agir d’un phénomène de « croyance », avec ce que cette notion comporte de volontarisme sentimental, d’aveuglement de l’esprit critique, mais d’un état de sympathie spontanée, cosmique, d’un bain heureux dans une harmonie naturelle que nous avons perdu…

 

CONCERT

Berlin le 9 Juin
Concert de Dhrupad par les frères Gundecha et Amelia Cuni au Bodemuseum

A propos du Dhrupad
Quand Alain Daniélou revient de l’Inde en Europe en 1958 il est totalement stupéfait de l’ignorance des Occidentaux en matière de musique des pays d’Asie. Dans les bacs des disquaires une berceuse sicilienne, des binious bretons côtoient l’orchestre impérial de la Cour du Japon et les interprètes des musiques savantes indiennes chinoises ou iranienne sous le terme de « Folkore ». Rien ne semble encore avoir changé depuis que Berlioz écrivait :
Je conclus pour finir que les Chinois et les Indiens auraient une musique semblable à la nôtre s’ils en avaient une ; mais ils sont encore à cet égard plongés dans les ténèbres les plus profondes de la barbarie et dans une ignorance enfantine où se décèlent à peine quelques vagues et impuissants instincts, que, de plus, les Orientaux appellent musique ce que nous nommons charivari, et que pour eux, comme pour les sorcières de Macbeth, l’horrible est le beau. »

Alain Daniélou s’insurge aussi contre les méthodes des études ethnomusicolgiques et les Instituts chargés de les promouvoir. Étudier les musiques de l’Orient à partir de conceptions occidentales et dans un système occidental lui semble une totale aberration. Lui-même pianiste, chanteur de lieder mais aussi jouant de la Vina indienne est particulièrement apte à faire changer les mentalités. Et il y parviendra, modifiant particulièrement les approches ethnomusicologiques.

Il se lance donc avec sa fougue habituelle dans une tâche de réévaluation, promotion, diffusion, conservation et développement des musiques d’art de l’Orient et particulièrement des grandes traditions japonaise, chinoise, indonésienne, indienne et arabo-persane.

Il trouve immédiatement des appuis enthousiastes dans la toute jeune Unesco qui vient de se créer et qui lui demande dès le début des années 60 de réaliser la grande collection de disques de ces musiques, « Musical Anthology of the Orient » collection publiée dès 1962 par Bärenreiter/Musicaphon de Kassel et actuellement reprise en CD par l’Unesco.

Un autre appui essentiel viendra d’un des acteurs principaux de la vie musicale internationale au siècle dernier à savoir le compositeur russe Nicolas Nabokov, grand ami de Stravinsky, Balanchine etc …et conseiller du Sénat de Berlin pour les affaires culturelles ainsi que directeur des Berliner Festwochen. Nabokov qui est ami de Daniélou depuis les années folles à Paris et qui l’a revu durant son séjour indien, obtient de la Fondation Ford américaine d’importants subsides pour créer à Berlin West en pleine guerre froide, l’Internationales Institut fûr vergleichende Music Wissenschaft and Documentation dont Daniélou devient le directeur/créateur en 1963.

L’objectif politique est évident : l’Occident veut créer dans l’enclave que représente Berlin West au milieu du monde soumis à l’URSS une ville vivante, avec un pôle d’attraction culturel et artistique.
Daniélou profite de cette situation et son oeuvre est immense pour les buts qu’il s’est fixé précisés ci-dessus. Parmi ses premières actions à Berlin on relève la continuation des collections de disques de l’Unesco et la venue de groupes de musiciens classiques des pays de l’Orient dont le premier sera les chanteurs de Dhrupad Mohinuddin et Aminuddin Dagar qui feront une grande tournée européenne et se produiront en 1964 au château de Charlonttenburg dans le cadre du festival de musique de Berlin.
Ce fut pourtant avec difficultés que Daniélou obtint des autorités indiennes la possibilité de faire venir ce groupe de chanteurs car ils représentaient une tradition de chant particulièrement difficile et austère en complète abandon en Inde. La tournée fut un immense succès et non seulement elle permit au public occidental la découverte d’une forme de musique classique complètement inconnue au plus haut niveau de qualité mais cette tournée redonna de l’intérêt en Inde même où cette forme de chant qui allait disparaître repris une vigueur soudaine. Actuellement plusieurs groupes de chanteurs de Dhrupad ont relevé le flambeau, il y a chaque année à Varanasi un festival de cet unique forme de chant et des chanteuses occidentales comme Amelia Cuni qui vit à Berlin et Francesca Cassio en Italie donnent aussi des concerts de cette subtile forme de chant.
Le travail de Daniélou ne s’est pas arrêté là jusqu’à son départ de l’Institut en 1979. Grâce aux nombreux groupes invités, aux concerts et mini festivals réalisés à Berlin, l’Institut a créé dans la ville un intérêt et des connaisseurs de ces musiques qui faisait d’elle une des premières en Occident à revaloriser ces traditions savantes.
L’oeuvre musicale de Daniélou est unanimement reconnue elle lui valut de nombreuses reconnaissances dans de nombreux pays comme l’aide de personnalités prestigieuses comme Yehudi Menuhin, membre du Conseil Scientifique de l’Institut.

Sur demande d’André Malraux Charles de Gaulle le nomme Chevalier de la Légion d’Honneur et sur demande de Jack Lang François Mitterand l’élève au grade d’Officier. Il est aussi Officier de l’Ordre National du Mérite et Commandeur des Arts et des Lettres. Il a reçu en 1981 le prix Unesco/CIM de la musique, en 1987 la médaille « Kathmandu » de l’Unesco, il était membre d’honneur du Conseil International de la Musique, Président d’honneur des Instituts de Musique de Berlin et Venise, il a été promu « Personnalités de l’Année » en 1989. En 1991 il a reçu le prix Cervo pour la Musique nouvelle et est nommé membre de l’Académie Nationale Indienne de Musique et de Danse. En 1992 le Sénat de Berlin l’avait nommé Professeur Emeritus.

Pour les trois séries de disques publiées pour l’Unesco Alain Daniélou a aussi reçu de nombreuses reconnaissances dont plusieurs grands prix du disque.
Depuis son intervention la musique des pays d’Orient a repris la place qui lui revenait dans la culture et la vie musicale du monde. Il n’est plus question de considérer Ravi Shankar comme un musicien folklorique, le Gagaku comme une danse populaire. Et sous son impulsion partout dans le monde occidental fleurissent des festivals qui présentent tous ces groupes de musiciens et de danseurs qui attirent un public de plus en plus nombreux.

Le concert des Dagar au château de Charlottenburg en 1964 reste certainement le premier pas de cette grande aventure et l’idée d’en organiser un autre en commémoration des 100 ans de la naissance d’Alain Daniélou est un grand hommage à cet artiste visionnaire. Le Musée de Dahlem et M. Lars Christian Koch, Werner Durand et Amelia Cuni, Peter Pannke, fidèles et constants soutiens de l’oeuvre de Daniélou doivent particulièrement être remercier pour cette superbe initiative.

Jacques Cloarec, Le Labyrinthe, le 7 Mars 2007

MUSIQUE

« AHATA – ANAHATA » (L’AUDIBLE ET L’INAUDIBLE)
Mystère – Cérémonial Shvaïte en cinq évocations magiques et sept seuils pour « Sémantic Daniélou ».
Instrument Electronique microtonal conçu par Alain Daniélou.
Musique composée et exécutée par Igor Wakhevitch.

Enregistré et mixé par le compositeur sur la station audionumérique « I.S.I.S » (Genève, Suisse, Hiverprintemps 2006). « AHATA – ANAHATA »L’ Amant, en tant que l’Autre :« Atma Swara » (1’53) – Le Mystère de l’épreuve de la solitude du Monde (6’25) – Le Mystère de la danse joyeuse du dieu (6’28) – Le Mystère de la Descente de l’Esprit de la Forêt (5’58) – Le Mystère-Rituel de l’Appel à l’Accouplement (4’33) – Le Mystère de la Grande Opération Occulte pour la Manifestation du Dieu Védique (Mitra-Varuna) (8’14) – Le Mystère de l’Eternel Anneau d’Or (8’10) – Le Mystère de la Présence de l’Arche Sainte (2’34)

Igor Wakhevitch a composé de nombreuses oeuvres, dont plusieurs furent créées à l’Opéra National de Paris, et autres scènes prestigieuses, tels que le Théâtre de la Fenice à Venise, le Festival d’Avignon, le Festival de Shiraz-Persepolis (Iran), le Festival d’Israël, le National Center of Performing Arts, en Inde, travaillant – entre autres – avec la grande chorégraphe américano-finlandaise Carolyn Carlson ou l’israélienne Rina Schenfeld ; ou encore, avec Jean-Michel Jarre, signant tous les deux une partition commune pour orchestre symphonique et bande magnétique ; il est également le compositeur d’ « Etre Dieu », l’opéra-poème en six parties de Salvador Dali, avec Dali en personne comme interprète principal, etc… sans compter une discographie importante.
Développé sur une idée d’Alain Daniélou et à sa demande, accordé conformément à sa théorie, le Sémantic Daniélou est un instrument de musique électronique conçu par Christian Braut, Michel Geiss et Philippe Monsire.

EN LIBRAIRIE

La musique de l’Inde du Nord en italien: – IL TAMBURO DI SHIVA
Edition italienne de la Musique de l’Inde du Nord aux Editions Casadeilibri, Padova, février 2007.

IL TAMBURO DI SHIVA

EXPOSITION

Alain Daniélou « Dessin du Tour du Monde » Vers l’ouest,U.S.A, 1936.Alain Daniélou
« Dessin du Tour du Monde »
Vers l’ouest,U.S.A, 1936.

Grande exposition et vente de cette série de 103 dessins en 2007.

EXTRAITS

Sänger Müssen Zweimal Sterben, Eine Reise ins unerhörte Indien
(Les Chanteurs doivent mourir deux fois, Parcours dans l’Inde inouïe)

Editions Malik Verlag 2006.

Bénarès, Hiver 1973

Les Chanteurs doivent mourir deux fois, Parcours dans l’Inde inouïeDans la cabane posée sous un énorme banyan, à l’embranchement vers Assi Ghat, un jeune homme mince aux cheveux bouclés, vêtu simplement d’un T-Shirt et d’un lungi, servait le thé. La flamme qui brûlait sous une petite théière avait noirci de fumée le cadre et le verre protégeant la photographie. Dans la pénombre, les contours du visage sous la plaque s’estompaient. Mais je savais que j’avais déjà vu ce visage quelque part. Lorsque je demandai à Tschai Baba qui était l’homme sur la photo, il fit un signe de tête en direction du Ghat. « Shiva Sharan! », grincèrent ses cordes vocales desséchées par la consommation d’innombrables chillums. « C’est comme ça que nous l’appelions. En Europe il s’appelait Alain Daniélou. Mais chez nous il prit le nom de « Shiva Sharan », qui veut dire « Protégé de Shiva ». Il habitait Rewa Kothi, au bord du fleuve, avec Raymond Burnier, le photographe. Good man! Il a acheté une maison pour son serviteur lorsqu’il est retourné en Europe! » Rewa Khoti était une des demeures les plus remarquables du quartier, une bâtisse imposante de plusieurs étages qui, flanquée de deux tours rondes, se dressait comme une forteresse au dessus du Ghat. A l’origine, elle avait appartenu au Maharaja de Rewa. Elle avait changé de mains depuis longtemps, mais les premiers propriétaires étaient entrés dans la légende d’Assi Ghat.
Le nom d’Alain Daniélou m’était apparu pour la première fois sur le disque qui m’avait attiré en Inde. Quiconque marquait de l’intérêt pour la musique indienne connaissait Daniélou. Il était le premier Européen non seulement à s’y être intéressé sur le plan théorique, mais encore à avoir appris à en jouer. Il était très controversé parmi les ethnomusicologues. Et certains le détestaient carrément. Il avait publié quelques uns des principaux ouvrages sur la musique indienne, mais son intérêt allait beaucoup plus loin que la musique. Il était un des derniers représentants de cette race entre-temps disparue qu’était l’Uomo Universale. Rewa Kothi, où il vécut quinze ans, devint un point de rencontres pour les artistes et les intellectuels, les érudits, les politiciens. Eleanor Roosewelt y comptait parmi les visiteurs tout comme le photographe Cecil Beaton et le cinéaste Jean Renoir.
Il est possible que la jalousie ait aussi joué un rôle dans les oppositions que Daniélou rencontra : son compagnon Raymond Burnier était un des héritiers du groupe suisse Nestlé.

Daniélou avait pu se permettre de vivre en Inde sans contraintes matérielles pendant des dizaines d’années et ainsi se consacrer à ses études sans avoir à rendre de comptes à une quelconque université. Il avait constamment refusé d’occuper une chaire de professeur et aussi de se soumettre au système académique occidental. Il était arrivé à la conclusion que la musique indienne était l’égale de la musique occidentale et que, tout comme celle-ci, elle devait être prise en compte sur la base de ses critères propres. Il trouvait méprisant) et fallacieux de considérer Shastriya Sangit – la musique indienne qui repose sur les Ecritures, les Shastras – d’un point de vue ethnologique. Seul celui qui se soumettait à la tradition du pays pouvait comprendre la musicologie indienne. Et c’est ce qu’il avait fait.
Il était extrêmement travailleur. Il avait appris à jouer de la Vina, avait traduit des textes, rassemblé un nombre incroyable de manuscrits et publié de nombreux livres, non seulement sur la musique, mais aussi sur un grand nombre de sujets divers allant du symbolisme du phallus jusqu’à la comparaison entre les cultes de Dionysos et de Shiva.
Il détestait Nehru : il le considérait comme un produit de la pensée occidentale et qui tenait ses connaissances sur la spiritualité indienne d’ouvrages écrits en langue anglaise. Et il le rendait responsable, ainsi que Gandhi, de la division sanglante de l’Inde. En 1958, alors que l’Inde, après son indépendance, s’engageait dans une direction qu’il n’approuvait pas, il quitta définitivement le pays.
Il voyait le signe que l’ancienne culture indienne, celle qu’il avait connue, était sur le point de disparaître, tout comme les cultures musicales traditionnelles du monde entier. Avec l’aide de l’Unesco, de la fondation Ford et du Sénat de Berlin, il fonda un Institut qui se donna pour mission de faire venir en Europe des musiciens de cultures diverses et de faire connaître leur musique. Pour Daniélou, l’Inde représentait le plus haut degré de ces cultures. Sur son premier disque, il publia des récitations de textes védiques qu’il avait enregistrées à Bénarès. Sur le deuxième on pouvait entendre les voix des chanteurs de Dhrupad, que j’avais suivis jusqu’en Inde.

Zagarolo, automne 1992

Il fallut vingt ans pour que je revoie enfin le visage que j’avais entrevu sur la photo enfumée dans le « salon de thé » d’Assi. Je rendis visite à Alain Daniélou dans sa villa enchantée sur le Colle Labirinto, une colline située au Sud de Rome qui avait autrefois servi de station aux pèlerins venant du Sud sur le chemin du Temple de la Fortune, dans l’actuelle Palestrina. Je voulais l’inviter à Berlin à un festival qui était censé renseigner sur le chemin de la musique indienne vers l’Occident. Il s’était retiré depuis longtemps de la vie publique, pourtant il accepta.
Nous étions assis sur la terrasse devant la maison et contemplions le parc en automne.

C’était un grand domaine, avec un petit bois et de vastes prairies qui venaient border la piscine bien tenue, entourée de travertin et de buissons de roses. Par-dessus son épaule, je pouvais voir sur la colline la vigne dont il tirait son propre vin. Le cuisinier en livrée –son pouce dépassant de son gant blanc troué – en servit avec beaucoup de grâce durant le déjeuner. Le vin avait des reflets dorés, la maison était jaune, le soleil éclairait les couleurs du jardin.
« Tu entends les oiseaux ? » me demanda-t-il. « Ils se sentent bien ici. Nous n’utilisons aucun engrais chimique, alors ils viennent particulièrement nombreux. Les serpents aussi. C’est un endroit privilégié. Tous ceux qui viennent ici se sentent bien. »
Il était assis en face de moi. Un vieux monsieur, ayant dépassé les 70 ans depuis longtemps. Il avait un visage mince avec des yeux bleus pétillants de malice, des cheveux gris clairsemés coiffés avec soin. En Inde, on dit que les oreilles révèlent le talent musical. Les siennes étaient très grandes avec des lobes tout en longueur. Au fond de ses yeux pointait une certaine ironie. Sur sa poitrine se balançait un petit phallus ailé en or. Son nez était long. J’avais l’impression d’être assis en face d’un spécimen d’oiseau en voie de disparition.
« Sais-tu ce que les textes sanskrits disent sur la géographie sacrée ? » me demanda-t-il. « Ils disent dans quels lieux on devrait vivre ou ne pas vivre. Bénarès est naturellement un lieu parfait ! Les gens disent qu’elle est en relation avec le monde souterrain et avec les étoiles. Dans les profondeurs de la terre, en dessous de la ville, coule un fleuve souterrain ; loin au dessus d’elle c’est la Voie Lactée. Ils se rejoignent à Bénarès dans le Gange, c’est pourquoi c’est un lieu idéal pour vivre ». Et il ajouta avec un petit rire malicieux : « Et pour mourir ».
Je lui demandai pourquoi il était allé à Bénarès.
« Je n’avais jamais eu l’intention d’aller là-bas », répondit-il. « Je ne faisais pas partie des gens qui rêvaient d’une Inde mystique. Je n’y étais pas du tout préparé. Ça a été un heureux hasard, je l’ai découverte sur place. »
Il avait grandi en Bretagne. C’était le fils d’un homme aux idées anticléricales qui avait été ministre dans plusieurs gouvernements, et d’une mère très catholique, qui avait fondé un ordre religieux. Elle avait été profondément contrariée en apprenant qu’Alain avait appris tout seul à jouer du piano. Son frère aîné était devenu cardinal (de l’Eglise catholique Romaine). Alain, le cadet, était l’enfant terrible de la famille. Trop fragile pour fréquenter une école publique, il fut éduqué par des précepteurs. Il se rendit à Paris, apprit la composition, se mit à la peinture, chanta des Lieder de Schubert et se produisit comme danseur classique. Il fit très vite la connaissance d’Igor Stravinsky, de Jean Cocteau, de Jean Marais et de Maurice Sachs. Avec le Suisse Raymond Burnier, il rencontra l’amour de sa vie. En 1932, ils partirent ensemble à la découverte du monde. Ils rendirent visite à Zahir Shah, fils du roi d’Afghanistan, avec qui Alain était lié d’amitié. Ils pénétrèrent sans autorisation au Kafiristan, jadis interdit aux étrangers, puis ils poursuivirent leur route vers l’Inde.

A l’Université à ciel ouvert de Shantiniketan, Daniélou fut invité par Rabindranath Tagore, prix Nobel de littérature, à prendre la direction du département de musique. Mais c’était à Bénarès qu’il voulait aller.
« J’ai commencé presque aussitôt mes études auprès d’un grand joueur de Vina », me dit-il. « J’ai étudié dès le début chez un maître vivant. C’est bien la seule façon d’apprendre la musique indienne ! », ajouta-t-il sur un ton emphatique.
En 1936, il s’installa avec Raymond Burnier à Rewa Kothi. Daniélou prenait presque tous les jours le bateau pour se rendre à la maison de Shivendranath Basu, un zamindar originaire du Bengale oriental, qui vivait retiré du monde et occupait son temps à jouer de la rudra-vina, l’instrument de Shiva, dont très peu de musiciens jouaient encore. Un instrument d’aspect très archaïque, mais parfait pour la méditation : deux calebasses vidées reliées par un tube de bambou, sur le bambou sont fixées les frettes Le joueur se trouve entre les deux calebasses, enveloppé par le son. C’est un instrument qui est essentiellement conçu pour le joueur lui-même, le son est dirigé vers le centre.
« Mon professeur », continua Daniélou, « ne jouait jamais en public. C’était un homme fortuné et il aurait trouvé indigne de voler leur travail aux musiciens professionnels. Il donnait des concerts privés pour ses amis, mais ne jouait jamais contre rémunération. C’était pour des raisons d’éthique qu’il refusait de donner des concerts ! »
Il rit. « Il avait raison ! C’est à la fois une question de caste et de bienséance). Pour moi il jouait tous les jours, un raga après l’autre. Je lui posais des questions, il me donnait des explications, je notais tout. Tout d’abord il avait hésité à me donner des cours. Finalement, il m’a donné une petite vina, mais il refusait que je joue devant lui. « Tu ne ferais que m’abîmer les oreilles », me disait-il, « Je ne pourrais pas le supporter. » Pourtant, après un certain temps, il commença à me louer. « Alain est mon meilleur élève », disait il. Mais seulement quand je n’étais pas là. »
« Lorsque je suis parti pour l’inde, je fus tout d’abord considéré comme un musicologue », continua-t-il. C’était quelque chose de totalement différent d’être soi-même musicien. Les ethnomusicologues de métier, engoncés dans leur mentalité européenne, désapprouvaient complètement. « Daniélou ? Il ne peut pas être musicologue, puisqu’il est musicien ! », disaient-ils. Jouer de la musique passait pour être totalement en contradiction avec une étude scientifique de la musique »
De ses doigts fins, le vieil homme sortit une cigarette de son étui et l’alluma. Il avait l’air fatigué, mais le souvenir de Bénarès le faisait revivre.
« En arrivant à Bénarès, je me suis retrouvé au centre d’une culture antique! » dit-il. «Et j’ai trouvé ça prodigieusement intéressant. Lorsqu’on veut être introduit dans une société, il faut tout d’abord en accepter les règles.

C’est une question d’éducation et de politesse. Si les gens savent que tu ne vas pas leur causer de surprises gênantes, que tu fais tes ablutions rituelles dans le Gange, que tu ne brises pas de tabou, que tu ne touches pas ce que tu n’as pas le droit de toucher, que tu ne fais pas ce qui pourrait passer pour inconvenant – alors il n’y a pas de problème ! Le problème avec la plupart des Européens, c’est qu’ils ne sont pas disposés à se défaire de leurs habitudes et de leurs préjugés; donc ils froissent constamment les autochtones. S’ils sont absolument sûrs que tu peux te conduire comme un être civilisé, il n’y a aucun problème! Mais pour cela il faut tout d’abord que tu mettes de côté tes idées sur ce qui est bien ou mal, propre ou sale, moral ou immoral. » Il sourit, mi ironique, mi triste.
« Je n’ai jamais connu une conception de la vie plus mûrement réfléchie que la conception indienne. La conception traditionnelle, naturellement.» Il leva les mains en signe de protestation. « Je suis absolument allergique à l’Inde moderne ! » Il fronça les sourcils. « Cet horrible sentimentalisme religieux et moral, ça n’existait pas dans l’Inde ancienne. » Il secoua la tête.
« Selon la conception hindoue, l’unique raison d’être de l’existence réside dans une appréciation de l’oeuvre du Créateur. Quelque chose que personne ne voit n’existe pas. La Création n’existerait pas, si personne n’était là pour la voir, l’apprécier et essayer de la comprendre : c’est cela, la seule religion. »
Je lui racontai qu’au début des années soixante-dix j’avais suivi ses traces à Assi Ghat. Les quelques Occidentaux qui étudiaient la musique à Bénarès étaient devenus une grande foule internationale depuis qu’il avait quitté Assi Ghat. La plupart d’entre eux étaient des Américains : les universités américaines fournissaient généreusement des bourses à leurs étudiants. Suivirent des Anglais, des Français, des Italiens, des Israéliens, quelques rares Allemands. Aucun des étudiants allemands en musique ne bénéficiait d’une bourse et en Allemagne, le professeur dont j’avais fait la connaissance veillait à ce qu’il ne vienne à aucun jeune ethnomusicologue l’idée de toucher un sitar ou un tabla, que ce soit à Assi Ghat ou ailleurs.
« Ces gens-là ont une mentalité d’esclaves », commenta-t-il. « Ils se vendent. Ils vendent leur corps et leur travail à des organisations auxquelles ils ne s’intéressent pas, uniquement dans le but d’obtenir une retraite pour leurs vieux jours. » Il eut à nouveau son sourire mi-ironique, mi-désenchanté. « Quelle triste vision ils ont de la vie ! »
Il se tut un instant, sortit une autre cigarette de son étui et l’alluma. « I’ve never been serious », dit-t-il pour terminer. Je crois que c’est un avantage de n’être pas pris trop au sérieux par l’establishment. De rester en dehors et ainsi de rester libre. »
« Je croyais que tu voulais te promener dans le parc ? », dit-il encore, mettant un terme à notre entretien. « Les pommes sont mûres. Les fruits qu’on cueille soi-même sur l’arbre ont toujours meilleur goût que ceux qu’on vous sert sur un plat ! »

Traduit de l’Allemand par Claude Franco, Berlin Février 2007

CLIN D’OEIL

Profitons de la sortie imminente de l’édition espagnole du Chemin du Labyrinthe, aux éditions Kairos de Barcelone pour faire un clin d’oeil à Pierre Gaxotte qui, à la sortie de la publication française, avait écrit cette chronique pour le journal Le Figaro.

« Le Labyrinthe :

La colline du Labyrinthe est siuée entre Rome et Palestrina. C’est là, dans une maison de paysans agrandie et modernisée, qu’habite aujourd’hui Alain Daniélou, l’homme de France qui connaît le mieux les Indes. Fils de ministre, frère du cardinal, il a fait une partie de ses études en Amérique et c’est au retour d’un de ses séjours qu’il fit, dans notre midi, la connaissance de Raymond Burnier, un jeune suisse fort riche qui devait être le compagnon de sa vie et de ses voyages.

Alain Daniélou en effet a parcouru tout le monde ou presque. Il a rencontré toutes les célébrités, il est devenu l’ami de quelques-unes. Pour commencer, accompagné de Raymond, le voici en Afrique du Nord, au moyen-Orient, en Chine et au japon. C’est aux Indes qu’il trouve une seconde patrie. Tagore lui offre de diriger son école de musique, Alain refuse, apprend l’hindi qu’il écrit et parle comme sa langue maternelle, il apprend aussi le sanscrit selon les méthodes traditionnelles.

Pour se loger, les deux amis trouvèrent à Bénarès, au bord du Gange, un très beau palais qui appartenait au maharadjah de Rewa, petit Etat de l’Inde centrale. Il leur en coûtait environ cent dollars par mois. Ils y demeurèrent quinze ans, entouré de toute sorte de bêtes, dont un python qui mordit Raymond près de l’oeil, un perroquet blanc qui annonçait les tremblements de terre, des martres qui auraient été insupportables si un petit singe ne s’était chargé de leur discipline, distribuant généreusement les claques, enfin une petite biche nourrie au biberon dont un loup voulut s’emparer. Alain la délivra en tirant par la queue ce loup qui fut si humilié qu’il s’en alla pour toujours.

Un des agréments de ce livre est la manière simple, alerte, dont il est écrit. M Daniélou trouve le pittoresque sans le chercher. Les portraits sont d’une finesse et d’une pénétration bien rares. Les musiciens tiennent une place importante, parce que Daniélou enregistrait inlassablement pour le phono, et constituait une sorte d’encyclopédie de la musique asiatique, tandis que Raymond, qui avait fait venir une roulotte automobile des Etats-Unis, visitait les temples les plus ignorés et en photographiait les sculptures, collection précieuse qui n’avait jamais été faite et qu’une exposition à la librairie Bérès a fait connaître à Paris alors qu’elle se constituait.

Entre temps, les deux amis se sont convertis au boudhisme.
La cérémonie s’est faite selon les rites les plus minutieux. Raymond finit par se marier. Il épousa la fille du président de la société théosophique de Madras, nommée Radha, danseuse et actrice que l’on a vue dans un film de Renoir, Le Fleuve. Le mariage ne tint pas longtemps. Raymond mourut subitement, peutêtre empoisonné.

Les portraits abondent dans cette autobiographie, commerçants, artisans, domestiques, hommes politiques. Ce sont ceux-là qui ont été traités en grands hommes par nos journaux. Il faut déchanter : Gandhi, écrit Alain, m’inspirait une véritable répulsion… Ce petit homme maigre, puritain, « menait une vie fort luxueuse, voyageant dans un wagon de troisième classe que l’on avait transformé pour lui ; il y vivait entouré d’une cour de jeunes filles chargées tour à tour de lui masser les jambes. Il avait fait à Londres ses études juridiques, comme Nehru et ne connaissait pas grand chose au monde hiérarchisé des Hindous. Ce sont donc trois avocats anglicisés que les hommes de Londres chargèrent de l’indépendance et de la partition de l’Inde : Gandhi, Nehru, Jinnah, le leader musulman. Tout commença par des massacres.

M. Daniélou, rentré en Europe, est à l’âge des souvenirs. Nous avons beaucoup à apprendre de lui. »

Pierre Gaxotte, le Figaro, janvier 1982.

THÈSE

– Le Jury de la thèse « Victor Segalen, Michel Leiris, Alain Daniélou, Nicolas Bouvier, poétiques du voyage », que Madame Anne Prunet a soutenu à l’Université de Paris VIII, lui a conféré le titre de Docteur es lettres avec mention très honorable.

Le jury était composé de :
Mme Jakubec, spécialiste de Bouvier, présidente du jury, professeur honoraire de littérature romande à la Faculté des lettres de l’université de Lausanne.
M. Doumet, directeur de thèse, professeur de littérature française à l’université de Paris VIII, directeur de recherche sur la pluralité esthétique.
Mme Dollé, spécialiste de Segalen, professeur de littérature française du XXème siècle à l’université de Picardie.
M. Milanetti, professeur de Langue et de littérature Hindi à l’Université de Rome « La Sapienza », Directeur du Département d’Etudes Orientales. Seul membre du jury de langue étrangère, il connaît parfaitement bien l’oeuvre d’Alain Daniélou qu’il considère essentielle pour la connaissance du monde hindou.

M. Marmande, spécialiste de Leiris, professeur de littérature française à l’université de Paris VII Jussieu, directeur de l’équipe de recherche Littérature au présent.

Les membres du Jury ont été unanimes à reconnaître que la partie la plus intéressante et originale de cette thèse était celle consacrée à Alain Daniélou. A l’exception du Professeur Milanetti les membres du Jury connaissaient bien entendu Alain Daniélou, mais pas son oeuvre, et considéraient que ce travail ouvrait une porte à cet auteur peu introduit et peu connu dans le monde universitaire français.

Inde- France (1870-1962) : Enjeux Culturels
Institut Français de Pondichéry – Centre de Sciences Humaines

Collection Sciences Sociales n°12 par Samuel Berthet :

Inde- France (1870-1962) : Enjeux CulturelsLa nation qui possède l’Inde est la plus puissante du monde affirmait Napoléon. Dès la fin du 18ème siècle, la culture indienne ouvrait les portes d’un nouvel humanisme français, notamment avec Anquetil- Duperron. Au début du siècle suivant, les élites du sous-continent dominé par les britanniques, commencent à voir dans la culture française un vecteur décisif de la culture moderne. A partir des années 1870, les tentatives des autorités britanniques pour juguler l’émancipation des élites indiennes ne vont qu’accroître l’intérêt de ces dernières pour la langue et la culture françaises. Si l’émancipation de la tutelle coloniale britannique rapproche les élites indiennes de la France, pays promoteur de la culture révolutionnaire et berceau de la lingua franca des élites cosmopolites du 19ème siècle, la troisième République engage la nation entière dans l’aventure coloniale. Les dynamiques politiques, économiques mais aussi culturelles vont s’en trouver profondément affectées. Et la solidarité vis à vis de l’allié britannique va empêcher les dirigeants français de jouer ce rôle de partenaire souhaité par les futurs dirigeants indiens. Au moment de l’indépendance de l’Inde et dans les années qui vont suivre, la perception de la jeune nation et des enjeux des relations entre les deux pays resteront largement tributaires du projet colonial de la Troisième République et de ses développements.

Samuel Berthet, historien et chercheur, spécialiste de l’Inde contemporaine. Après une année d’étude à l’université de Delhi, et une année en tant que lecteur à Visva Bharati (Santiniketan), il présente sa thèse : La culture française en Inde de 1870-1962, présences et actions.

Dynamiques indiennes et politique française, à l’université de Nantes Atlantique, sous la direction du professeur Jacques Weber. Il est ensuite lecteur à l’université Jawaharlal Nehru, puis chercheur affilié au Centre des Sciences Humaines et coordinateur scientifique du projet européen Europe-India Maritime History.