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Les Quatre Sens de la VieISBN : 2-268-01403-7

Les Quatre Sens de la vie, les structures sociales de l’Inde traditionnelle.
Les castes en Inde et l’art de vivre hindou.
Librairie académique Perrin, 1963 ; nouvelle édition modifiée, Éditions Buchet-Chastel, 1976, 1984 ;
Éditions du Rocher, 1992, 2000.

La réalisation de soi passe chez les Hindous par quatre chemins que tout homme doit emprunter à un moment donné de sa vie. Ces quatre sens sont l’acquisition de connaissances, la réalisation de soi sur le plan physique, la réalisation au plan matériel et enfin, le détachement. Cette réalisation au plan individuel ne peut être envisagée hors des structures sociales.

Dans une première partie, Daniélou expose le système des castes et ses origines. Lors de l’invasion des Aryens, il existait alors en Inde un peuple de religion et de philosophie shivaïte. Comment conserver une certaine stabilité entre les aryens et les populations déjà existantes ? Le système des castes permit d’éviter un mélange néfaste, de préserver la différence, d’établir une société organisée assurant à chacun un gagne pain, le droit de maintenir ses croyances, le droit d’avoir ses propres institutions sociales. Daniélou évoque ensuite la création d’une langue artificielle, idéale, parfaite, savante : la langue sanscrite, langue de personne et de tous, permettant de communiquer entre les différents groupes.
Dans le deuxième chapitre Daniélou expose les bases de l’ordre social : il explique tout d’abord comment l’histoire et le mouvement de l’univers sont conçus de manière cyclique. Deux interrogations sur la vision du monde sont à retenir de ce chapitre : l’univers n’est pas fait de matière continue, mais de rapports de force énergétiques, régis par deux forces – centrifuge et centripète, déterminant les mouvements des planètes, des astres et des atomes. Cette perception de l’univers, fondé sur la discontinuité et la géométrie non-euclidienne, rappelle la perception du monde exprimée par le courant postmoderne. Daniélou explique ensuite les différents cycles de l’humanité ; nous retiendrons le rôle des premiers êtres sur terre, pendant l’Âge d’Or, le Satya Yuga. Ces êtres appelés les « très voyants » avaient le pouvoir de déceler les vérités des lois qui régissent le monde et rappellent les druides des Celtes, auxquels on attribue également des pouvoirs de connaissance exceptionnels, et qui sont appelés également « voyants ».
Plus que dans toute œuvre encore, Les quatre sens de la vie sont un éloge du respect et de la diversité :

Un tel effort de nivellement, du point de vue hindou est l’expression d’une tendance au suicide de l’espèce, car l’intensité de la vie est basée sur l’amplitude de différences, et le nivellement est, dans tous les ordres des choses, le symbole de la mort. (1)

Cet ouvrage est aussi un excellent guide, qui nous propose des règles de vie et de conduite du point de vue hindou, mais qui rejoint aussi les préoccupations de l’homme occidental d’aujourd’hui.

Ce livre nous présente l’institution des castes et les conceptions souvent très modernes d’une société archaïque dont les structures, les modes de vie, les croyances et la morale ont pu survivre malgré les guerres, les invasions, les réformes et le progrès.
Bulletin du livre, juillet 1976.

(1) Alain Daniélou, Les quatre sens de la vie.

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