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L’Inde traditionnelleISBN : 2-213-61437-

Alain Daniélou et Raymond Burnier, photographies 1935-1955, commentaires d’Alain Daniélou, préface de J.L. Gabin, Éditions Fayard, 2002.

C’est un voyage dans l’espace et dans le temps que nous propose cet album retraçant les
pérégrinations en Inde d’Alain Daniélou et de Raymond Burnier. Le temps est double ici, car nous sommes plongés dans l’Inde des années 30 à 50, mais surtout, les voyageurs nous invitent à remonter aux origines, celles de l’Inde, ou celles de l’humanité. L’œil des photographes porte une attention toute particulière aux témoignages des peuples les plus anciens : ceux de l’Himalaya, probablement réalisateurs des temples de Mohenjo Daro, que les Aryens ont repoussés sur ces hauts sommets, ou bien les Rajpouts au Rajpoutana, dont les valeurs étaient si prisées que certaines familles plus anciennes ont falsifié leur généalogie pour se réclamer de leur filiation.
En Inde, les époques ne s’effacent pas, mais se superposent, comme l’écrit Jean-Louis Gabin dans la préface ; c’est ce dont témoignent les photographies en noir et blanc, prises tantôt au Leica par Burnier, tantôt au Roleiflex par Daniélou et qui leur donne, peut-être, cette impression d’immanence et de plénitude. La danse, la musique, l’architecture, la sculpture, la beauté des corps sont présents dans cet ouvrage. Au fil des pages, on peut découvrir un temple, une courtisane, une maison en bois sculpté de l’Himalaya, un joueur de flûte, un Sadhou, ces moines errants de village en village, le corps nu grisé de cendres. Autant de domaines divers, mais qui, chacun à leur manière, sont une illustration de la beauté de ce monde que Daniélou et Burnier ont su capter.
Dans un entretien, Daniélou expliquait que la place de l’homme était de rendre compte de la beauté de ce monde, les hommes étant, en quelque sorte, des petits téléviseurs par lesquels les dieux peuvent jouir du monde qu’ils ont créé. A travers ce livre de photographies, les deux artistes se font l’œil des dieux, peut-être, mais aussi de tout lecteur de ce livre, et non seulement un œil qui voit, mais aussi qui sent, et qui écoute.

Une vision réaliste du pays et de sa culture, dépouillée de ses clichés misérabiliste ou mystique habituels […] Au cours de ces lumineuses photographies noir et blanc […] c’est un autre visage de l’Inde traditionnelle que l’on découvre.
Ouest France dimanche, décembre 2002.