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Lettre ouverte à Monsieur Eric Fotorino, Directeur du quotidien Le Monde

Monsieur le Directeur,

Au sujet de l’article concernant Alain Daniélou paru dans Le Monde du 9 Septembre 2010 et mettant en cause la Fondation Daniélou celle-ci se doit de corriger l’article que vous venez de publier.

Concernant Swami Karpatri l’article indique un « horrible contresens » qu’elle n’aurait pas corrigé ; C’est FAUX et très facilement contrôlable : la correction de cette confusion entre deux partis politiques de la droite indienne a été demandée par lettre recommandée à tous les éditeurs des livres d‘Alain Daniélou qui la contiennent. Non seulement mais notre lettre d’information N° 12 (2006) actuellement toujours sur notre site www.alaindanielou.org l’indique sans contestation (Annexe 1). D’autre part cet article montre une totale désinformation concernant Karpatri. En écrivant « l’un des sages les plus lumineux de l’hindouisme » il prouve qu’il ignore tout de ce personnage alors qu’un minimum de recherche aurait permis de donner des informations intéressantes.

Une regrettable confusion entre deux partis de la droite indienne qui prend quelques lignes dans « l’Histoire de l’Inde » (Fayard 1985), est le prétexte à un procès d’intention : Alain Daniélou est accusé d’avoir voulu salir celui pour qui il a toujours exprimé admiration et reconnaissance. Nous nous inscrivons totalement en faux contre cette assertion concernant Karpatri. Daniélou a toujours exprimé sa dévotion à ce penseur tant par ses écrits que dans les nombreux interviews dans lesquels il en parle. Sachant de l’activité politique de Karpatri Daniélou insiste sur le fait que ses rapports avec lui excluaient cet aspect politique et ne concernaient que les aspects philosophiques et religieux de l’hindouisme qui lui ont permis d’écrire un de ses livres les plus connus, traduit en plusieurs langues ; « Mythes et Dieux de l’Inde, le Polythéisme Hindou » dont la première version est parue à l’Université de Princeton.

On trouvera dans notre lettre d’information (N° 21) sur notre site des textes de Daniélou qui clarifient ses rapports avec Karpatri. Les buts de notre centre sont de publier tout ce que Daniélou a pu écrire afin que des critiques compétents et honnêtes puissent juger de sa pensée et de son oeuvre. Ainsi nous ne porterons aucun jugement sur Karpatri car ce n’est absolument pas notre rôle. Les accusations professées dans votre article demandent cependant une mise au point. Pourquoi chercher dans les textes de Daniélou des éléments qui n’y sont pas, quand, actuellement sur Internet, Google repère plus 5020 sites sous le nom de Karpatri et 326 sous « Karpatri untouchable ».

Sans aller plus loin que la première page de ces 326 sites voici ciaprès ce que l’on peut relever dans deux des premiers cités qui semblent sérieux et bien informés Si Karpatri est considéré comme un saint en particulier pour beaucoup de gens de Bénarès, il a été violemment attaqué pour ses positions orthodoxes extrêmement intransigeantes et ses oppositions aux lois du gouvernement indien dominé par Nehru et le parti du Congrès qui finirent par l’emprisonner. Ceci concernait en particulier son opposition farouche à l’entrée des intouchables dans les temples hindous. Nous relevons dans ces sites (textes complets en annexe 2) : “the most controversial orthodox ascetic of post-Independence India”/one section of Brahmans, led by Swami Karpatri, constructed another Vishvanâtha temple which was to remain ‘pure’(unpolluted by untouchables)/.the R.R.P. manifesto, a « handbook for Indian reactionaries and obscurantists/the anachronistic views of Karpatri, his ingenuous fanaticism,/His rigid conservatism was perhaps most evident in his attitude toward the socially oppressed. Ce qui est évident, était facile à contrôler dans les mémoires d’Alain Daniélou « Le Chemin du Labyrinthe » (Editions du Rocher réédition en 1993, page 380) est cette phrase :« Karpatri était très hostile aux idées du RSS (Rashtriya Svayam Sevak Sangh) qui préconisait des méthodes inspirées du fascisme dans sa lutte contre le Congrès et les idées modernistes ».

Ceci nous ramène à une autre invraisemblance dans cet article à savoir d’attribuer à Daniélou la définition de l’hindouisme comme un polythéisme alors qu’il serait un monothéisme Indologues, indianistes de grande renommée sont fort nombreux bien avant Daniélou, à avoir défini l’hindouisme un polythéisme.

Daniélou a écrit son premier livre concernant le Yoga en 1949. ; les derniers ont été publiés en 2006. Pendant 56 ans des personnes très éminentes, des spécialistes de l’Inde ont étudié ses textes. De grands nom de l’Indologie française comme Louis Renou, Jean Filliozat ou Jean Varenne l’ont soutenu. Il y a des centaines sinon un millier de critiques, bonnes et mauvaises, dans nos archives. Serait-il possible que tant de gens pendant tant de temps aient pu être bernés par un génial faussaire ? Nous nous joignons aux inconditionnels de Daniélou mais aussi aux personnalités, critiques impartiaux de son oeuvre, qui nous ont demandé de rectifier les erreurs de cet article.

Vous trouverez dans nos dernières lettres d’information n° 21 et n° 22 sur notre site d’autres éléments à ce propos.

Je vous prie, Monsieur le Directeur, d’accepter l’expression de mes salutations.

Pour le Centre d’Etudes Alain Daniélou, Jacques Cloarec, Fondé de pouvoir.

ANNEXE

ANNEXE 1 Alain Daniélou Actualités Newsletter/ Lettre d’informations n°12 Winter /Hiver 2006. https://www.alaindanielou.org actuellement toujours sur notre site indique :

A propos des écrits d’Alain Daniélou celui-ci a confondu dans deux de ses textes deux mouvements politiques différents. En effet dans « L’Histoire de l’Inde » publiée en 1971 par Fayard et dans l’autobiographie « le Chemin du Labyrinthe » publiée en 1981, deux livres régulièrement réimprimés et traduits depuis, il attribue au moine indien Swami Hariharanand Sarasvati, plus connu sous le nom de Karpatri, la fondation d’un mouvement politique le Jana Sangh alors qu’il avait fondé un mouvement appelé Ram Rajya Parishad, d’idéologie différente. Bien que les textes en question soient publiés depuis près d’un quart de siècle ce n’est que ces dernières années que cette confusion a été relevée et trouble certains milieux indiens qui en ont eu connaissance par l’édition anglaise récente du premier livre à savoir « A Brief History of India » (Inner Traditions International, Rochester, USA, 2003). Dès ceci découvert j’ai, bien entendu, demandé aux éditeurs concernés d’insérer un erratum dans les ouvrages en question ce qu’ils m’ont indiqué prévoir de faire dans les prochaines réimpressions. Cette correction sera aussi insérée dans la traduction espagnole à paraître dans quelques mois à Barcelone (Kairos Edition).