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l-erotisme-diviniseISBN : 2-268-04392-4

Éditions Buchet-Chastel, 1962 ; rééd. sous le titre : La Sculpture érotique hindoue, 1973
Nelle édition : L’Érotisme divinisé et le Temple hindou – réunion des deux ouvrages – Photographies : Raymond Burnier, Jacques Cloarec, préface : J.L. Gabin, Éditions du Rocher, 2002.

Si l’érotisme est l’une des voies que l’homme peut emprunter pour se rapprocher du divin, si le temple est la demeure des dieux, il n’y a rien d’étonnant à trouver nombre de sculptures érotiques sur les temples hindous. L’Erotisme divinisé reprend deux ouvrages des mêmes auteurs – Alain Daniélou, photos et texte et Raymond Burnier, photos – parus chez Buchet Chastel : L’Erotisme divinisé et Le Temple hindou, centre magique du monde. L’étude du temple et de ses structures, ainsi que celle de ses ornements, rejoint un certain nombre de questions sur l’origine du monde, les fonctions de l’homme sur terre, et les différences d’approche entre les religions monothéistes et les religions polythéistes et le shivaïsme en particulier, qui ont valu à ces dernières les foudres destructrices et meurtrières des premières, favorisées par la colonisation. Bien plus que le temps Kali, ce sont les hommes, missionnaires et puritains en tout genre qui sont les grands destructeurs de ses « pierres charnelles ». Témoignages de temps immémoriaux, ces monuments étaient pour certains abandonnés à la végétation et aux insectes qui avaient masqué et investi la demeure des dieux. Alain Daniélou et Raymond Burnier se firent les découvreurs de ces temples, assurant ainsi le lien entre le passé et le présent, les hommes et les dieux.
Les dimensions symboliques et cachées qui régissent la construction de l’édifice prennent une part importante dans cet ouvrage. Daniélou nous explique par exemple, comment certaines sculptures sont vouées à demeurer masquées, puisqu’elles sont situées à l’emplacement où viennent se greffer d’autres parties du temple. L’édification des temples est soumise à des règles mathématiques et symboliques très précises, ainsi qu’à des rites sacrificiels de nature diverses : céréalière, végétale, animale, humaine.

Le monde est un immense sacrifice. Aucun être ne peut exister sans détruire, sans dévorer d’autres êtres. La matière elle-même n’existe que par combustion. C’est en brûlant, en dévorant sa propre substance que le Soleil nous donne la lumière et la vie. (1)

Le sacrifice fait donc partie de la vie, puisqu’il en est le moteur même, la nécessité collective qui permet la réalisation de chacun selon quatre sens que Daniélou nous rappelle ici brièvement (2), et auxquels appartient l’érotisme.

Le rapport au corps est totalement différent dans l’hindouisme et dans les religions monothéistes. Symbole de la divinité, le corps mérite toute l’attention de l’individu, qui doit apprendre à en maîtriser les différents potentiels. Volupté et ascétisme sont en fait les deux faces d’un même phénomène : celui du détachement des biens matériels, mais qui n’interviennent pas au même âge de la vie, l’ascétisme ne pouvant être pratiqué qu’à la condition d’être initié aux plaisirs charnels. L’ascétisme prôné dans le monde hindou n’a donc rien à voir avec le puritanisme occidental, qui nie et condamne l’acte sexuel non procréateur.

C’est une extraordinaire harmonie entre les dieux, les pierres et les hommes, qu’illustrent les photographies de l’ouvrage.

Cette étude, d’une remarquable clarté, est aussi une introduction à l’esthétique indienne et même à l’esthétique tout court, puisqu’elle suscite chez l’auteur des réflexions générales quelque peu révolutionnaires, mais riches de substances.
Jacques Brosse, Nouvelles Littéraires, mars 1978.

(1) Alain Daniélou, L’érotisme divinisé, Le Rocher, 2002.
(2) Pour une explication plus détaillée des quatre sens de la vie, se référer à l’ouvrage éponyme, Les Quatre sens de la vie, du même auteur.

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