Open/Close Menu Alain Daniélou Site officiel
Traductions disponibles :

Le tour du monde en 1936 (Edition 2007)ISBN : 978-2-268-06383-6

Editions du Rocher, Paris, 2007.
Préface d’Anne Prunet, postface de Jacques Cloarec.
Version illustrée par 103 dessins d’Alain Daniélou esquissés durant son tour du monde.

1936 : Alain Daniélou et son compagnon suisse, le photographe Raymond Burnier, décident d’effectuer un tour du monde. Ce voyage à travers des pays, des cultures, des religions, des paysages dure plus d’une année et les mène de New York à Hollywood, d’Honolulu à Tokyo, des temples de Kyoto aux bas-fonds de la Chine, des tombeaux des Ming à l’Inde éblouissante, d’une visite chez Tagore à un séjour à Bénarès où la peste sévit.

L’historien Pierre Gaxotte leur demande un reportage de ce voyage qui constitue le texte du présent ouvrages. Ce document, retrouvé en 1980 et publié par Flammarion, ne sera pas sans étonner Alain daniélou ; lui-même y trouve des éxagérations et des critiques féroces qui pourront aussi surprendre le lecteur. La présente édition, publiée à l’occasion du centenaire de la naissance d’Alain Daniélou, s’enrichit des cent trois dessins qu’il réalisa au cours de ce voyage.

Éditions Flammarion, 1987.

«  – Pour le tour du monde, c’est combien ? » (1) question banale qui, accolée à la perspective d’entreprendre un voyage aussi improbable plonge plus d’un lecteur dans un monde de pure fiction. Pourtant, c’est bien un récit de son tour du monde en 1936 que nous conte Alain Daniélou, d’une écriture efficace et simple qui illustre l’esprit des deux voyageurs. Libres comme l’air, de leurs actes et de leurs pensées, les deux jeunes gens, Alain Daniélou et Raymond Burnier, traversent tour à tour les Etat-Unis, le Japon, la Chine et l’Inde avant de prendre le chemin du retour pour l’Europe.
Daniélou porte un regard tantôt sans complaisance, tantôt plein de respect et de fascination sur les êtres, les monuments, le paysage qu’il découvre. Ce tour du monde est un véritable « éloge du divers » (2), garant de l’expression de la richesse des savoirs de tous les peuples, qui n’ont d’égalité que dans la beauté. À ce titre, Daniélou se fera le défenseur des peuples colonisés, dont les plus puissants économiquement oppriment la langue et la culture. Ceci le conduit à brosser un tableau au vitriol des USA, comme des touristes ou colons européens en Asie.
L’attitude désinvolte et aristocratique des deux hommes leur fait prendre des points de vue parfois dédaigneux pour la ‘masse’, de quelque origine qu’elle soit, mais jamais injurieuse ni déplacée envers les habitants des pays qu’ils traversent. La profonde admiration dont Daniélou fait preuve pour l’Orient préfigure son installation future en Inde, où il passera plus de vingt ans. Sans parler de dimension prophétique, ce récit, écrit dans cette période trouble d’entre deux guerres, alors que la France dans sa quasi-totalité était favorable au maintien de ses colonies, met l’accent sur les faiblesses et les dysfonctionnements néfastes de l’Occident chrétien.
Avide de rencontres, de découvertes et de beauté, Daniélou ne rentrera en Europe que pour désirer poursuivre ses pérégrinations orientales :

Au fond, pour les étrangers que nous sommes devenus, cette vie occidentale semble hostile et superficielle ; et, quand le soleil se lève embrumé sur la verte forêt des avenues désertes, nous sentons un obscur désir de choses lointaines : quand repartons-nous ? (3)

Le Tour du monde en 1936 d’Alain Daniélou s’apparente à un journal de voyage débridé, où un art certain de la caricature se mèle à beaucoup d’intuition.
Le Monde, octobre 1987.

(1) Op. Cit, p21 : première réplique du récit.
(2) Pour reprendre une expression que l’on accole souvent à l’œuvre de Segalen.
(3) Op. Cit, p183, fin du récit.